À Théâtre en mai, festival printanier du Théâtre Dijon Bourgogne – CDN, Maëlle Poésy toute nouvelle directrice de lieu, reprend avec une nouvelle distribution, Gloire sur la Terre de Linda McLean. Touchée par l’écriture percutante de l’autrice écossaise, par les tourments qui assaillent en permanence l’âme, la foi la gaité et la féminité de la jeune Marie Stuart, tout juste revenue de France pour s’installer sur le trône de ses ancêtres, la metteuse en scène imagine l’œuvre comme un match de boxe, une lutte sans merci entre fanatisme et bonhommie, entre misogynie crasse et pouvoir féminin éclairée.
Poursuivant le dispositif « jouer partout »de son prédécesseur, Benoît Lambert, qu’elle rebaptise « Passes-Muraille », Maëlle Poésy s’invite depuis janvier dans les lycées des alentours pour proposer des œuvres de théâtres dédiées. C’est dans ce cadre, qu’elle remonte ce texte engagé, poétique, qui met en lumière la parole politique de la Reine d’Écosse, avec ses toquades romantiques longtemps invisibilisée par l’histoire et sa personnalité romanesque. Découverte en 2018 lors des rencontres organisées tous les étés par la Maison Antoine Vitez et l’École du TNS à La Chartreuse de Villeneuve-lès-Avignon, elle s’attèle à une première version scénique en mars 2021 avec les jeunes artistes de l’AtelierCité du ThéâtredelaCité de Toulouse. Fort du succès rencontré, elle en présente aujourd’hui une version portée par une autre troupe de comédiennes et de comédiens tout en verve, en fougue et violence plus ou moins contenue. Incarnant le chœur de Marie Stuart, Margaux Dupré, Lise Hamayon et Suzanne Jeanjean déploient chacune, une émotion et une couleur différente. Vétu de rouge recouvert de noire, comme la souveraine à l’heure de montée sur l’échafaud, l’une est juvénile, l’autre plus mature, la troisième est tout en tension retenue. Face à elle, Roméo Mariani, Alexis Tieno et Sébastien Weber, se glissent dans la peau de son détracteur, de son futur bourreau, le prédicateur John Knox. Ils lui donnent tour à tour une inquiétude tournure, une attitude sibylline, une noirceur d’esprit. Chacune de leurs paroles est du venin, chacun de leurs sourires cache une trahison.
Ainsi, Au cœur du Musée des Beaux-Arts, Cour du Bar, Maëlle Poésy a installé son ring de boxe. Sans artifice, avec épure, elle signe une œuvre uppercut qui se joue au plus près du public – dispositif quadri- frontal. Loin de l‘image d’Épinal qui lui colle à la peau, Marie Stuart renaît tout simplement humaine sacrifiée par l’ambition des hommes, la jalousie des femmes !
Olivier Frégaville-Gratian d’Amore – Envoyé spécial à Dijon
Gloire sur la Terre de Linda McLean
Théâtre en mai
Théâtre Dijon Bourgogne
Cour de Bar
Musée des Beaux-Arts
Jusqu’au 26 mai 2022
Durée 1h30
Mise en scène de Maëlle Poésy assistée de Joséphine Supe
Traduction de Blandine Pélissier, Sarah Vermande
Avec Margaux Dupré, Lise Hamayon, Suzanne Jeanjean, Roméo Mariani, Alexis Tieno, Sébastien Weber
Création lumières de Julien Poupon
Création costumes de Camille Vallat
Habillage de Florence Jeunet
Régie générale de Bertrand Fournier
Crédit photos © Vincent Arbelet