Partant du principe que le super et l’hyper marché étaient le reflet de notre société, le collectif La Bande à Léon (BAL), en résidence au Théâtre de Brétigny – Scène Conventionnée arts et humanité, a récolté, dans la région de l’Essonne, les témoignages des managers, employés et clients de ces lieux de « corvée de courses ». Vhan Olsen, auteur nominé au prix SACD de la dramaturgie francophone, y a puisé la matière pour son texte, La mer de Poséidon en caddie. Une odyssée moderne, où humour et poésie se mêlent avec bonheur.
L’action démarre sur un bateau de pêche. En ce soir de belle lune, les filets sont vides. Ce qui va poser bien des soucis au directeur du Super M. Son étal de poissons est vide. Il va galvaniser ses troupes : « De vous à moi, nous sommes le souffle de l’économie nationale, le cœur battant de la grande consommation nationale. » La clientèle, si durement fidélisée, ne doit pas partir chez les concurrents. En conséquence, chef et employés vont déployer toute leur énergie pour que cette journée ne vire pas à la catastrophe.
Le travail scénographique est admirable. La mise en scène d’Audrey Bertrand est maline, dynamique et revigorante. Le traitement musical n’est pas triste. Maniant dérision, émotion avec précision, Robin Betchen, Sylvain Lablée, Marine Maluenda, Noé Pflieger et Antoine Quintard, se démultipliant, sont prodigieux. Le travail de la BAL dépasse le ton de la farce et, sous un trait d’esprit pertinent, nous fait réfléchir à nos comportements et nos habitudes de consommation. Cette ode épique faite au temple de la consommation se déguste avec gourmandise.
Marie-Céline Nivière
La mer de Poséidon en caddie de Vhan Olsen.
Les Déchargeurs
3, rue des Déchargeurs
75001 Paris.
Du 2 au 26 novembre 2022.
Du mercredi au samedi à 21h.
Durée 1h30.
Mise en scène d’Audrey Bertrand.
Avec Robin Betchen, Sylvain Lablée, Marine Maluenda, Noé Pflieger et Antoine Quintard,
Assistanat dramaturgique deDina El Guebali.
Création vidéo de Gaëtan Trovato.Scénographie d’Alix Mercier.Lumièresde Charly Lhuillier.Musique de Florent Collignon.
Crédit photo © Guillaume Millochau
