Gaël Baron by © Gaël Baron

Gaël Baron, acteur au nom prédestiné

Gaël Baron joue les frères protecteurs de Valérie Dreville dans l'adaptation très noire de Liberté à Brême de Fassbinder par Cédric Gourmelon.

Au T2G jusqu’au 13 mars 2022, Gaël Baron joue les frères protecteurs de Valérie Dreville, sorte de veuve noire confrontée à la violence masculine, dans l’adaptation très noire et radicale de Liberté à Brême de Fassbinder par Cédric Gourmelon. Formé par Pierre Vial ou Stuart Seide, le comédien ne cesse depuis sa sortie du Cons’ en 1991 a multiplié les collaborations avec des artistes d’horizon très différents. De Nordey à Watkins en passant par Auzet ou Jean-Pierre Vincent, il impose un jeu tout en nuance, une présence engagée. Rencontre.

Liberté à Brême de Fassbinder - Mise en scène de Cédric Gourmelon © Simon Gosselin

Quel est votre premier souvenir d’art vivant ?
C’était au Théâtre municipal d’Angers. Ma mère m’emmène à l’Opérette, Véronique. Robes à cerceaux et chapeaux haut-de-forme. « De-ci de-là cahin-caha, va petit âne… ». L’âne lève la queue et se soulage. Excrément et crinoline.

Quel a été le déclencheur qui vous a donné envie d’embrasser une carrière dans le secteur de l’art vivant ?
Entendre un soir, à 8 ans, à l’heure du dîner, mon nom de famille dans une série télévisée de la deuxième chaîne consacrée à la vie de Molière, joué par Jean-Pierre Darras, et voir Baron accueilli par la Troupe.

Qu’est-ce qui a fait que vous avez choisi d’être comédien ?
Le plaisir et le trouble éprouvés à voir lesecomédien-nes , miroir du plaisir et du trouble que suscitait et suscite toujours en moi la vie… Œuvrer à ça avec elles et eux… Haut les cœurs !…

Le premier spectacle auquel vous avez participé et quel souvenir en retenez-vous ?
Un spectacle « fait à la maison » avec ma sœur, un dimanche après-midi, pour notre mère, première spectatrice attentionnée : tout faire de A à Z ; l’écriture, les costumes et le décor ; organiser l’action, et jouer ; les chansons (C’était une opérette !…Sic !)… Une satisfaction intense. Tout est possible. L’heure est à nous. Don et contre-don.

Votre plus grand coup de cœur scénique ?
Quelques spectacles rêvés, quelques spectacles vus, des bribes, des noms, oui… Mais en fait, chaque fois que, de nouveau, comme on dit simplement, «il se passe quelque chose ». J’en suis toujours comme deux ronds de flan !… Saisi. Ravi.

Liberté à Brême de Fassbinder - Mise en scène de Cédric Gourmelon © Gwendal Lefler

Quelles sont vos plus belles rencontres ? 
Quand l’amour circule. C’est l’instant. Et c’est à jamais.

En quoi votre métier est essentiel à votre équilibre ?
J’avance à tâtons. Une lumière au bout du tunnel. Je joue pour la rejoindre. 

Qu’est-ce qui vous inspire ?
La Joie. Malgré tout. 

De quel ordre est votre rapport à la scène ? 
Une petite prière secrète. Un éclat de rire.

À quel endroit de votre chair, de votre corps, situez-vous votre désir de faire votre métier ?
Tout de la chair, et tout du corps. Visible et invisible… 

Avec quels autres artistes aimeriez-vous travailler ?
Tous-tes. Mais pas n’importe qui. 

À quel projet fou aimeriez-vous participer ?
Trois réponses :
En imaginant un autre ordre du temps, où le «passé» serait encore à venir : Les Cenci, de Shelley, adapté et mis en scène par Antonin Artaud (et le plaisir en sus d’y rencontrer Tania Balachova et Roger Blin…) ; Le Balcon, de Jean Genet, mis en scène par Victor Garcia à Sao Paulo.
Ou, si le temps conserve son ordre conventionnel, un projet inattendu, qui me tomberait dessus comme une météorite. Impossible, mais il faut le faire. On le fait ! Sauvage et tendre. La beauté du rêve.
J’accueille, avec plaisir, de chaque proposition, la part folle. Le noyau, authentique et « fou ». 

Si votre vie était une œuvre, quelle serait-elle ?
Une opérette écrite par Morton Feldman. 

Olivier Frégaville-Gratian d’Amore


Liberté à Brême de Rainer Werner Fassbinder
Création au Théâtre national de Bretagne – Rennes
Durée 1h40 environ 

à voir du 9 au 13 mars 2022 au T2G-Centre Dramatique de Gennevilliers (Seine-Saint-Denis)

Traduction de Philippe Ivernel
Mise En Scène de Cédric Gourmelon assisté de Guillaume Gatteau
Scénographie de Mathieu Lorry Dupuy
Avec Gaël Baron, Guillaume Cantillon, Valérie Dréville, Christian Drillaud , Nathalie Kousnetzoff , Adrien Michaux, François Tizon & Gérard Watkins
Décors construits aux Ateliers Du Théâtre National De Strasbourg
Costumes de Cidalia Da Costa
Lumières de Marie-Christine Soma
Son d’Antoine Pinçon
Travail Sur Le Corps d’ Isabelle Kürzi
Chant de Soazig Grégoire
Maquillage, Perruques de Catherine Bloquère

Crédit photos © Gaël Baron, © Simon Gosselin, © Gwendal Lefler

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