Incité par Steve Suissa, Hélios Azoulay monte sur scène pour donner vie à son livre, Moi aussi j’ai vécu. Un jour, dans un train, sans crier gare, Hélios voit s’installer devant lui quelqu’un qui ne peut pas se trouver là et qu’il ne va, ensuite, cesser de croiser. Pourquoi, lui qui a été « un enfant heureux dans une enfance malheureuse », se traîne-t-il aujourd’hui ce père mort depuis trente-quatre ans ? Peut-être parce que le fils est devenu plus vieux que son géniteur ? Parce qu’il se retrouve à mi-chemin de l’existence, et qu’il est temps de faire le point et d’affronter le mieux possible ce qu’il lui reste encore à parcourir ? Convoquant ses fantômes, il égrène ses souvenirs, laisse sa pensée cheminer, nous entraînant dans son périple intérieur, qui devient assez rapidement le nôtre.
Personne ne guérit vraiment de son enfance. On peut dire qu’elle s’accroche à nos basques. Chez Azoulay, ce serait plutôt à un smoking usé par le temps, celui de son grand-père. Il y a de l’élégance dans l’écriture, une rythmique que l’auteur, devenu interprète, fait admirablement bien entendre. Cela commence et se termine par un air jazzy exécuté à la clarinette. Un plateau vide, un dispositif scénique réduit à un fauteuil original, un vieux mouton-lapinou en peluche, un jeu de lumières magnifique donnent la couleur de ce spectacle, mis en scène avec finesse par Steve Suissa. Et tout à coup, voici que nos chers disparus viennent nous tenir la main pour nous rappeler que vivre est une belle aventure, quoi qu’il arrive.
Marie-Céline Nivière
Moi aussi j’ai vécu, texte, interprétation d’Hélios Azoulay
Théâtre du Rond-Point
2bis avenue Franklin D. Roosevelt 75008 Paris
Du 30 mars au 17 avril
Du mardi au samedi à 20h30, dimanche 17h
Durée 1h15
Mise en scène de Steve Suissa
Collaboration artistique de Marielle Rubens
Lumière de Jacques Rouveyrollis, assisté de Jessica Duclos
Roman publié aux Éditions Flammarion
Crédit photos © Giovanni Cittadini Cesi