Serge Borras, La Grainerie © DR

Serge Borras, à la barre de la Grainerie à Toulouse

À l'occasion de la Nuit du cirque 2021, qui débute le 12 novembre, Serge Borras présente La Grainerie, fabrique des arts du cirque et l’itinérance.

Partenaire de la Nuit du cirque 2021 qui aura lieu du 12 au 14 novembre prochain, Serge Borras, directeur de la Grainerie, fabrique des arts du cirque et l’itinérance, revient sur l’importance d’un tel événement national et sur les particularités du lieu dont il a la charge depuis 2014. Rencontre. 

Comment avez-vous intégré la Nuit du Cirque ? 

patio de la Grainerie © DR

Serge Borras : Cela fait un moment que nous faisons partie de Territoires de Cirque, l’association qui regroupe les structures de production et de diffusion artistique dans ce domaine. Dans ce cadre, nous sommes impliqués régulièrement, à la mise en place d’événements ou de manifestations, dans des groupes de travail ou commissions, tout particulièrement quand il s’agit d’activités autour de l’entraînement des artistes. En effet, la Grainerie abrite un des lieux d’entraînement des activités circassiennes. Par ailleurs, l’Occitanie est une région riche en structures, plus de 250 équipes professionnelles en activité y sont basées. 80 d’entre-elles ont leur siège social dans l’agglomération toulousaine. Il est donc logique de participer à cet événement d’ampleur internationale. 

Est-ce important d’y être associé ?

Steven Chotard (Cie Samuel Mathieu) a travaillé avec les étudiants en deuxième année de formation supérieure (DNSPac) à l’Ésacto’Lido et les élèves adultes des écoles de cirque de la Région Occitanie © Christophe Trouilhet

Serge Borras : Oui, car l’entraide, la coopération sont parmi les bases de nos métiers. Il est donc dans nos missions, mais aussi dans notre volonté de changer le regard des gens sur le cirque. Grâce à la Nuit du Cirque, on peut non seulement mettre en avant nos valeurs, mais aussi redonner une visibilité nationale à notre art, une attention que nous n’avions pas eue depuis 2001, l’Année des arts du cirque. Je pense donc qu’il est essentiel de saisir cette opportunité. À cette occasion, la dimension coopérative de l’opération et le travail collaboratif des acteurs locaux sont d’autant plus significatifs : Steven Chotard (Cie Samuel Mathieu) a travaillé avec les étudiants en deuxième année de formation supérieure (DNSPac) à l’Ésacto’Lido et les élèves adultes des écoles de cirque de la Région Occitanie afin d’inviter les Toulousains à un flashmob dans une station de métro. La compagnie Carbone Invisible, de magie nouvelle, présentera sa dernière création, La caravelle et l’oiseau blanc. La compagnie Lapsus, Le chant du vertige, la compagnie embrouillamini, Du simple au double. Et le 14 novembre après midi, l’école de cirque adapté, Par Haz’Art invite les spectateurs, avec Cirquons à la Nuit du Cirque, à découvrir le cirque sous toutes ses formes !

De plus en plus visible, le cirque se renouvelle. Rappeler qu’il est un élément fondamental des arts vivants est-ce nécessaire ? 

la Caravelle Et l'Oiseau Blanc de la compagnie Carbone Invisible _ la Grainerie  © Jaspir

Serge Borras : Bien sûr. Historiquement, le cirque est un art à la croisée de la performance physique, du théâtre, de la danse et de la musique. C’est aussi un art sans frontière, né en Asie, en Grèce, en Abyssinie, etc. Et comme tout art, il évolue, se modifie au fil du temps. 
Il y a d’ailleurs, un débat au sein de nos institutions, de nos métiers : doit-on faire une distinction entre cirque traditionnel et cirque de création ? Dans la perspective du renouvellement du cirque, pour moi, cela n’a pas toujours de sens. 

Après des mois à l’arrêt, 2021 est-elle une année particulière ? 

Le chant du Vertige de la Cie Lapsus © Ian Ganjean
Nos Vertiges

Serge Borras : Clairement, oui. Nous avons tous traversé une période compliquée, empêchée. Tout comme nombreux de mes collègues, et ça ne concerne pas que le cirque, j’ai fait tout le contraire de ce que je m’étais défendu de faire : une saison amplifiée. Durant un an, bien que fermé, nous avons beaucoup produit, on a donc misé sur une visibilité postérieure… mais force est de constater que ce n’est pas si simple. L’entretien du corps, primordial dans nos métiers, a été empêché ces longs mois de confinement. Ce n’est pas un hasard, si en cette période de reprise, on observe plus de blessures qu’à l’accoutumé, à quel point la pratique régulière a manqué à l’artiste. 

À la Grainerie, quelles sont vos spécificités ? 

Du Simple Au Double de la Cie Embrouillamini © christian Audiou

Serge Borras : Nous avons la chance d’avoir un équipement assez singulier, plus de 3000 mètres carrés de terrain de jeu et un espace chapiteau, avec une salle d’entraînement en accès libre. C’est ce qui fait de notre lieu, le socle local de la création artistique. A contrario, nous accueillons relativement peu de public. Toutefois, nous ouvrons nos portes aux artistes étrangers, nous dédions des espaces à la recherche artistique. Par ailleurs, nous accompagnons aussi les compagnies, dont certaines ont leur siège dans nos locaux. Tout au long de la création, nous les aidons dans le domaine de la diffusion, de la création lumière, et. La Grainerie, c’est tout un écosystème circassien, dont une des missions est de soutenir les débuts de carrière, de promouvoir la diversité. Au-delà des 70 projets professionnels accompagnés par saison, nous recevons des élèves de l’école supérieure du cirque située de l’autre côté du périph’. Nous avons aussi fait le choix de nous réinvestir dans les activités sous chapiteau – pas moins de vingt semaines d’exploitation -, c’est pour nous tout un symbole.

Propos recueillis par Marie Gicquel et Olivier Frégaville-Gratian d’Amore

La Nuit du cirque
Du 12 au 14 novembre 2021
Programme de la Grainerie, partenaire de la manifestation

Crédit photos © DR, © Christophe Trouilhet, © Jaspir, © Ian Ganjean et © christian Audiou

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