Julien Rocha © Cédric Roulliat

Julien Rocha fait revivre Dewaere sur scène 

Aux Célestins, avant de partir en tournée, Julien Rocha présente son adaptation de Surexpositions (Patrick Dewaere) de Marion Aubert.

Julien Rocha © Cédric Roulliat

Aux Célestins, après avoir eu un beau succès cet été à Avignon, le metteur en scène, co-fondateur de la compagnie Le Souffleur de Verre, présente son adaptation de Surexpositions (Patrick Dewaere), pièce de Marion Aubert esquissant en creux l’histoire d’un homme toujours en mouvement, d’un artiste à fleur de peau. Rencontre. 

Qu’est-ce qui vous a donné envie de monter ce portrait théâtral de Patrick Dewaere ?

Julien Rocha :  Plusieurs choses. Le lien qu’on entretient dans la compagnie avec le travail d’acteur, notre histoire théâtrale sur l’auto-fiction (Des hommes qui tombent de Marion Aubert monté en 2017), nos recherches sur les frontières de jeu. L’excès, la retenue. Le masque, l’incarnation… Et le lien avec l’acteur incontournable Patrick Dewaere s’est fait au cours des années. On le citait souvent. Il faisait partie de notre inconscient collectif. Notre esthétique. Comme un exemple à observer plus qu’à suivre : les frontières qu’il a dépassées dans son jeu. Notre curiosité a donné naissance à des laboratoires depuis 2015. Et  de  ces laboratoires  est née la pièce… 
Et pour finir une citation du texte « dans toutes les familles, il y en a des suicidés » la phrase parle d’elle-même.

Comment fait-on vivre sur scène cette légende du cinéma ?
Surexpositions (Patrick Dewaere) de Marion Aubert Mise en scène de Julien Rocha © OFGDA

Julien Rocha : On ne fait vivre aucune légende. Je crois que notre hommage s’arrête à la citation des noms et au salut des œuvres. Comme on parlerait à un grand frère. On se frotte aux œuvres, à leurs histoires. Pour ce qui est de ce qu’on raconte. Il est plutôt question d’irrévérence. Nous parlons de ce que les œuvres ont produit en nous. 

De quelle manière porte-t-on au plateau l’écriture si particulièrement de Marion Aubert ?

Julien Rocha : C’est une écriture faite pour le plateau, pour être traversée par des acteurs des actrices. C’est une langue folle d’une intelligence rare et surtout totalement décomplexée. Drôle donc. Merci au passage de savoir être drôle. C’est une chance pour nous. Une langue qui prend soin aussi. Je ne le dis pas souvent, mais les choix faits dans le texte sont toujours des choix qui font attention à ne pas juger, ni heurter… avec l’envie de ne pas y porter de regard moral non plus. Cette liberté est facile à mettre en scène. Il suffit d’aimer cette langue et d’aimer les acteurs, les actrices.

Comment s’est fait le choix des comédiens, très ressemblants  aux personnages qu’ils incarnent ?
Surexpositions (Patrick Dewaere) de Marion Aubert Mise en scène de Julien Rocha © OFGDA

Julien Rocha : Oui, c’est vrai qu’on dit assez souvent à Cédric qu’il ressemble à Depardieu ! (Rires !) Et plus sérieusement Fabrice a une affinité de toujours avec Patrick, mais je ne crois pas que cette affinité soit cultivée. Il a toujours joué comme ça et oui il ressemble à Dewaere. Certains y ont vu l’œil de Patrick sur scène. C’est troublant parfois même pour celles et ceux qui l’ont connu. Maintenant, vous dire que les comédiens leur ressemblent, ce serait trahir la vérité. Le travail de Cécile K a été justement de révéler certains traits, d’en cacher d’autres… Pour que nos rétines s’y retrouvent avec les saluts aux films… Aux personnages qu’on connaît. L’illusion en fin de compte est celle que chacun veut y voir. D’autres verrons des masques des perruques sortis tout droit du café de la gare et d’autres des fantômes du passé.

Que retirez-vous de cette expérience ? 

Julien Rocha : Je ne sais pas si j’en parlerais de ce spectacle comme d’une expérience. Je n’ai pas encore assez de recul. Mais vous dire que ce à quoi l’on joue remue des choses essentielles, universelles. Que cela parle de notre métier et plus largement du regard des autres. De notre rapport au monde. Croire, raconter la vie d’un autre, c’est encore une illusion. On se raconte soi. Un petit peu plus, à chaque fois.

Propos recueillis par Olivier Frégaville-Gratian d’Amore

Surexpositions (Patrick Dewaere) de Marion Aubert
Mise en scène de Julien Rocha
Création à huis-clos en mars 2021 salle Célestine
Reprise
Les Célestins, Théâtre de Lyon
4 place Charles Dullin
69002 Lyon
jusqu’au 23 octobre 2022

Crédit Portrait © Cédric Roulliat
Crédit photos © OFGDA

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