Le 26 janvier 2022 à l’âge de 64 ans, la comédienne Françoise Pinkwasser est morte, laissant la profession sous le choc. Si elle n’était pas en haut de l’affiche, elle appartenait à la race de ces artisanes du théâtre qui le servent avec amour, discrétion et surtout beaucoup de talent.
La signature de Françoise Pinkwasser c’était son sourire, toujours large, qui dévoilait ses dents du bonheur. Elle avait toute la faconde qui fait la joie des grands rôles de soubrette, comme Toinette, Dorine… Sœur cadette de Daniel Russo, on peut s’autoriser à dire que le théâtre est une affaire de famille. Elle avait fait ses classes chez Cochet, au Studio 134 et surtout, au Conservatoire National Supérieur d’Art Dramatique. Ses professeurs s’appelaient Jean-Pierre Miquel, Pierre Vial et Denise Bonal. Aujourd’hui, les anciens du Conservatoire laissaient exprimer leur peine sur Facebook et sur leur page intitulée Rue du Conservatoire. Toutes ses amies et tous ses amis du Conservatoire National Supérieur d’Art Dramatique ont l’immense peine d’apprendre le décès de leur camarade, de leur complice et de leur sœur, la comédienne Françoise Pinkwasser qu’ils appelaient « Pinky ».
La Huchette orpheline
Il en est de même pour ses camarades du Théâtre de La Huchette : C’est avec une immense tristesse que nous avons appris la disparition de Françoise Pinkwasser, sociétaire de notre théâtre. Depuis de nombreuses années, elle était une interprète exceptionnelle de Mrs Smith dans La Cantatrice Chauve d’Eugène Ionesco. La troupe et l’équipe de la Huchette garderont en mémoire son talent bien sûr, mais aussi sa bienveillance, sa gentillesse, son air malicieux, sa folie. Sans oublier le courage extraordinaire dont elle a su faire preuve. Nous sommes si heureux d’avoir croisé sa route. Au revoir chère Françoise.
Une drôle d’artiste
Je l’ai souvent vue jouer et chacune de ses apparitions était mémorable. Elle était géniale en secrétaire dévouée et dépassée dans Hollywood de Ron Hutchison, impayable en chasseuse de miasme dans Toc Tocde Baffie. Il y avait eu aussi, en 2016, les fameuses Cuisinières de Goldoni, aux Artistic Athévains, dans une mise en scène de Philippe Lagrue où elle partageait l’affiche avec Zazie Delem et Catherine Sauval. Sa dernière apparition sur scène fut en 2017 dans la mise en scène du très regretté Pierre Cassignard, Comme à la Maison de Bénédicte Fossey et Eric Romand, à la Salle Réjane du Théâtre de Paris. Elle avait encore des rôles à interpréter et de quoi nous surprendre encore. Une belle âme vient de tirer le rideau.
Marie-Céline Nivière
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