Le 16 juillet, au Carreau du Temple, le chorégraphe et danseur Arthur Perole installe sa Boom Boum Bum, une fête-performance participative, hédoniste et collective. Il répond à nos questions.
Quel est votre premier souvenir d’art vivant ?
Mes premiers souvenirs de spectacle vivant sont les galas de danse et spectacles de fin d’année de cirque que ma famille et moi faisions. J’ai commencé le cirque et la danse à 3 ans pour faire comme ma sœur et comme mes parents qui étaient très investis dans ces associations de pratique artistique. J’en garde un souvenir très heureux. C’était le moment le plus important de mon année. J’adorais regarder « les grands » faire des spectacles plus aboutis avec des costumes incroyables. Ce sont ces moments qui m’ont donné le gout du spectacle et de la scène. Puis vers l’âge de 10 ans j’ai vu mon premier spectacle plus professionnel. C’était Empty Moves (part 1 et 2) et les Noces d’Angelin Preljocaj. J’avais été très ému et je me souviens m’être dit dans ma tête « Ah, si on peut faire ça aussi, là c’est sûr, je veux être danseur, ça va être super ! »
Quel a été le déclencheur qui vous a donné envie d’embrasser une carrière dans le secteur de l’art vivant ?
J’ai toujours baigné dans un univers artistique. Ma famille pratiquait ces arts et m’emmenait beaucoup voir des spectacles. J’ai toujours su que je serai soit danseur, soit circassien. Puis à mes 16 ans je me suis complètement investi dans la danse. Cet art me semblait plus proche de moi, il me procurait plus de plaisir et d’émotions. En un sens, il n’y pas eu de déclencheur : ça a toujours été ce que je voulais faire.
Qu’est-ce qui a fait que vous avez choisi d’être chorégraphe ?
Très vite dans mes études de danse j’ai inventé des chorégraphies pour mes camarades. Arrivé au CNSMD de Paris nous avions des ateliers chorégraphiques avec Christine Gerard et des scènes ouvertes 3 fois dans l’année. C’est à ce moment-là que je me suis vraiment essayé en tant que chorégraphe. Je sentais que ça prenait tout mon espace mental. Ça me transcendait. Puis je voyais aussi que les interprètes étaient heureux de danser ce que je proposais, et que ça fonctionnait auprès du public. C’était une immense joie pour moi de voir tous ces gens heureux par ce que j’inventais. Puis l’émotion de voir ce que j’avais dans la tête prendre forme sur scène était immense. Ça me paraissait être de la magie de transposer ces images mentales dans la réalité. Ce sont ces émotions qui m’ont fait choisir cette voie.
Le premier spectacle auquel vous avez participé et quel souvenir en retenez-vous ?
Mon premier souvenir de spectacle, c’est justement ces fameux galas de danse quand j’étais petit. Je me souviens avoir fait vers mes 6 ans un spectacle avec un plâtre, où j’étais en poisson rouge. Je pouvais faire seulement la moitié des choses, mais j’étais heureux sous les projecteurs, avec le trac, le costume, le public. Je me suis dit que c’était confortable d’être sur scène.
Votre plus grand coup de cœur scénique ?
1980 de Pina Bausch. Je l’ai vue il y a peut-être 10 ans au Théâtre de la ville. Je me souviens encore très précisément de mon émotion. Il y a dans cette pièce une scène d’adieu très longue qui revient plusieurs fois. Cette scène m’a bouleversé, touché au cœur comme une flèche qui atteint sa cible. La semaine qui a suivi ce spectacle, je pleurais tous les matins au réveil en pensant à cette scène, et c’était bon. Ça me lavait d’une émotion, d’une peur… Maintenant, dès que je vais voir un spectacle, j’espère secrètement revivre cette émotion. C’est cette quête du grand frisson qui fait la beauté du spectacle vivant.
Quelles sont vos plus belles rencontres ?
Pour moi c’est surtout les personnes avec qui je travaille au sein de la CieF. Tous les artistes, collaborateur.trice.s artistiques et collaborateur.trice.s en production et développement de la compagnie. C’est un plaisir de rencontrer et de partager le processus de création avec ces personnes. Ce sont de vraies rencontres profondes qui créent de vraies amitiés.
En quoi votre métier est essentiel à votre équilibre ?
Il me permet de rencontrer toujours de nouvelles personnes, de nouveaux lieux, de nouvelles villes, de nouvelles façons de penser ou de vivre. Il me tient éveillé sur la rencontre et sur la pluralité des êtres humains.
Qu’est-ce qui vous inspire ?
Dans l’art, c’est beaucoup la musique et le cinéma. Ces deux médiums m’amènent toujours de nouveaux désirs esthétiques. Mais c’est surtout les gens et les conversations qui m’inspirent. C’est souvent dans de grandes conversations tard la nuit, où l’on refait le monde, que me viennent des envies de spectacle. Des questions que j’ai envie de me poser et que j’ai envie de mettre en scène.
De quel ordre est votre rapport à la scène ?
J’ai un rapport très simple à la scène. Je n’ai pas du tout ce truc sacré du plateau. J’aime justement le partager, être avec le public sur scène. C’est un lieu de rencontre, comme un bar. Sauf que la scène et la « boîte noire » donnent la possibilité de créer des mondes imaginaires, amplifiés, poétiques. Et ça, c’est magique.
À quel endroit de votre chair, de votre corps situez-vous votre désir de faire votre métier ?
Dans mon ventre et dans mon bassin. C’est viscéral et primaire !
Avec quels autres artistes aimeriez-vous travailler ?
Avant, j’avais des icônes avec qui je voulais travailler comme Pina Bausch ou Marlène Monteiro Freitas. Mais en fait je suis trop fan pour travailler avec des personnes que j’admire autant. Et rester fan, c’est très important pour moi. Je trouve ça super comme émotion. Aujourd’hui je suis guidé par le plaisir de la rencontre. La rencontre simple et sincère qui me fait collaborer avec des personnes engagées.
À quel projet fou aimeriez-vous participer ?
La cérémonie d’ouverture des JO, ou chorégraphier le Super Bowl !
Si votre vie était une œuvre, quelle serait-elle ?
Aucune idée.
Propos recueillis par Olivier Frégaville-Gratian d’Amore
La Boom Boum Bum d’Arthur Perole
Festival Paris l’Été
Carreau du Temple
2 rue Perrée
75003 Paris
Conception Arthur Perole
Collaborateur artistique Alexandre Da Silva
Musicien / DJ Marcos Da Silva
Régie générale et lumière Svetlana Boitchenkoff / Benoit Martin
Performeur.euse.s Séverine Bauvais, Yohan Hourcade, Marion Carriau, Cindy Emelie, Alexandre Da Silva, Lynda Rahal, Sarah Benoliel, Selma Goueygou, Arthur Pérole
Crédit photo © Nina-Flore Hernandez