Olivier Py tire sa révérence au Festival d’Avignon avec Miss Knife et ses sœurs, un spectacle qui célèbre le théâtre, l’amour, la vie et la paix. Ainsi s’achève, en musique et en paroles, la 76e édition du Festival d’Avignon. Magnifique !
La place de l’Horloge grouille comme à son habitude de monde. Mais en ce mardi 26 juillet, devant l’Opéra du Grand Avignon, il règne une ambiance de grande Première. Il y a foule, personne ne voulant manquer ce grand rendez-vous avec la grande Miss Knife. Avec sa voix puissante, sa gouaille des faubourgs, elle nous arrache des rires et des larmes. Il y a du Damia, du Piaf en elle, mais aussi du Marlène Dietrich. Comme on l’aime, ce personnage créé par Olivier Py un soir de 1995, au Festival d’Avignon ! Depuis, les deux ont bien roulé leur bosse. On peut dire que la créature n’a plus quitté son créateur, devenant son double.
Les adieux au festival
La belle salle de l’Opéra, du parterre au paradis, est pleine à craquer. Toutes les générations sont représentées. Et oui, il y avait des enfants ! Elle qui, par le passé, a défrayé la chronique et choqué les bonnes mœurs, est devenue l’incontournable ! L’heure avance et certains spectateurs s’impatientent, claquant des mains. La lumière s’éteint. Le rideau se lève dévoilant l’orchestre National Avignon Provence. L’image est superbe. Et celle, que l’on attendait tous avec frénésie, arrive, magistrale dans cette magnifique robe noire, son fameux chapeau haut-de-forme vissé sur la tête. La salle croule sous un tonnerre d’applaudissements. Elle apparaît tout émue par l’accueil de son public chéri.
La cheffe Debora Waldman lance le top départ. Quel son ! Miss Knife, telle la Callas, prend son souffle puis attaque la première chanson, La vie d’artiste. La chanteuse de cabaret se fait diva. Elle envoie, comme on dit. Que c’est beau, ce J’entends ta voix qui résonne jusqu’en haut des cintres et nous atteint en plein cœur ! Il y aura six chansons, six tubes, qu’elle nous offre, radieuse, en cadeau. On en redemanderait, tant on est transporté.
Sœurs de tous pays unissez-vous
Miss Knife n’est pas venue seule, elle a invité des consœurs, des sœurs de musique. La première est la chanteuse béninoise Angélique Kidjo. Ce petit bout de femme au tempérament de feu chante en solo, Malaïka, et en duo avec la Miss, Hallelujah de Léonard Cohen. C’est magnifique. Les secondes sont les filles du groupe folk-punk Dakh Daughters. Pour marquer notre soutien à ce pays secoué par la guerre, Miss Knife nous demande d’accueillir ces épatantes artistes ukrainiennes sous une salve d’applaudissements. Elle sera longue et émouvante. En six chansons, accompagnées aussi par l’orchestre dirigé désormais par Samuel Jean, ces artistes atypiques embrasent la salle. L’émotion se fait grande, lorsque, telle une litanie, elles évoquent les horreurs que subissent les leurs.
En compagnie d’Angélique Kidjo, Miss Knife les rejoints sur scène, enveloppé de son grand manteau de plume rouge. C’est le final ! Un feu d’artifice qui met le feu à la salle. Tout le monde est debout, tapant des mains, se trémoussant. La vie est brève, alors profitons-en ! Merci Miss Knife, merci Olivier Py, pour cette soirée magique et inoubliable.
Marie-Céline Nivière
Miss Knife et ses sœurs, spectacle conçu par Olivier Py.
Festival d’Avignon
Opéra Grand Avignon
Place de l’horloge 84000 Avignon
Mardi 26 avril 2022 à 18h.
Durée 1h30.
Avec Miss Knife, Angelique Kidjo, Dakh Daughters, l’orchestre national Avignon-Provence.
Mise en scène de Vlad Troitsky pour les Dakh Daugthers.
Composition des Dakh Daughters, Stephane Leach, Jean-Yves Rivaud
Arrangements pour orchestre de Stephane Leach, Pierre Thilloy, Nicolas Giraud, Gast Walzing.
Direction musicale de Debora Waldman et Samuel Jean.
Lumière, mapping video (Dakh Daughters) de Mariia Volkova
Lumière (Miss Knife et Angélique Kidjo) de Bartrand Killy.
Son de Mickael Kandelman, Bruno Ralle et Jean-Marie Roussel.
Crédit photos © avec l’aimable autorisation de Christophe Raynaud de Lage – tous droits réservés – photos non reproductibles.