Le monde du cinéma et du théâtre est à nouveau en deuil. Jean-Louis Trintignant s’est éteint, à la suite d’une longue lutte contre le cancer, ce 17 juin 2022 à l’âge de 91 ans. Il appartient à la lignée des grands artistes, emblématique d’une époque.

La voix de Jean-Louis Trintignant, si particulière, si envoûtante, ne s’éteindra jamais dans nos mémoires. Aujourd’hui, nous avons le cœur triste. L’artiste a tellement marqué nos vies à travers ses interprétations au cinéma comme au théâtre, mais aussi par les épreuves qu’il a traversées, comme la tragique disparition de sa fille tant aimée, Marie (Trintignant). Comment oublier ses mots, si dignes, si beaux, chuchotés à son enterrement : Ne pleure pas de l’avoir perdue, mais réjouis toi de l’avoir connue. Ses positions politiques ont également laissé leur trace. Il était engagé et n’hésitait pas à prendre la parole pour dire ses ressentiments. Trintignant, c’est ça aussi, toute une époque.

Une étoile intense du cinéma 

D’Un homme et une femme de Lelouch à Amour de Haneke, en passant par Ceux qui m’aiment prendront le train de Chéreau, des années 1950 à nos jours, il a traversé l’âge d’or du cinéma français, tournant avec les plus grands. La liste de ses films est longue et chacun d’entre nous possède son palmarès. Chacune de ses apparitions étaient exceptionnelles. Il savait choisir et rendre le meilleur de ses personnages, qu’ils soient lumineux ou sombres.

Un homme de planches

Elève de Tania Balachova, il avait abordé le théâtre par envie mais également pour vaincre cette timidité qui rendait ses interviews toujours bouleversants. Ah, les sourires de Trintignant, son regard, c’était quelque chose. Comme cette politesse qui semblait si naturelle chez lui. Le théâtre était une passion. Au regard de la longue et impressionnante liste des spectacles auxquels il a participé, il nous fait traverser là aussi toute une époque. Il a travaillé dès le début avec des grands noms comme René Dupuy, Sacha Pitoëff, Jean Vilar, Claude Régy… Il aura interprété Ionesco, Schiller, Shakespeare, Bernard Shaw, Tennessee Williams… Mon premier souvenir de lui sur scène est Art de Yasmina Reza, avec Pierre Arditi et Pierre Vaneck. Il y aura ensuite Poèmes à Lou d’Apollinaire, avec sa fille Marie. Comédie sur un quai de gare de Samuel Benchetrit, toujours avec Marie, avec qui la complicité était impressionnante. Comment l’oublier dans cette comédie douce et amère, Moins deux, signée par Samuel Benchetrit, son gendre. Cette pièce sur la vieillesse et la solitude qu’il interprétait délicieusement, en donnant la réplique à Roger Dumas.

Un grand Monsieur nous a quittés. Mais il ne souffre plus. Il a rejoint, au Paradis des étoiles, sa fille bien sûr, mais aussi toutes celles qui nous ont quittées et avec lesquelles il avait fait un bon bout de chemin. Il a embelli notre vie, et par delà les souvenirs, restent ses films qui raviveront à jamais la mémoire.

Marie-Céline Nivière

Crédit Photos © Fanny Marotel, © Les Films du Losange