Au cœur de la célèbre école lyonnaise, studio Lerrant, le comédien et metteur en scène, co-fondateur du Munstrum Théâtre, transforme avec une malice toute débridée les élèves de la 83e promotion de l’Ensatt en divas déjantées et complétement désinhibées. Lâchant la bride à son imagination délirante peuplée de culture fantasmagorique et gay, Louis Arene, avec la complicité du chorégraphe Ricardo Moreno, imagine un cabaret de fin du monde, un univers où humour noir bonbon, folie douce, déprime sous acide et amours « trash » engourdissent les sens et réveillent la bête drôlement provocante qui dort au plus profond de nos entrailles.
La joie n’est plus. Les dictateurs de tout poil ont pris les commandes. Pour survivre, les créatures de la nuit, les divas de pacotilles, les chanteuses pop — le peu qui a survécu à l’épure de ces tristes sires aux chemises brunes — n’ont eu d’autre choix que de se glisser dans les entrailles de la terre, reconstruire un monde souterrain. Chaque soir, refusant de se laisser abattre, parées de leurs plus beaux atours clairement loqueteux, de leurs strass en perte d’éclat, de leurs perruques défraîchies, elles s’affrontent sur le dancefloor, chantent, dansent à en perdre le souffle. Acte de résistance ultime, de poésie éperdument triviale, elles se crêpent le chignon, écornent en français les tubes de la pop anglo-saxonne, s’amusent jusqu’à l’épuisement. Pour tout oublier de la violence du monde, en finir avec l’aliénation d’une nature humaine dévoyée, les divas, les marginaux, les exclus, les égarés, hurlent à tue-tête les mantras de Cindy Lauper, d’Amy Winehouse, de Lady Gaga, se perdent dans les méandres, les fêlures de leur cerveau ravagé et allument au cœur des ténèbres d’un avenir plus qu’incertain une toute petite lueur d’espoir.
Construit comme un cabaret où de petites saynètes décalées font le lien entre chaque numéro, Dirty Diva Apocalyptica est avant tout un exercice de style, une manière pour les artistes en herbe de se dépasser, d’aller sur des terrains moins balisés, d’accepter leur corps sexué et sexualisé. Et Louis Arene excelle à mener ses douze comédiennes et comédiens, mais aussi les scénographes, les costumiers, les techniciens sons, lumières, de la 83e promo, à faire voler leur dernière résistance. Il suffit de les observer, rire, sourire, se lâcher dans des danses lascives, se donner à mille pour cent, pour voir le plaisir indicible qu’ils ont à être du projet. Et ils ne sont pas les seuls. Quasiment tout l’Ensatt participe à cette délirante expérience. C’est drôle, subversif, décadent, dégénérescent et clairement transcendant. Alors certes, c’est loin d’être parfait, mais l’exercice est réussi haut la main. Artistes, spectateurs, formateurs et mécènes du Rotary club communient gaiement, joyeusement, entonnent avec une certaine délectation coupable quelques couplets de ces chansons reines des boîtes de nuit. La fête ne fait que commencer, n’hésitez pas à rejoindre cette folle équipée en route !
Olivier Frégaville-Gratian d’Amore – Envoyé spécial à Lyon
Dirty Diva Apocalyptica de Louis Arene
Ensatt
4 rue Soeur Bouvier
69322 Lyon
Jusqu’au 29 octobre 2021
Durée 1h30
Mise en scène de Louis Arene assisté d’Antoine De Toffoli
Assistanat à la dramaturgie et à l’écriture-: Pomme Ferron
Chorégraphie de Ricardo Moreno
Direction chant – Caroline Mutel
avec Mathilde Briet, Matthieu Calvie, Julie Cecchini, Lucas Cherubin, Vincent Dupuis, Elsa Fafin, Fiona Julien, Clara Maitrot, Marius Pinson-Burlot, Teresa Silveira Muchado, Samuel Roussel, Paulo Tangerino
Danse CCNR : Mio Fusho , Jade Sarette , Simon Hervé
Scénographie – Mathilde Coudière Kayadjanian, Adèle Hamelin, François Landureau, Elise Vasseur, Sasha Walter
Conception lumière – Michel Abdallah , Romane Lavigne, Calliste Lestra
Technique lumière – Ines Guillon, Mitzi Lowy, Joséphine Nogue
Conception Son Munstrum de Ludovic Enderlen
Technique Son – Gaëlle Courcier, Lolie Mortreux
Atelier costumes – Inès Catela, Emma Chapon, Apolline Coulon, Louise Daubas, Thelma Marco Di Bourgeon, Emma Euvrard, Ameline Fauvy, Inès Forgue, Aurore Guilleminot, Mathilde Hacker, Valentine Issanchou
Conception costumes – Canelle Charlanes , Tilla Boniaud, Léa Champin, Solène Legrand, Agnès Zins
Renfort technique – Mathis Arbez, Boris Ahiha, Virgil Baubichet Ian Bittel, Mallory Blin, Emma Chabaud, Ninon Clément, Bleuenn Colson, Sharleen Fort, Marie Louna Guis, Eva Richon, Martin Roucoules, Melen Richard Allouard, Isis Le Roux
Figuration – Mathilde Bailly, Mallory Blin, Maylis Calvet, Emma Chabaud, Camille Charlet, Clément Cordier, Mathilde Coudière Kayadjanian, Sharleen Fort, Nils Garrivier, Benjamin Gournay, Marie-Louna Guis, Adèle Hamelin, Maêlle Kenoui, François Landureau, Isis Le Roux, Tristan Legras, Sophie Marcoux, Ghil Meynard, Morgane Pegon, Kevin Perrot, Camiller Raad, Marie Stephan, Manon Surat, Quentin Varnat, Elise Vasseur, Théo Verdier, Jeanne Volfer, Isan Vos, Sasha Walter, Julie Wauthier
Régie Générale – Tom Cantrel, Julie Vareilles
Crédit photos © Jean-Louis Fernandez