À Théâtre ouvert, Pierre Cuq adapte Seuil, une pièce choc commandée à Marilyn Mattei sur la jeunesse, le harcèlement, les rites de passages et la violence sexuelle. Construit comme un thriller à rebours, ce puzzle théâtral questionne la notion de bien et de mal à l’adolescence.
Dans une salle de cours, une femme (détonante Camille Soulerin) attend. Grande veste bleue, carnet à la main, elle relit ses dernières notes. Entre un jeune homme chétif (épatant Baptiste Dupuy), un élève interne de troisième. Entre eux, l’atmosphère est électrique. Elle est policière, il est témoin dans une histoire de disparition. Subodorant un drame, l’enquêtrice pousse imperceptiblement, avec son air de pas y toucher, le garçon craintif, rétif, dans ses retranchements.
Remonter le temps
À coup de flashbacks, de réminiscences déterrées, la plume poétique et résolument moderne de Marilyn Mattei invite à plonger au cœur d’une tragédie humaine, celle des préjugés, des idées préconçues. Victime de harcèlement, car trop fragile, trop proche de son ami d’enfance, le jeune Noam doit faire ses preuves, doit affirmer sa masculinité, imposer son nouveau moi face à une bande de garçons qui ne connait que la violence, l’humiliation, l’intimidation, la force comme moyen d’expression, d’existence.
Simple et efficace
Avec très peu d’effets et une mise en scène qui s’appuie surtout sur le jeu habité des comédiens, Pierre Cuq rend avec force la tension du récit, l’atmosphère noire de cette fable d’aujourd’hui. Attrapant l’attention du spectateur dès les premières minutes, passant du rire aux larmes, il ouvre les portes d’un monde fait de codes, de règles, un univers où la faiblesse n’a pas sa place, où seule la loi du plus fort, du plus dur s’applique.
Du jeu au drame
Fort atypique, Seuil est une œuvre sans concession qui oblige chacun, collégien, lycéen, adulte à ouvrir les yeux sur les violences du quotidien, l’intolérance, le refus de la différence. En mettant au ban d’une société masculine fait de rites ultra-barbares les faibles, les timorés, les enfants mal dans leur peau, en s’en servant pour affirmer une supériorité mal placée, elle touche juste et réveille nos consciences engourdies sur de soi-disant simples jeux qui tournent mal, sur des faits de société tragiques, sur des atrocités, des actes de violence trop souvent tus.
Encore en rodage, la pièce, qui sera présentée au Festival À Vif au Préau- CDN de Vire en Normandie en mai, puis au Train bleu en juillet durant le Festival d’Avignon le OFF, est une œuvre coup de poing à ne pas rater !
Olivier Fregaville-Gratian d’Amore
Seuil de Marilyn Mattei
Festival Avignon Off – Théâtre le Train Bleu
(Salle Etoile – Maif Avignon)
40, rue Paul Saïn 84000 Avignon
Du 8 au 27 juillet 2022 à 10h, relâche les 14 et 21 juillet
Durée 2h20 (trajets navette compris)
Tournée
du 8 et 9 décembre 2022, au Théâtre de Sartrouville et des Yvelines – CDN, dans le cadre du Festival Impatience 2022, Paris
le 13 décembre 2022 au Théâtre des Miroirs, Cherbourg
le 26 et 27 janvier 2023 au Théâtre de La Renaissance, Mondeville
le 23 mars 2023 au Rive Gauche, Saint-Etienne-du-Rouvray
15 avril 2023 au Théâtre Louis Aragon, Tremblay-en-France
Editions Tapuscrit | Théâtre Ouvert
Théâtre Ouvert
Avenue Gambetta
75020 Paris
Jusqu’au 9 avril 2022
Durée 1h30
Tournée
Le 6 mai 2022 (10h et 14h), Comédie de Caen – CDN Hérouville-Saint-Clair (14), collège Nelson Mandela
Le 17 mai 2022 (20h30), Festival « À Vif », Le Préau – CDN de Vire, Théâtre de Domfront, tournée décentralisée en bocage virois PNR,
Le 18 mai 2022 (19h), Festival « À Vif », Le Préau – CDN de Vire. Salle polyvalente de Condé-sur Vire, tournée décentralisée en bocage virois PNR
Le 19 mai 2022 (14h), collège Jean Monnet, Ouistreham (14)
Du 8 au 27 juillet, (10h30, relâche les 14 et 21), Théâtre du Train Bleu, Festival d’Avignon Off
Mise en scène de Pierre Cuq
Avec Baptiste Dupuy & Camille Soulerin
Et les voix de Vincent Garanger, Thomas Guéné, Hélène Viviès
Scénographie et accessoires de Cerise Guyon
Son de Victor Assié, Julien Lafosse
Lumière de François Leneveu
Crédit photo © Alban Van Wassenhove