Laurent Zizerman dans ANA

Laurent Ziserman, dans les pas de Pialat

Au Théâtre des Célestins, Laurent Ziserman crée ANA, adaptation du très grand À nos amours de Pialat. Rencontre.

Au Théâtre des Célestins, Laurent Ziserman crée ANA, adaptation du très grand À nos amours de Pialat (1983) pour laquelle il recevait en 2019 le prix Celest’1 décerné par le théâtre lyonnais. Rencontre avec cet auteur et metteur en scène amoureux de cinéma, qui a nourri ce dernier spectacle d’une plongée dans les archives du cinéaste et celles de sa scénariste et compagne Arlette Langmann.

Qu’est ce qui vous a donné envie de mettre en scène un scénario de cinéma ?

ANA de Laurent Ziserman ©Florian Bardet

Laurent Ziserman : Ce n’est pas tant « mettre en scène un scénario de cinéma » qui a été à l’origine de mon désir pour ce projet, mais la trace profonde, ancienne, un peu obsédante que ce film, A nos amours, a laissée en moi. Je voulais qu’une certaine qualité de violence familiale, très commune, très banale, très partagée, soit au cœur de ce travail. J’aurais pu vouloir monter Long voyage vers la nuit d’Eugène O’Neil pour cette raison, pièce que j’adore. Mais je me suis dit que faire ce travail d’adaptation serait plus aventureux, plus incertain, et donc plus désirable. Plus que mettre en scène un scénario de cinéma, la question pour moi était celle du passage du langage cinématographique au langage théâtral. Questions donc de montage, de plans-séquence, de profondeur de champs, et plus que tout, d’une qualité de jeu où les impulsions du corps sont premières. Pialat traquait la vérité. C’est cette exigence qui m’importait le plus.

Comment adapte-t-on à la scène une œuvre de Pialat, une œuvre culte ?

Laurent Ziserman : A nos amours n’est pas du tout une « œuvre culte » pour moi. C’est un des 11 films que Pialat a réalisés en 30 ans de carrière, un des jalons d’une filmographie qui m’a accompagnée, avec laquelle j’ai grandi. J’ai commencé par passer plusieurs jours à la Cinémathèque à Paris, à fouiller dans le Fonds Pialat déposé par Sylvie Pialat à la mort de Maurice, à lire toutes les versions du scénario d’Arlette Langmann, quantité d’interviews de Pialat dans des revues des années 80… A partir de tout ce matériau récolté on a commencé, avec Marion Pellissier, à écrire la structure de notre adaptation, structure qu’on n’a eu de cesse de questionner, de modifier, au contact du plateau. Le spectacle est un tricotage de dialogues du film tels quels (scène de la fossette, scènes d’hystérie…), d’extraits du scénario d’Arlette Langmann (Les filles du faubourg), de scènes que Marion et moi avons écrites.

En quoi l’œuvre de Pialat est elle toujours actuelle ?

Laurent Ziserman : Pialat, comme Mizoguchi, comme John Ford, comme Renoir, comme Rosselini, ne s’intéressait qu’à l’homme. Comme Molière. Comme Tchekhov. Voilà pourquoi ses films sont tout aussi actuels et intemporels que les œuvres de ces auteurs.

Qu’est ce que cela fait et apporte d’être lauréat Célest’1 ?

ANA de Laurent Ziserman ©Florian Bardet

Laurent Ziserman : Cela a d’abord été une joie immense, joie qui nous a portés tout au long de ces mois de travail, étalés sur deux années. Plus concrètement, cela nous a permis de commencer à monter une production, nous a offert un horizon précis (création de la pièce aux Célestins à telle date), nous a fait rencontrer des partenaires fidèles.

Olivier Frégaville-Gratian d’Amore et Samuel Gleyze-Esteban

ANA de Laurent Ziserman
Du 17 au 25 mars
Célestins – Théâtre de Lyon
4 rue Charles Dullin
69002 Lyon

Tournée
Les 29 et 30 mars 2022 au Théâtre du Bois de l’Aune – Aix-en-Provence
Du 5 au 7 avril 2022 à La Criée – Théâtre National de Marseille
Le 22 avril 2022 au Théâtre Molière, Scène nationale archipel de Thau, Sète

Crédits photo ©Florian Bardet

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