Au Lucernaire, après Le Cercle de Whitechapel, Julien Lefebvre récidive, avec Les voyageurs du crime, dans son exploration du théâtre-policier. Dans une mise en scène de Jean-Laurent Silvi, un décor exceptionnel, l’excellente troupe nous fait vivre à un train d’enfer, une aventure palpitante. Embarquement immédiat pour toute la famille !
Le cercle de Whitechapel nous plongeait dans l’étrange affaire de Jack L’éventreur. Dans cette pièce étonnante, l’auteur avait réuni, pour mener la contre-enquête de la police, Arthur Conan Doyle, le papa du célèbre Sherlock Holmes, Bram Stocker, celui de Dracula et le dramaturge Georg Bernard Shaw, à qui l’on doit, entre autres, Pygmalion. Le spectacle avait fait carton plein au Lucernaire en 2018 ! Trois ans plus tard et une épidémie de Covid, revoilà les trois grands écrivains réunis pour mener une enquête très particulière.
Une disparition ferroviaire
L’action se passe dans L’express d’Orient, qui deviendra l’Orient Express. Nous sommes en 1908, la Turquie est en proie à une guerre civile. Dehors ça chauffe et il est temps de quitter les langueurs de l’Orient. Les passagers s’installent, quand tout à coup, une jeune fille totalement affolée hurle que sa mère a disparu. Elle était encore là au départ du train, donc elle y est encore ! Et nos trois détectives amateurs et néanmoins experts vont tenter de résoudre l’énigme. Je n’en dirais pas plus, histoire de vous laisser tout le plaisir du suspense. Mais sachez que durant une nuit, il va s’en passer des choses et que vous n’êtes pas au bout de vos surprises !
Agatha Christie, d’inspiration seulement
Oubliez le Crime de l’Orient Express, même si, en clin d’œil, l’auteur s’est servi de cette atmosphère à la Agatha Christie. C’est très bien ficelé. Le mystère court tout le long de l’intrigue et les rebondissements ne manquent pas. Cela dépeint également la société de l’époque et les bouleversements qu’elle traverse. Comme chez la reine du crime, les personnages sont finement dessinés, portant tous leur part d’ombre. On a toujours quelque chose à cacher, non ?
Une équipe complice
Pour incarner Conan Doyle, Shaw et Stocker nous retrouvons les mêmes comédiens que dans Le Cercle, à savoir : Ludovic Laroche, Jérôme Paquatte et Nicolas Saint-Georges. C’est avec un grand bonheur qu’ils ont repris leur costume. Cela se sent dans leur interprétation et dans la connivence qui règne entre eux. De l’ancienne équipe, il y a également Pierre-Arnaud Juin et Stéphanie Bassibey. Le premier a troqué ses habits de Lord pour celui d’un escroc subtil. Il est impayable en joueur d’échecs Russe, sosie de Raspoutine. La deuxième est passée du rôle de journaliste têtue à celui d’une actrice haute en couleur, sorte de Sarah Bernhardt de bas étage ! Les nouveaux ne sont pas en reste ! Etienne Launay en agent des wagons-lits, Céline Duhamel, en vieille fille acariâtre, Marjorie Dubus, en jeune fille naïve, jouent avec talent leur partition.
Un cluedo au cordeau
Pour cet excellent spectacle mis en scène, avec une grande habilité et ingéniosité, par Jean-Laurent Silvi, la cerise sur le gâteau est la scénographie, de Margaux Van Den Plas et le décor. Car vous n’allez pas en croire vos yeux ! On est vraiment dans le wagon et les paysages défilent. A chaque arrêt on a presque l’impression que notre corps va répondre aux coups de frein ! On est plongé au cœur même de l’action. Nous sommes dans un grand jeu de Cluedo. Un divertissement des plus réussis que l’on conseille vivement !
Marie-Céline Nivière
Les voyageurs du crime de Julien Lefebvre
Le splendid
48, rue du Faubourg Saint Martin 75010 Paris
Jusqu’au 15 janvier 2023
Du mercredi au samedi à 21h, matinées samedi à 16h30, dimanche 15h
Durée 1h40
Lucernaire
53 rue Notre-Dame-des-Champs
75006 Paris
Du 3 novembre 2021 au 9 janvier 2022
Du mardi au samedi à 21h, matinée dimanche à 18h
Mise en scène de Jean-Laurent Silvi
Avec Stéphanie Bassibey, Marjorie Dubus, Céline Duhamel, Ludovic Laroche, Étienne Launay, Pierre-Arnaud Juin, Jérôme Paquatte, Nicolas Saint-Georges.
Scénographie de Margaux Van Den Plas
Décor des Ateliers Marigny
Costumes d’Axel Boursier
Lumière de Dan Imbert
Création vidéo de Sébastien Mizermont
Musique d’Hervé Devolder
Crédit photos © Marc Bretonnière