Alors que la tempête Grace vient de balayer la péninsule Yucatan, Nova Materia invite, avec son dernier album Xpujil, à un voyage sonore au cœur profond de la jungle mexicaine. S’imprégnant des sons de la nature, des bruits endémiques de ces contrées sauvages, qu’il mâtine d’arrangements doux, électroacoustique, le duo franco-chilien immerge son dans un monde mystique, pénétrant et intensément relaxant.
Portés par l’atmosphère reposante autant qu’angoissante des sous-bois d’Amérique Latine, Caroline Chaspoul et son compagnon Eduardo Henriquez s’enivrent de hululements, de bruissements, de souffles du vent pour les mixer de sonorités singulières autant qu’envoûtantes en tapant sur des cailloux, des gongs graves, en jetant quelques objets dans le lointain. L’effet est magique. Tout s’efface pour ne laisser place qu’au vert des arbres, aux veinures des troncs centenaires, aux yeux perçants de quelques animaux tapis dans l’ombre.
Constitué d’une seule plage de plus de 40 minutes, Xpujil est une balade sonore et méditative au cœur d’une cité maya du Yucatán, et de son environnement protégé, la réserve de biosphère de Calakmul. Grâce à enregistreur binaural fort simple, placé dans des lieux stratégiques de ce coin de paradis tropical, Nova Materia a su capter l’essence même de cet endroit unique pour mieux le retranscrire, lui donner une dimension autre, plus lente, plus ouatée.
Accompagnés dans cette aventure par Ikue Mori, compositrice de musique électroacoustique, et du violoncelliste Gaspar Claus, le duo réinvente une nature magnifiée, un moment de trance sonore qui fait fi du quotidien morose et offre un instant suspendu particulièrement ensorcelant. À vos écouteurs sans tarder !
Olivier Frégaville-Gratian d’Amore
Xpujil de Nova Materia
Editions Import
Crédit photos © Philippe Levy