À Nanterre, les Arts de la rue fait festival. Depuis plus de 30 ans, Parade(s) invite les Nanterriens à découvrir autrement le spectacle vivant. Avec Pas moins de 40 compagnies accueillies, 120 représentations programmées de jours autant que de nuit, la manifestation est un moment très attendu par les petits comme les grands. Rencontre avec Mélanie Duplenne, directrice artistique de l’événement.
Quel est l’ADN de ce festival nanterrien et francilien ?
Mélanie Duplenne : Depuis 1990, Parade(s) revient chaque année le premier week-end de juin. Entièrement gratuit et accessible à toutes et tous, chaque édition est l’occasion de découvrir autrement l’espace public dans une ambiance festive et conviviale. Les arts de la rue s’inventent et se métissent entre cirque, théâtre, musique, danse, installations, performances, marionnettes… de jour comme de nuit, en tous lieux. Ils provoquent la rencontre, l’émotion ou le rire, ils font rêver en touchant nos imaginaires.
Créé en 1990, qu’est ce qui explique sa longévité ?
Mélanie Duplenne : Depuis plus de 30 ans, Nanterre nourrit une histoire importante avec les arts de la rue, elle reste une des premières villes de la région à s’engager ainsi. En 1990, le festival Parade(s) naît, sa forme et son organisation ont beaucoup évolué.
Il se présente depuis 2005 sous la forme que nous connaissons aujourd’hui avec pour objectif d’être un événement phare de la vie culturelle nanterrienne, alto-séquanaise et francilienneet de promouvoir un rendez-vous artistique, festif, populaire et accessible à tous.
Comment avez-vous construit la programmation 2022 ?
Mélanie Duplenne : La programmation de Parade(s) est pluri disciplinaire avec pour fil rouge la programmation de spectacles qui ont été pensés pour l’espace public.
L’idée est de s’adresser à tous les publics et aux habitants, la programmation répond à cela avec des spectacles pour rire, des spectacles pour s’émouvoir, des spectacles pour frémir, mais aussi pour réfléchir et avancer en tant que personne. Avant toute chose, il s’agit de prendre du plaisir.
Une attention particulière est portée aux compagnies franciliennes et aux créations avec 8 créations 22 accueillies cette année.
Quels sont les temps forts, les moments clés ?
Mélanie Duplenne : Pour trembler et vous émerveiller, Marée noire de la compagnie La Burrasca avec ces quatre femmes qui s’accrochent à ce qu’elles peuvent en haut d’une grue.
Pour rire, Queen A Man de la compagnie Ô Captain mon capitaine, Wanted par la compagnie Bruital, L’Arbre à vache dans Goodbye persil.
Pour les plus petits, La Méandre, Avion papier, La Danse des sauvages du Théâtre des monstres ou la Cie des plumés.
Pour s’ouvrir au monde : Ktha Compagnie, Demain arrive (je suis une autre toi), mkcd Communes (Création 22), Littoral du Collectif du Prélude (création 22)
Chacune des trois journées s’achèvera par un bal.
Le festival programme des compagnies régionales mais aussi internationales. Quel en est l’objectif ?
Mélanie Duplenne : Nanterre se veut Ville-Monde, permettre la circulation des artistes notamment africains est très important en ces temps de tendance au repli sur soi. Le festival Parade(s) soutient depuis plus de 10 ans le festival Rendez-vous chez nous au Burkina Faso.
En quoi, est-il important et nécessaire de soutenir les Arts de la rue ?
Mélanie Duplenne : Les arts de la rue et de l’espace public ne cessent de se développer depuis 30 ans, l’espace public est une source infinie d’inspiration et permet une perpétuelle réinvention des projets artistiques et culturels. Les arts de la rue et de l’espace public sont un des enjeux majeurs du secteur culturel, car ils permettent de créer du lien et du rituel social, de rassembler, de réinventer en permanence notre rapport poétique, politique, social à un territoire, de réinterroger sans cesse le rapport œuvre-habitant/spectateur. De par leurs modes d’intervention, ils permettent aussi à toutes les populations, même celles qui ne franchissent pas les portes des institutions, de rencontrer les arts et la culture. Alors qu’ils inscrivent un acte artistique au cœur de ce qui nous permet de faire société, les arts de la rue et de l’espace public sont plus que jamais dans une situation de fragilité. Pour l’essentiel, le secteur s’est structuré au gré des initiatives locales et/ou associatives, dans un déséquilibre territorial fort à l’échelle régionale francilienne.
Propos recueillis par Olivier Frégaville-Gratian d’Amore
Parade(s) Nanterre
du 3 au 5 juin 2022
Crédit photos © JF Bove, © DR, © Eric Daras-Burrasca