Au théâtre de Vanves, la 24e édition du Festival Artdanthé bat son plein. Fidèle à ses valeurs, l’événement, qui a lieu dans différents espaces de la ville, continue à explorer les démarches singulières d’artistes d’aujourd’hui, chercheur.se.s de nouvelles formes et d’hybridation. Anouchka Charbey, la directrice du lieu, revient sur une manifestation qui a su au fil des ans s’installer dans le paysage chorégraphique contemporain. Rencontre.
Comment est né le festival artdanthé ?
Anouchka Charbey : Artdanthé, créé par José Alfarroba dès son arrivée à la direction du Théâtre de Vanves en 1998, est né de la volonté de proposer une scène à des compagnies de danse contemporaine très émergentes à un moment où il n’y en avait pas. En les intégrant à une programmation composée également d’artistes plus repérés, ils bénéficiaient de leur reconnaissance et donc de leur public.
Qu’est-ce qui en fait son ADN ?
Anouchka Charbey : Cette présence de la danse contemporaine émergente reste vraiment le fondement du festival, qui cherche à donner le pouls des préoccupations des jeunes chorégraphes et des esthétiques qu’ils et elles inventent. Proposer les esthétiques les plus diverses a été, dès le début, une préoccupation ainsi que le fait d’être attentif à tout ce qui naissait, y compris les formes plus audacieuses et radicales.
En 24 ans, le festival a-t-il évolué et comment ?
Anouchka Charbey : Heureusement ! Il est passé par plusieurs phases. Entièrement consacré à la danse dans ses 10 premières années, il s’est ensuite peu à peu ouvert à d’autres formes spectaculaires qui mettaient le corps au centre du propos ou de la forme. Il s’est alors étendu, allant jusqu’à presque 3 mois de festival et accueillant une part de plus en plus importante de projets théâtraux dans les dernières années assurées par son fondateur. En 2015, à ma prise de poste, pour plein de raisons, nous avons fait le choix de recentrer le festival sur les écritures chorégraphiques et donc d’en réduire la durée. Le soutien que nous apportons à certaines compagnies a également évolué puisqu’il s’étend sur toute la saison. Avant, de nombreuses compagnies venaient pour présenter leur spectacle uniquement en diffusion. Depuis, nous avons beaucoup développé l’accompagnement qu’on peut leur apporter, surtout aux plus émergentes, ainsi que les résidences. Nous avons aussi souhaité présenter de la danse dans la saison alors qu’elle était auparavant exclusivement programmée pendant le festival. Cela nous permet d’une part d’en proposer à d’autres moments de l’année donc de travailler différemment avec le public, mais aussi de mettre en place des collaborations avec d’autres structures, telles que Danse dense, Faits d’hiver. Nous avons également mis en place dès 2016 la journée [Déca]danse qui a pour spécificité de présenter une dizaine de projets en cours (étapes de travail ou extraits suivis d’une brève présentation par le.la chorégraphe), dont la création est prévue l’année d’après ou encore la suivante. Le public retrouve ensuite les spectacles en création les saisons suivantes, à Vanves ou dans d’autres lieux. Les spectateurs sont assez friands de cette possibilité d’entrer dans les processus de création des artistes, ce qui est finalement assez rare puisque généralement, c’est plutôt réservé aux professionnels. Certains voient les 10 propositions, présentées entre le milieu d’après-midi et la toute fin de soirée !
C’est la 24e édition, quel est le programme ?
Anouchka Charbey : La programmation est composée de spectacles que nous avons découverts récemment, de nombreux projets qu’on a accompagnés en résidence et/ou en coproduction, des artistes internationaux dont c’est pour beaucoup la première fois qu’ils présentent leur travail en France, des ateliers tous les samedis à destination de tous, proposés par des chorégraphes du festival, et immanquablement de quelques reports. On y retrouve plusieurs artistes avec lesquels nous avons tissé des liens depuis plusieurs années et que nous suivons au gré de différents projets artistiques alors que d’autres, au contraire, feront leur première apparition dans le festival. Cette année est marquée par de nombreux projets qui mettent sur scène des musiciens aux côtés des danseurs. Les questions de société sont également très présentes dans les différents spectacles. Artdanthé est également l’occasion d’entamer ou de poursuivre des collaborations avec d’autres acteurs de la danse.
Quels sont les temps forts ?
Anouchka Charbey : Le festival Artdanthé est un temps fort à part entière au sein de la saison culturelle du Théâtre de Vanves, à l’instar des festivals Zoom pour le théâtre (en janvier) et SWICTH (pour la musique en mai). Sur 3 semaines, 27 projets sont présentés au cours de 12 soirées partagées, en plus des projets en cours lors de la journée [Déca]danse. Toutes ces soirées ont la même importance pour nous. Elles sont toutes très différentes, avec une grande variété d’artistes, d’esthétiques, de sensibilités artistiques.
L’année prochaine vous fêterez le jubilé du festival, est-ce que cela sera un moment spécial ?
Anouchka Charbey : Bien sûr ! Un festival est toujours une fête, mais pour une telle édition anniversaire, il faudra se projeter dans le futur et préparer les 25 ans à venir tout en regardant notre histoire pour célébrer les 25 ans déjà passés ensemble. Nous attendons la fin de l’édition en cours pour nous y atteler de façon plus concrète et peaufiner le programme des festivités !
Propos recueillis par Olivier fregaville-Gratian d’Amore
Festival Artdanthé 2022
Théâtre de Vanves
12 Rue Sadi Carnot
92170 Vanves, France
Jusqu’au 2 Avril 2022
Crédit portrait © Arno Bouvier
Crédit photos © DR, © L’échangeur CDCN, © Matthieu Coulon
