Nicolas Schmitt © Blandine Tardif

Nicolas Schmitt, un comédien pas si ordinaire

À la Scala-Paris, Nicolas Schmitt rependre Étienne A., un conte noir, moderne, signé Florian Pâque.

Après le Lavoir Moderne Parisien, où la pièce fut créée, puis un court séjour au Théâtre 14 en sortie de confinement, Nicolas Schmitt revient de 10 jours au théâtre de La Croix Rousse à Lyon pour s’installer, pour deux mois, dans la petite salle de La Scala-Paris. Reprenant son rôle d’Étienne A., jeune homme d’aujourd’hui, coincé entre triste réalité et rêve d’ailleurs, brossé avec justesse par Florian Pâque, le jeune comédien livre une partition toute en retenue, en finesse. Rencontre.

Étienne A. de Florian Pâque avec Nicolas Schmitt © Xavier Cantat

Quel est votre premier souvenir d’art vivant ? 
J’avais 7 ans, ma mère nous avait emmenés avec mon grand frère, voir Le Péplum, spectacle de la compagnie Royal Deluxe au Parc de la Villette à Paris. J’ai deux souvenirs très précis : à un moment, ils catapultaient un piano, c’était très impressionnant et complètement fou ! Puis Cléopâtre prenait un bain dans du lait. Les serviteurs faisaient une chaîne avec des briques de lait pour remplir sa baignoire. Cette image m’est toujours restée !

Quel a été le déclencheur qui vous a donné envie d’embrasser une carrière dans le secteur de l’art vivant ? 
Je ne me rappelle pas d’un déclencheur précis, mais j’ai toujours été très bavard et joueur. Sur les films de famille, je parle sans arrêt, dès que je voyais le point rouge sur le caméscope, je me mettais à parler et raconter tout et n’importe quoi. J’ai des souvenirs aussi des spectacles de fin d’année en maternelle. J’adorais me déguiser, inventer des histoires. 
Mes parents m’ont inscrit très tôt dans des ateliers de théâtre. Et je les remercie chaque jour !

Qu’est-ce qui a fait que vous avez choisi d’être comédien ? 
Comme je le disais, j’ai commencé le théâtre très tôt en C.P, dans des cours de quartier dans le 18e. Je n’ai jamais arrêté depuis, mais avant d’en faire mon métier, j’ai été à l’école hôtelière de Paris. J’ai obtenu un bac technologique, un BTS et une licence. Je ne me destinais donc pas au théâtre… Je n’étais pas malheureux à l’école hôtelière, mais plus j’avançais dans ma scolarité plus le théâtre prenait de la place dans ma vie. Je repoussais les murs de mon emploi du temps pour tout faire rentrer !
En première année de BTS, j’ai intégré l’Atelier Premier Acte, cours de théâtre fondateur pour moi, dirigé par Francine Walter-Laudenbach. Nous répétions au Théâtre de l’Atelier. Dès que je terminais les cours, je fonçais en vélo au théâtre. À la fin de la première année, nous avons joué au Théâtre de l’Atelier et là, j’ai su que je voulais vraiment en faire mon métier. 

Le premier spectacle auquel vous avez participé et quel souvenir en retenez-vous ? 
Si on parle du premier spectacle dont je me souviens, je jouais le Diable à 7 ans, j’arrivais sur la chanson La Salsa du démon, et je parlais avec une voix de petit garçon pas très raccord avec le Diable ! J’ai revu des images, il n y a pas très longtemps, c’était un grand moment !
Si on parle du premier spectacle professionnel, j’ai joué au Théâtre de Poche Les aventures de villégiature, de Goldoni, dans une mise en scène de Francine Walter-Laudenbach, nous avions créé le spectacle pendant un stage d’été où j’ai vraiment découvert le travail de troupe.

Étienne A. de Florian Pâque avec Nicolas Schmitt © Xavier Cantat

Votre plus grand coup de cœur scénique ? 
C’est toujours une question très difficile mais je repense souvent à La mélancolie des dragons, de Philipe Quesne, que j’avais vu au Théâtre du Rond-point en 2010. 
J’ai tout aimé dans ce spectacle, son pitch si simple et pourtant si porteur de magie, sa folie, son décalage. 
Cette scénographie de bord de route, pleine de neige, ces coussins d’air géants ! Cette équipe de hardsrockeurs et leur citroën AX fatiguée. L’interprétation des comédiens et des chiens ! 
J’ai adoré ce voyage au-delà du réel ! 

Quelles sont vos plus belles rencontres ? 
Sans hésiter mes 11 camarades de promotion de l’ENSATT, ils font partie de ma vie ! Daniel Larrieu qui a orchestré notre premier spectacle de sortie de l’ENSATT. 
Pascale Daniel-Lacombe et Antonin Vulin bien sûr, que j’ai rencontré en 2017 au Théâtre du Rivage avec qui j’ai toujours la chance de travailler, désormais au CDN de Poitiers.
Et Évidemment Florian Pâque, l’auteur et metteur en scène d’Étienne A, qui a si bien su répondre à mon envie de seul en scène.

En quoi votre métier est essentiel à votre équilibre ? 
Je ne sais pas si mon métier est essentiel à mon équilibre, ce qui est sûr, c’est qu’il tient une place considérable dans ma vie !!
La question est plutôt d’essayer d’équilibrer en permanence, de trouver du temps pour moi avec mes proches.
J’ai parfois l’impression d’être en vacances quand je suis dans mon appartement et je ne crois pas que ça soit un sentiment tout à fait normal ! 

Qu’est-ce qui vous inspire ? 
Les gens que je croise ! J’adore imiter les gens !
Dans Étienne A. par exemple, j’interprète 9 personnages très différents et chacun est un mélange de personnes croisées dans ma vie plus ou moins proches ! J’aime leur emprunter quelque chose, un timbre de voix, un tic de langage, un débit, des expressions…

Étienne A. de Florian Pâque avec Nicolas Schmitt © Xavier Cantat

De quel ordre est votre rapport à la scène ? 
J’ai un rapport joyeux à la scène et au travail en général. Être sur scène, entendre le public dans la salle, sentir le trac monter. J’ai des petits rituels de concentration. Il y a toujours un petit moment où je me demande ce que je fais là et pourquoi je m’inflige tout ce stress mais ça ne dure jamais longtemps et les répétitions sont là comme le filet qui me permet de me jeter dans ce moment unique de la représentation.

À quel endroit de votre chair, de votre corps situez-vous votre désir de faire votre métier ? 
Bonne question ! Un équilibre entre ma tête, mes tripes et mon cœur !

Avec quels autres artistes aimeriez-vous travailler ? 
Si cette question pouvait fonctionner comme la liste des cadeaux pour le père noël (sourire) 
J’aimerais beaucoup pouvoir retravailler avec Alain Françon. 
Travailler avec Julie Deliquet, Maëlle Poesy, Philippe Quesne, Ivo Van Hove, Jaco van dormael, rejoindre la troupe de la Comédie Française.

À quel projet fou aimeriez-vous participer ? 
En 2089 Jouer Condorcet pour le tricentenaire de la révolution française ou jouer un bout du mur pour le centenaire de la chute du mur de Berlin !
J’aurai fraîchement fêté mes 100 ans, ça pourrait être une belle manière de terminer ma vie d’acteur !

Si votre vie était une œuvre, quelle serait-elle ? 
J’aimerais que ça soit un roman ! 
Comme ça, je pense à Martin Eden de Jack London quand je me souviens de l’école hôtelière j’ai parfois eu l’impression de ne plus vraiment savoir à quel monde j’appartenais, étranger dans le monde du théâtre et étranger dans celui de l’hôtellerie. 
Je me souhaite juste une fin plus heureuse, même si j’aime bien la mer !

Olivier Frégaville-Gratian d’Amore

Étienne A. de Florian Pâque
Création au Lavoir Moderne Parisien
Reprise

La Scala-Paris
Du 4 mars au 30 avril 2022
Durée 1h30

Mise en scène de Florian Pâque 
Avec Nicolas Schmitt 
Scénographie de Marlène Berkane 
Création sonore de Clément-Marie Mathieu 
Création lumières de Juliette Romens 
Productions Compagnie Le Nez au Milieu du Village / Le Théâtre de l’Éclat

Crédit portrait © Blandine Tardif
Crédit photos © Xavier Cantat

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