Au 11 • Avignon, Raoul Fernandez plonge dans ses souvenirs et invite à traverser les multiples récits de sa vie. Esquissé par la plume tout en délicatesse de Philippe Minyana, ciselé par la mise en scène chamarrée de Marcial di Fonzo bo , Portrait de Raoul tutoie la magie du 6e art, emporte au delà d’une réalité terne et morne. une existence extravagante où rien n’est impossible.
Quel est votre premier souvenir d’art vivant ?
Pas loin de chez nous au Salvador, il y avait une petite salle de théâtre. Et là un jour, sans rien dire à ma mère, j’ai traversé la rue et je suis entré en cachette dans la salle … Me rapprochant du plateau, j’ai été comme aimanté par les comédiens qui jouaient devant un public fasciné. Mais surtout, je voulais savoir comment le décor tenait debout… et je suis remonté en cachette sur le plateau pour explorer la scénographie en arrière, la structure…
Quel a été le déclencheur qui vous a donné envie d’embrasser une carrière dans le secteur de l’art vivant ?
C’était le plaisir et la liberté.
Qu’est-ce qui a fait que vous avez choisi d’être comédien et metteur en scène ?
Je peux dire qu’au tout début j’ai pas choisi moi-même d’être comédien et qu’on m’a choisi. Ma première idée, c’était de faire des costumes et un bon jour on m’a vu traverser un plateau et on m’a demandait si je voulais dire quelques phrases et j’ai ressenti l’énorme plaisir de la scène.
Le premier spectacle auquel vous avez participé et quel souvenir en retenez-vous ?
C’était un spectacle avec textes de Yilmaz Güney où je chantais. Je retiens l’esprit de troupe et le travail d’équipe.
Votre plus grand coup de cœur scénique ?
Le sublime personnage d’Ariel dans La Tempête de Shakespeare, mise en scène par Giorgio Stheler que j’ai vu au Théâtre de l’Odéon.
Quelles sont vos plus belles rencontres ?
Copi, Noureev, Bob Fosse, Alicia Alonso du Ballet de Cuba, Darío Fo, Marcial Di Fonzo Bo, Philippe Minyana, Catherine Hiegel, Michèlle Kokosowski, Stanislas Nordey, Jersy Grotowski, Orhan Pamuk, Anatoli Vassiliev, Jean Pierre Vincent, George Lavelli, Marilú Marini.
En quoi votre métier est essentiel à votre équilibre ?
Ça me donne une respiration, une conscience de la relativité des choses, ça me centre et m’ouvre au monde.
Qu’est-ce qui vous inspire ?
Le rire des enfants, la pluie, le silence, la forêt.
De quel ordre est votre rapport à la scène ?
Une exigence, une discipline, une légèreté, un travail intense, un plaisir sans limites.
À quel endroit de votre chair, de votre corps, situez-vous votre désir de faire votre métier ?
Dans sa totalité avec des parties visibles et invisibles, réelles ou imaginaires.
Avec quels autres artistes aimeriez-vous travailler ?
Je suis ouvert et entre autres par exemple avec Kristian Lupa et Almodóvar
À quel projet fou aimeriez-vous participer ?
Tous les projets sont fous. Quel métier on fait…
Si votre vie était une œuvre, quelle serait-elle ?
Idylle de la Mer de Joaquín Sorolla (1908)
Olivier Frégaville-Gratian d’Amore
Portrait de Raoul de Philippe Minyana
Festival OFF d’Avignon
11 • Avignon
11, bd Raspail
84000 Avignon
du 7 au 29 juillet 2022 à 14h05 – Relâches : 12, 19, 26 juillet
mise en scène de Marcial Di Fonzo Bo
avec Raoul Fernandez
régie Gabriel Clairon
production Comédie de Caen-CDN de Normandie
crédit photos © Christophe Raynaud de Lage