Philippe Meyer s’installe tout l’été au Lucernaire avec Paris La Grande,
un spectacle où il fait bon flâner sous les grands airs de la capitale !
Sur les ondes de France Inter, Philippe Meyer a su longtemps parler sans se vanter, aux auditeurs sachant auditer. Depuis quelques années, il s’adresse également aux publics avec des spectacles de toutes qualités. On se souvient encore de sa Causerie, en 1997 au Théâtre Mouffetard, et surtout de ses cabarets à la Comédie-Française. En 2020, juste avant le confinement, il était sur la scène du Lucernaire pour raconter cette radio qu’il a tant aimée et si bien servie. Aujourd’hui, il reprend son spectacle Paris La Grande, tiré de son livre éponyme, qu’il avait créé en 2001 au Théâtre de la Ville. Mais si le principe est le même, celui-ci a été remis au goût du jour. Car en vingt ans, il s’en est passé des choses qui ont bousculé et chaviré la plus belle ville du monde. Heureux habitants de Paris, nous vivons une époque moderne. Si autrefois Paris valait bien une messe, aujourd’hui, elle a bien besoin d’un spectacle pour lui redorer son blason. Et ça tombe bien car Philippe Meyer redonne de l’éclat à cette cité tant aimée.
Il n’y a plus d’après
Ici, il n’est pas question d’entendre égrainer la litanie du c’était mieux avant ! Mais plutôt celle à la Perec des Je me souviens ! Il est aussi question de rappeler ce que furent la capitale, depuis toujours, et ses habitants ! Vous savez, ces drôles de bêtes à la tête de veau ! Il y a les vrais, les natifs. Ces gamins de Paris qui, dès le périph passé, manquent d’atmosphère ! Et il y a les autres, qui comme Meyer, se sont lovés dans les bras de la Seine pour en faire leur ville et attraper le virus du Parisien : Le râlage en tout genre ! Et puis, il y a les touristes, ceux qui, en trois jours, vont s’émerveiller à chaque coin de rue.
Paris je t’aimeuh
Dans un savant mélange de réflexions personnelles, de textes d’auteurs, de poésies, de chansons et de beaucoup d’humour, Philippe Meyer trace le portrait, sans retouche ou presque, de cette ville qui, dès sa création, fut à part dans le tracé géographique et culturel de la France. Il célèbre ainsi cette métropole où l’homme peut vivre, aimer, s’amuser, entreprendre et penser sans entraves, mais s’attache aussi à décrire et à plaindre les formes que peuvent y connaître le dénuement et la solitude. Oui, il y a de la nostalgie dans l’air, mais comme elle est ce qu’elle doit être, cela nous transporte. Son récit sur le saccage du quartier des Halles est remarquable.
C’est toujours mieux en chansons
Depuis le début, l’air de Paris s’est gonflé sous les chansons, celles que chantait le peuple à la mort de Louis XIV (Enfin Louis le Grand est mort), comme celles pour dénoncer les abus de la finance (Les bienfaits du système) ou rappeler ce que fut la fin de la Commune (Au mur !). Et puis, il y a celles qui parlent de Paname, de son métro, de ses fleurs de pavée qui fanent trop vite, de cette fille au loup, des vieux messieurs du Luxembourg, des Halles, de cette fameuse Madame Arthur et son je-ne-sais-quoi, de cette Joconde que l’on admire… On n’oubliera pas celles qui traînent dans nos mémoires et qui évoquent cette ville aux cent villages, cette cité de l’amour que l’on aime tant, comme Paris Jadis de Caussimon.
Comme un air de cabaret
Dans une mise en scène sobre mais efficace de Benoît Carré, Meyer promène sa bonhomie de cours à jardin, s’adressant à nous, s’arrêtant pour dire ou chanter. Il est un conteur magnifique et un chanteur exquis. Il a une belle voix et du coffre. Pour les musiques, il est accompagné à l’accordéon, car il n’en aurait pu être autrement, par Jean-Claude Laudat. Pour le final, ils ont concocté un excellent et surprenant medley composé des plus célèbres chansons sur la ville. Il y en a 48 en tout ! Un sacré quizz qui vaut le détour. Amusez-vous à les reconnaître. N’hésitez donc pas à suivre ce Parisien à travers Paris, vous ne le regretterez pas !
Marie-Céline Nivière
Paris la grande de et par Philippe Meyer.
Lucernaire
53 rue Notre-Dame-des-Champs 75006 Paris.
Du mercredi au samedi à 20h, dimanche à 17h.
Durée 1h20.
Mise en scène de Benoît Carré.
Accordéon par Jean-Claude Laudat.
Crédit photos ©Karine Letellier