À l’occasion du festival le Temps d’Aimer la danse à Biarritz, qui s’est terminé la semaine dernière, il a été possible de (re)découvrir une pièce charnière du répertoire de Kader Attou, Symfonia Piesni Zalosnych, sur une musique hommage aux victimes du nazisme du polonais Henryk Gorecki. Créée en 2010, alors qu’il est tout jeune directeur du CCN de la Rochelle, cette pièce marque un tournant dans l’œuvre du chorégraphe en explorant notamment la frontière entre hip-hop et danse contemporaine.
S’attachant pour la première fois à l’intégralité d’une œuvre musicale – La Symphonie n°3 dite des Chants plaintifs, du grand compositeur polonais – , Kader Attou déploie une écriture riche, délayée qui lorgne sur celles de ses ainés, et tout particulièrement sur celle si reconnaissable de Pina Baush. S’inspirant du style de la chorégraphe allemande pour ouvrir ce ballet très chargé émotionnellement, il joue des genres, des formes pour mieux s’en détacher et trouver en creux son propre chemin, sa propre grammaire.
Malgré des inégalités d’interprétations – les quatre danseuses étant particulièrement éblouissantes et virtuoses – et une musique très tonale, très pathos, Symfonia Piesni Zalosnych touche par l’énergie vitale qu’elle renferme, par cette force ancrée dans le travail de Kader Attoude toujours chercher la lumière. Aux ténèbres des camps de concentration, le chorégraphe répond par l’urgence d’exister, de se battre, de toujours croire que l’espoir est possible. Une œuvre de répertoire touchante et emblématique !
Olivier Frégaville-Gratian d’Amore – Envoyé spécial à Biarritz
Symfonia Piesni Zalosnych de Kader Attou
CCN de la Rochelle – Cie Accrorap – Kader Attou
Le temps d’aimer la danse – Malandain Ballet Biarritz
Crédit Photos © Damien Bourletsis