Dans son délicat spectacle, Le chaperon rouge de la rue Pigalle, Florence Hebbelynck dresse le portrait délicat de Cathy. Cette femme de 67 ans, mais qui ne les paraît pas, tapinait devant son immeuble. En voisine, la comédienne l’a invitée à lui raconter sa vie, histoire de voir s’il n’y avait pas matière à un spectacle. Elles vont se perdre de vue. Des années après, au hasard d’un rangement, les cassettes audios des récits de Cathy ressurgissent appelant l’artiste à reprendre son projet et à partir à sa recherche.
Construit comme une enquête, évitant les clichés et les jugements, l’artiste nous fait entendre sa voix. Elle interroge ses propres souvenirs, ceux de son fils, ceux d’un journaliste qui l’avait interviewée autrefois, ceux d’un couple de bourgeois catholiques œuvrant charitablement auprès des prostituées, ceux d’un commerçant de la rue Pigalle. Chacun sa vision, sa version des faits… Les derniers mots, les plus beaux, sont ceux de la nièce, bouleversante de tendresse et de fragilité.
Le travail du metteur en scène et scénographe Stéphane Arcas, l’interprétation toute en finesse de Florence Hebbelynck, comme celle de l’épatant Nicolas Luçon (excellent dans le personnage de la nièce), font de ce spectacle, qui vient de Belgique, un objet atypique qui nous questionne autant sur le féminin que sur le sens de la vie… Et cela mérite toute notre attention.
Marie-Céline Nivière
Le chaperon rouge de la rue Pigalle de Florence Hebbelynck.
Manufacture des Abbesses
7, rue Veyron
75018 Paris.
Du 28 août au 1er novembre 2022.
Le dimanche à 20h, les lundis et mardis à 21h.
Durée 1h
Mise en scène et scénographie de Stéphane Arcas.
Conseiller dramaturgique et assistant à la mise scène Fabrice Dupuy.
Avec Florence Hebbelynck et Nicolas Luçon.
Création musicale de Steph Van Uytanck.
Création lumière de Xavier Lauwers.
Travail sur le mouvement des corps de Maeva Lambert.
Crédit photo © Estelle Rullier