Ces trois jeunes femmes, fraîchement sorties des cours Cochet-Delavenne et du Foyer, ont réalisé un sacré travail. Fort bien documentée, écrite dans un style pétillant et rapide, rien n’est à jeter dans cette comédie de mœurs que l’on pourrait imaginée, à tort, légère. Il n’en est rien. La ligne rose !, malgré son titre à faire rêver bien des messieurs, est une pièce finement réfléchie, c’est ce qui en fait tout son charme.
Une place dans un monde masculin
Nous sommes dans les Années Folles à Paris. Le monde se remet des quatre années de guerre et les femmes cherchent à garder la petite place dans la société que l’absence d’hommes leur avait donnée. N’oublions pas que la Première Guerre mondiale a permis les prémisses de l’émancipation féminine ! Le monde moderne commence ses balbutiements dans la technologie, et le téléphone entre dans les habitudes. Bien évidemment à l’époque, seuls les nantis le possèdent avec le café du coin ! Cet instrument, loin d’être greffé à nos mains, n’en est qu’à ses débuts et il faut encore passer par un standard pour obtenir son interlocuteur !
À l’époque des standards téléphoniques
Marthe, Denise et Jeanne sont des demoiselles travaillant au P.T.T au standard téléphonique, poste tout nouvellement créé. Toute leur journée se résume à diriger les appels ! Pour expliquer aux plus jeunes et pour ceux qui auraient la mémoire qui flanchent et auraient oublié le fameux sketch de Fernand Raynaud, le 22 à Asnières, lorsque l’on décrochait son téléphone on tombait sur une opératrice qui nous mettait en relation avec une autre personne. Et elle demandait à cet autre s’il voulait prendre la communication. Il y avait donc un échange ! Il arrivait même que la demoiselle des postes sympathise avec l’usager ! Vous nous voyez venir !
Un trio aux en couleurs
C’est Denise (Bérénice Boccara) qui va trouver l’idée de base, Marthe (Odile Blanchet) qui va la mettre en pratique et Jeanne (Sana Puis) qui va en faire un véritable business. Tout ceci ne se fait pas en un jour et de nombreuses aventures leur arrivent. Au-delà de l’intrigue, les autrices nous font revivre les Années Folles à travers leurs personnages finement dessinés. Marthe est une grande gigue dont le rêve est de trouver un homme qui pourra la faire vivre décemment. Mais l’homme dans les années 20, c’est un peu une denrée rare ! Denise est une fille à papa qui aime son indépendance et faire la fête. Et cette dernière est à son apogée en cette période où l’on veut oublier les atrocités des tranchées. Quant à Jeanne, elle a roulé sa bosse et en bonne fille du macadam souhaite une vie plus stable.
Une mise en scène au cordeau
Dans une mise en scène qui ne laisse rien au hasard, Jean Laurent Silvi les a dirigées avec une finesse d’esprit qui sied à celui de la pièce. Divisant le plateau en trois, d’un côté le café du coin, de l’autre la chambre des filles et au milieu le standard, la scénographie d’Olivier Prost est magnifique. C’est assez impressionnant connaissant le plateau du Paradis ! Du coup on est totalement immergé dans le spectacle.
Marie-Céline Nivière
La ligne rose d’Odile Blanchet, Bérénice Boccara et Sana Puis
Festival Off Avignon
La condition des soies
13, rue de la Croix
84000 Avignon.
Du 2 au 21 juillet 2024 à 20h35, relâche les 8 et 15 juillet.
Durée 1h15.
Festival Off Avignon – La condition des soies.
13, rue de la Croix 84000 Avignon.
Du 7 au 29 juillet 2023 à 20h45, relâche les mardis.
Théâtre Lepic
1 avenue Junot
75018 Paris
reprise jusqu’au 30 octobre 2022.
Lucernaire
53 rue Notre-Dame des Champs 75014 Paris
Du 1er septembre au 31 octobre 2021
Mise en scène de Jean Laurent Silvi
Asssité par Nastassia Silve
Scénographie d’Olivier Prost assisté de Lucas Thébault
Lumières d’Eric Milleville
Costumes de Claire Avia
Musique de Matthieu Rannou
Crédit photos © Bénédicte Karyotis