Mount Batulo de M A R Y S E © La Montagne abandonnée

M A R Y S E, des jumelles conteuses de balades sonores pour petits et grands

Le 18 juin prochain, M A R Y S E investit le MAIF Social Club pour un concert-expérience pour les tout petits autour des contes traditionnels des Philippines.

Mount Batulo de M A R Y S E © La Montagne abandonnée

Le 18 juin prochain, M A R Y S E, duo d’artistes composé des sœurs Marie-Rose et Marie-Christine Laurel, investit le MAIF Social Club pour un concert-expérience pour les tout petits autour des contes traditionnels des Philippines. Entremêlant leur voix, au son du violon et de la harpe, elles signent un spectacle immersif, envoûtant et délicat pour les enfants de 6 mois à 77 ans. rencontre.

Comment est né M A R Y S E et Mount Batulao, projet qui puise son inspiration dans les contes traditionnels philippins   ?

Marie-Rose Laurel : M A R Y S E existe depuis toujours, c’est Marie-Rose et Marie-Christine, c’est Nous musicalement. Ce nom puise dans la racine de nos prénoms, Marie. Marie au pluriel aurait pu prêter à confusion, « mariés », alors je me suis tournée vers ces lettres du prénom Maryse. D’autre part, il est un hommage à une femme que j’ai accompagnée, une femme solaire enfermée dans un corps fatiguée. Concernant nos inspirations, nous sommes nées en France d’origine philippine, je nous imagine d’ici et d’ailleurs et nous puisons dans ce pont entre ces terres. Cette empreinte se retrouve dans nos sonorités hybrides entre des instruments traditionnels, du quotidien et l’électronique, dans notre chant qui est en tagalog un des dialectes de ces îles, dans ce que nous racontons, ce qui nous a été conté enfants.

Marie-Christine Laurel : Notre musique a toujours existé, l’être humain apprend à marcher, à tomber et à se relever. Jouer ensemble, c’est pareil, ça vient traduire nos relations, nos ressentis, nos interférences, notre harmonie et dissonances à toutes les deux.
M A R Y S E c’est le nom que Marie-Rose a proposé. Nommer les choses permet de donner une forme, une existence, une entité. C’est notre duo musical, il puise dans notre double culture, dans la tradition et la modernité, la dualité et le collectif…
Quant à Mount Batulao, c’est une montagne aux Philippines qui nous a inspiré et dans laquelle nous avons puisé légendes, superstitions, paysages et culture de cet archipel. 

Qu’est-ce que vous avez eu envie de raconter à travers ses récits sensoriels et oniriques ? 
Mount Batulo de M A R Y S E © La Montagne abandonnée

Marie-Rose LaurelMount Batulao est ma nécessité de raconter l’indicible, le lien à l’autre, de transmettre la poésie de l’être. C’est en tant que maman que j’ai eue besoin et envie de cette écriture. Il s’agit d’un concert expérience en six chapitres qui raconte l’évolution inversée de l’être humain de l’enfance à la vie in utero et d’y tresser la métaphore et personnification de cette montagne comme étant à l’origine du monde. J’ai gravi cette montagne et nous étions trois générations réunies. Ce récit est l’empreinte de temporalités multiples comme un rêve ou une prémonition d’un souvenir à venir.

Marie-Christine Laurel : J’ai voulu raconter la traversée de l’être humain, dans son évolution, sa capacité à s’émerveiller, à retrouver son âme d’enfant. Quand on voit les yeux qui étincellent, c’est un instant magique qui s’opère. 
Une femme, un homme, peu importe son sexe, son âge, son éducation, sa culture… qu’elle ou il vive au nord, au sud, à l’ouest ou à l’est… tous sont composés de la même façon, une tête, un corps et un cœur. Les frontières n’existent pas, les barrières n’existent pas… Mount Batulao vient décloisonner cet aspect pyramidal pour nous plonger dans l’être sensoriel que nous sommes. 
Le système, la scénographie avec l’installation du public et des artistes autour d’un arbre, permet de casser une perception unilatérale qui est frontale. Il n’existe pas qu’un seul point de vue. Il est multiple. 
Par ailleurs, le système ambisonique, c’est-à-dire le son circulaire, il circule partout et le public est enveloppé par notre musique, un peu comme lorsque in utero, le son des organes, du cœur… provenait de partout. 
Et c’est à travers cette expérience in situ que l’on peut plonger dans le cœur, qui constitue les oreilles, les yeux, le toucher… Il donne du sens. 
À travers tout ça, c’est ma vision de l’être humain que j’ai voulu raconter, une vision poétique, chamanique et expérimentale.

Comment composez-vous ? 

Marie-Rose Laurel : De manière très rationnelle, je dirai à l’aide de pédale de boucle, de superpositions des instruments et des chants donnant une illusion orchestrale. Et si l’on plisse les yeux, si on change d’angle de vue, on perçoit ces formes, ces cercles qui se composent et défilent comme des mantras, un déjà vu, un ancrage. 
Pour élaborer ces six chapitres, nous avons employé une méthodologie très classique, un paperboard, un stylo, un brainstorming… En exerçant d’autres métiers Marie-Christine et moi, elle en tant que sophrologue et hypnothérapeute, moi en tant que psychologue et psychosociologue, nous avons fait appel à nos connaissances pour donner une forme accessible dès le plus jeune âge. Et surtout, ce qui fait l’identité de Mount Batulao c’est que nous y avons invoqué bien plus que nos représentations respectives de l’évolution inversée de l’enfance à la vie in utero, nous avons fait appel à notre intuition et aussi lointain que se logent nos souvenirs, dans nos mémoires individuelles et dans l’inconscient collectif.

Marie-Christine Laurel : Dans la langue française, on va apprendre à conjuguer, un sujet, un verbe, un complément… La composition, c’est pareil, c’est une conjugaison de plusieurs paramètres.
Comme le dit Marie-Rose, notre métier, qui est tourné vers la relation d’aide, intègre la mémoire sensorielle et Mount Batulao l’évoque. Dans les fêtes philippines, la musique est omniprésente et le karaoké surtout, donc partager la musique ensemble a été un leitmotiv essentiel dans la composition de ce projet.
Quand je compose, les premières notes, je me mets dans une sorte d’hypnose, une transe… Pour puiser dans mon inconscient qui se nourrit de toutes mes expériences passées et à venir. Ensuite, je propose la mélodie, ou les accords à Marie-Rose. C’est très intuitif. 
Et il y a comme Marie-Rose l’a décrite, une partie très construite avec une méthodologie de travail.

Votre spectacle s’adresse aux tous petits, qu’est ce qui vous plait dans ce travail initiatique et artistique ? 

Marie-Rose Laurel : J’aime que le chapitre 1 débute par la voix de ma fille qui conte Mount Batulao. Après-coup et après tout, j’aime quand une programmatrice vient nous raconter qu’un bébé ait fait ses premiers pas à notre concert et qu’avec Marie-Christine nous nous demandons s’il l’a fait sur le chapitre intitulé « la marche ». J’aime avoir vu un bébé s’agiter uniquement sur cet espace entre chaque chapitre, qui correspond aux interludes du concert. Il s’agit à ce moment-là d’enregistrements que j’avais faits lors d’une échographie des battements de cœur d’une amie et de son bébé alors qu’elle écoutait nos premières maquettes. J’aime quand les enfants s’apparentent à un banc de poissons autour de l’arbre, tantôt pirates, main dans la main, célébrant notre arbre. J’aime qu’ils fassent les loups pour ponctuer le concert, qu’ils entendent des fantômes, des lions, qu’ils nous perçoivent comme des sorcières, entendre deux fillettes l’une dire que la violoniste est triste et l’autre dire qu’elle est heureuse. J’aime qu’on nous dise que cela ait fait du bien même aux plus grands, et que ces mêmes grands s’émerveillent, leur regard nous sourie, de l’apaisement et de la poésie, à cet instant il n’y a plus d’âge. Ces adultes ou ces enfants géants nous rappellent que ce concert s’adresse aux tous petits et à l’enfant que nous avons été. C’est tout ça à la fois.

Marie-Christine Laurel : Un enfant porte dans son regard l’émerveillement, et c’est là une sagesse qui est intemporelle. Quand on grandit, on est traversé par des peurs, des injonctions, des croyances limitantes… On perd cette capacité à s’émerveiller. 
Mount Batulao s’adresse aux grands et aux petits, à l’enfant que nous avons été. 
Je me permets de reprendre cette phrase que j’ai écrite pour le morceau « La danse des lumières est éternelle » et que nous jouons via M A R Y S E & la tribu « Les trésors oubliés sont faits pour être retrouvés ».

Propos recueillis par Olivier Frégaville-Gratian d’Amore

Mount Batulao de M A R Y S E
MAIF Social Club
37 rue de Turenne
75003 Paris
Le 18 juin 2022 – Séances en 10h30 et 16h30
Durée 40 min

Crédit photos © La Montagne Abandonnée

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