Léna Bréban © Julien Pebrel / Myop

Léna Bréban, Renversante à Avignon

Présence Pasteur, du 7 au 23 juillet 2022, Léna Bréban adapte Renversante de Florence Hinckel, une fable dystopique où le féminin l’emporte sur le masculin.

 Renversante de Florence Hinckel - Mise en scène de Léna Bréban  © Julien Pebrel / Myop

Auréolée de quatre Molières, dont celui de la mise en scène, du Prix Laurent-Terzieff de Syndicat de la Critique et lauréate du Prix Nouveau Talent de la SACD, Léna Bréban flirte, cette année, avec les étoiles, et transforme tout ce qu’elle touche en succès. Engagée, féministe, la comédienne et metteuse en scène s’installe du 7 au 23 juillet 2022 à la Présence Pasteur avec son adaptation de Renversante de Florence Hinckel, une fable dystopique où le féminin l’emporte sur le masculin. Rencontre avec une artiste rare et irradiante.

Quel est votre premier souvenir d’art vivant ? 
Mon premier souvenir, c’est ma mère et sa troupe de Clown amateur. Je l’accompagnais aux répétitions, j’étais fascinée. Je trouvais certaines d’entre elles absolument géniales.
J’aimais les voir répéter puis ensuite les voir jouer devant un public.
Je regardais ce qui fonctionnait ou pas. Le clown, c’est très dur, parce que si on se prend un bide, c’est immédiat et très violent.Mon père adoptif s’occupait de la régie. J’aimais que ce soit familial, j’avais l’impression de faire partie de leur troupe.

Renversante de Florence Hinckel - Mise en scène de Léna Bréban © François Fonty

Quel a été le déclencheur qui vous a donné envie d’embrasser une carrière dans le secteur de l’art vivant ? 
J’ai toujours voulu faire ça, je crois.
Un jour que je regardais la petite maison dans la prairie ma mère m’a dit : Ce sont des acteurs. Ils sont payés pour jouer dans ces costumes et dans ce décor.
Je pensais que c’était des vrais gens qu’on filmait !!! Je devais avoir 5 ans, et je me suis dis : Moi aussi, je vais faire ça. Je vais faire Laura Ingalls plus tard !

Qu’est-ce qui a fait que vous avez choisi d’être comédienne et metteur en scène ? 
Au départ, j’ai choisi comédienne parce que je n’avais pas de représentation de femmes metteuses en scène (à part Ariane Mnouchkine).
D’ailleurs, là, je viens d’écrire metteuse en scène et le correcteur à écrit menteuse en scène … C’est dire si ce n’est pas gagné !
Donc je pensais que pour vivre du théâtre, c’était actrice qu’il fallait faire.
Mais dès le collège quand je voyais un spectacle, je me disais tiens, on pourrait montrer ça comme ça peut-être …
Comme comédienne, aussi, j’ai toujours observé comment les metteurs en scène dirigeaient, la gestion de l’espace. Les lumières, les transitions.
Au bout d’un moment, j’ai eu envie de raconter des histoires à ma façon et d’engager des acteurs qui me plaisaient pour le faire.
Mais je suis toujours très heureuse de jouer pour un autre metteur en scène, d’aller dans son univers, de trouver ma place dans sa façon de raconter.

Le premier spectacle auquel vous avez participé et quel souvenir en retenez-vous ? 
J’avais 18 ans.
Le théâtre de l’unité m’a engagé pour jouer d’abord un spectacle de rue, puis Terezin puis 2500 à l’heure.
3 spectacles.
Avec eux, j’ai découvert la liberté, le contact avec les gens. Les avant-spectacles et les après représentations au resto avec les spectateurs !
Je vivais mon rêve de saltimbanque, on a fait le tour du monde avec eux, et joué jusqu’en nouvelle Calédonie.
Livchine, c’est aussi une façon de vivre. Tout chez lui était différent de ce que je connaissais. Sa liberté. Son humour. Ses provocations dont parfois, nous avions honte ! Et en même temps, c’était très aventureux, très vivant.
Leur façon de parler au public, j’y pense pratiquement tous les jours.
Rester dans le vivant.
Et puis après je suis entrée au conservatoire et j’ai appris tout ce qui me manquait . La rigueur, les textes.

Renversante de Florence Hinckel - Mise en scène de Léna Bréban © François Fonty

Votre plus grand coup de cœur scénique ? 
Bernadedje de Platel. En 1997 à Avignon. Choc total. Le décor est une piste d’auto tamponneuse.
Tout ce que j’aime. De la musique, de la danse, des enfants sur scène, des vieux. L’humanité. J’ai adoré.
Et sinon Cendrillon de Pommerat. Le spectacle parfait. J’aime tout dedans. Ce spectacle me bouleverse et rien que de penser à la première scène …

Quelles sont vos plus belles rencontres ? 
Jacques Livchine pour sa folie, Dominique Valadié pour son génie, Laure Calamy , Alexandre Zambeaux et Barbara Schultz pour notre complicité pour notre complicité , Adrien de Van pour avoir le premier produit mes spectacles, Charles Tordjman pour son regard , Nicolas Royer pour nos collaborations et Eric Ruf pour la façon dont il m’a fait confiance immédiatement pour Sans Famille.

En quoi votre métier est essentiel à votre équilibre ? 
Je crois que je serais insupportable et très mal dans ma vie si je n’arrivais pas à transmettre les émotions et les colères que je ressens.
Et je crois tellement au théâtre.
Je sais que c’est un art qui peut déplacer. Les gens. Les pensées. La vie.

Qu’est-ce qui vous inspire ? 
Les gens. Je suis super curieuse et je pose plein de questions aux gens. Comment ils vivent. Ce qu’ils ressentent. Ça m’aide pour écrire.
Parfois, je vois bien que c’est trop indiscret, mais j’ai envie de comprendre. 
Sinon, la photographie beaucoup. La bande dessinée. La littérature évidemment, et la musique, tous les jours.

De quel ordre est votre rapport à la scène ? 
J’aime passionnément la scène.
Les rituels.
Les répliques que l’on redit 1000 fois différemment, l’odeur des théâtres.
Le trac. Les moments de grâce. Le rire des spectateurs. Une salle entière suspendue à la respiration d’un acteur. Une phrase qui bouleverse.
À chaque fois que je rentre dans un théâtre, j’y crois.
Que quelque chose d’important va advenir.
Donc je peux être très énervée quand j’assiste à du théâtre mort.

Renversante de Florence Hinckel - Mise en scène de Léna Bréban © François Fonty

À quel endroit de votre chair, de votre corps, situez-vous votre désir de faire votre métier ? 
J’ai une vision totalement organique du jeu et de la mise en scène.
Je n’ai aucun goût pour le bavardage/canapé sur un plateau.
Donc je dirai que tout mon corps est porteur de ce désir.

Avec quels autres artistes aimeriez-vous travailler ? 
J’aimerais travailler avec Wajdi Mouawad.
Et Ken Loach. Ahaha on sait jamais hein !

À quel projet fou aimeriez-vous participer ? 
À tous les projets qui sortent de l’ordinaire. À tous les projets dont on se dit, comment on va faire ?

Si votre vie était une œuvre, quelle serait-elle ? 
Tootsie de Sydney Pollack. J’adore ce film, je le regarde au moins une fois par an.
Je trouve qu’il parle merveilleusement bien de notre métier.
Je pleure de rire à chaque fois. Et la perruque de Dustin Hoffman….
C’est un film très émouvant, qui raconte des choses très profondes, mais en passant par l’humour.

Olivier Frégaville-Gratian d’Amore

Renversante de Florence Hinckel 
Production Espace des Arts de Chalon-sur-Saône
Festival OFF Avignon
Présence Pasteur
13, rue du Pont Trouca
84000 Avignon
du 7 au 23 juillet 2002 à 10h00 — Relâches : 10, 17 juillet
Durée 1h05

Mise en scène Léna Bréban 
Adaptation de Léna Bréban & Thomas Blanchard
avec Léna Bréban en alternance avec Julie Roux, Antoine Prud’homme de la Boussinière en alternance avec Pierre Lefebvre
 Costumes de Julie Deljehier 
Vidéo de Julien Dubois 
Scénographie de Léna Bréban

Crédit portrait © Julien Pebrel / Myop
Crédit photos © François Fonty

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