Quel est votre premier souvenir d’art vivant ?
Enfant, j’ai vu plusieurs fois une troupe de café-théâtre dans laquelle jouaient des amis de mes parents. Un spectacle avec de la magie, de la ventriloquie, des chansons et un grand numéro de clown.
Quel a été le déclencheur qui vous a donné envie d’embrasser une carrière dans le secteur de l’art vivant ?
Je n’ai jamais envisagé « d’embrasser une carrière ». Je faisais du théâtre et j’aurais continué à en faire pour mon plaisir. Par passion. Mais il y a eu le concours du Conservatoire National d’Art Dramatique. Si je n’avais pas été reçu dans cette école, je serais sûrement en train de faire un tout autre métier.
Qu’est-ce qui a fait que vous avez choisi d’être comédien ?
J’ai commencé les cours de théâtre et on me disait que j’étais doué. Ce qu’on ne me disait jamais quand je jouais au basket ou au foot, ni quand j’apprenais la guitare, le solfège ou la danse. Ça a commencé comme ça, j’ai dû aimer être applaudi.
Le premier spectacle auquel vous avez participé et quel souvenir en retenez-vous ?
Ça s’appelait Max Happeur. C’était un spectacle pour enfants, joué par des enfants. J’avais 10 ans et je faisais un détective privé dans une parodie de la série télé Mike Hammer. Tous les dimanches matin, on quittait notre banlieue pour rejoindre Paris avec un ou deux parents comme accompagnateurs. J’attendais ça avec impatience, j’étais totalement excité. On jouait au Bec Fin, un café-théâtre vers le Palais Royal, rue Thérèse, j’y suis repassé récemment, c’est devenu un resto japonais.
Votre plus grand coup de cœur scénique ?
Les Pieds Dans L’Eau de Jérôme Deschamps avec François Morel, Yolande Moreau, Olivier Saladin et Philippe Duquesne. J’ai dû le voir en 1996, j’avais 15 ans. Les Deschiens, c’était grandiose. Du grand théâtre populaire, drôle et intelligent. Je me souviens aussi avoir été très impressionné par le travail d’Yves Jacques dans Le projet Andersen de Robert Lepage et par Niels Arestrup dans Lettre à un Jeune Poète.
Quelles sont vos plus belles rencontres ?
J’ai tendance à idéaliser les rencontres du début. Celles que j’ai faites à l’école : Christophe Garcia, mon prof chez Florent, plus tard Marcial Di Fonzo Bo et Denis Llorca. Il y a aussi mes potes de promo au Conservatoire. Il y avait pas mal de gens brillants dans cette promo 2007 ! Il y a eu d’autres rencontres très belles depuis, mais celles-ci sont sans doute les plus marquantes.
En quoi votre métier est essentiel à votre équilibre ?
Monter sur scène, c’est comme faire du sport ou baiser, je suis certain qu’on sécrète de l’endorphine. Après les représentations, il y a souvent un temps d’euphorie pas désagréable. Si je ne joue pas, je peux vite être malheureux. Ma santé mentale, et même physique en dépend.
Qu’est-ce qui vous inspire ?
Les gens talentueux. Les artistes inspirés.
De quel ordre est votre rapport à la scène ?
C’est un endroit où je suis capable de m’oublier. Au sens où je parviens à me débarrasser de moi. Chose qu’il m’est difficile à faire dans la vie de tous les jours.
À quel endroit de votre chair, de votre corps, situez-vous votre désir de faire votre métier ?
Aucune idée. C’est quel organe l’ego ?
Avec quels autres artistes aimeriez-vous travailler ?
La troupe de la Comédie-Française.
À quel projet fou aimeriez-vous participer ?
Le show de la mi-temps du Superbowl.
Si votre vie était une œuvre, quelle serait-elle ?
Elle ne serait pas très intéressante. Ça pourrait être un roman, mais il faudrait qu’il soit écrit par Houellebecq ou Cioran.
Propos recueillis par Marie-Céline Nivière
Elysée de Hervé Bentégeat
Petit Montparnasse
31 rue de la Gaîté 75014 Paris
Du 14 janvier au 23 avril 2022
Du mardi au samedi à 21h, matinée dimanche à 17h, relâche les 15 et 25 mars
Durée 1h20
Mise en scène de Jean-Claude Idée
Avec Christophe Barbier, Andrien Melin, Emmanuel Dechartre, Alexandra Ansidei
Son de Michel Winogradoff
Vidéo de Léonard
Crédit Portrait © Amandine Gaymard
Crédit photos © Fabienne Rappeneau, Stephane Audran et © Christophe Raynaud de Lage