Fragments ex nihilo ©Pascal Gély

Fragments ex nihilo, ou la vie en morceaux

Dans Fragments ex nihilo, présentée au Théâtre de l’Opprimé, Laura Pelerins nous invite à réfléchir sur la violence du quotidien et de l’Histoire.

Fragments ex nihilo de Laura Pelerins, présentée au Théâtre de l’Opprimé, est une création qui ne laisse pas de marbre. Un texte fort, portée par des comédiens ardents, une première mise en scène prometteuse, pour réfléchir sur la violence du quotidien et de l’Histoire, pour rappeler que rien ne vient de rien.

Fragments ex nihilo ©Pascal Gély

Au travers la narration fragmentée et donc éclatée de plusieurs personnages, le texte explore la manière dont fonctionne la psyché d’un individu après avoir subi des violences. L’autrice est partie d’une matière personnelle tirée des récits de sa grand-mère rescapée d’Auschwitz, et de son propre vécu de femme survivante des coups de son compagnon. La mémoire universelle se met en résonance, comme en miroir, avec l’intime. A cela, elle a ajouté des récits de femmes et hommes fracassés, blessés, brisées par toutes ces choses de la vie. Que fait-on de cette violence subite ? Comment, entre traumatisme et résilience, l’être humain peut-il se construire et édifier une société plus juste ? Dans notre société en perte de sens, tout prend des proportions assez saisissantes.

Bouts de vie

Laura Pelerins appartient aux E.A.T. (Ecrivaines-Ecrivains associés du Théâtre), un groupement d’auteurs très important qui œuvre pour « rappeler sans cesse que l’écriture doit être au centre des scènes, au cœur des plateaux de théâtre ». Cette pièce n’est pas la première production de cette jeune autrice à l’avenir prometteur, mais c’est la première fois qu’elle aborde elle-même scéniquement un de ses textes. En choisissant de fragmenter les récits, dans une écriture contemporaine robuste, mais qui nécessiterait d’être resserrée, elle a délibérément voulu montrer combien l’être humain devant la violence peut se retrouver dans l’incapacité de créer une structure narrative. Beaucoup de thèmes sont abordées, peut-être trop. Du coup on s’y perd parfois mais on y trouve aussi des sonorités qui touchent.

Première mise en scène

Fragments ex nihilo ©Pascal Gély

Malgré quelques fragilités, Laura Pelerins signe une belle première mise en scène. S’appuyant sur une équipe technique douée (scénographie, lumière et musique), son dispositif scénique représente les fragments d’un grand miroir morcelé, représentant les morceaux de notre mémoire collective et personnelle. Les comédiens se meuvent entre ces éclats et font entendre adroitement les brisures et les failles de leurs personnages. Danielle Chinsky, Valentine Galey, Tessa Volkine, Nikola Krminac et Elrik Lepercq (une révélation) ont su composer avec toutes les couleurs de cette gamme de sentiments abordés dans ce spectacle qui est une ode à l’être humain et à sa capacité d’autodérision et de reconstruction.

Marie-Céline Nivière

Fragments ex nihilo, texte et mise en scène de Laura Pelerins
Théâtre de l’Opprimé
78/80 rue du Charolais

75012 Paris
Du 23 mars au 3 avril
Du mercredi au samedi à 20h30, dimanche 17h
Durée 1h30

Avec Danielle Chinsky, Valentine Galey, Tessa Volkine, Nikola Krminac, Elrik Lepercq, Laura Pelerins.
Scénographie d’Emilie Roy
Dramaturgie sonore de Gabriel de Richaud
Création lumière de Cynthia Lhopitallier
Regard chorégraphique de Juliana Casas y Herrera

Crédit photos ©Pascal Gély

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