Dans le Londres frigorifié, rationné et toujours marqué par les stigmates de la Seconde Guerre mondiale, Patrick McGarth invite à plonger dans les tourments d’une famille de comédiens secouée par la mort du fringant et charismatique patriarche. Autour de la veuve, la belle et un brin alcoolique Joan Grice, de sa fille, la fragile Vera, et du mari de cette dernière, le peu sympathique Julius, tout ce que compte de célèbre, de connu la capitale britannique s’est réunie. Ils sont tous là pour dire adieu au grand artiste.
Histoire d’amour, de passion, de haine, La Costumière est un voyage au cœur de l’âme humaine, de ce qui anime sa flamme. Roman psychologique autant que portrait d’une société qui cherche tant bien que mal à se reconstruire, l’œuvre de McGarth flirte avec le fantastique, avec une réalité légèrement distordue. S’aventurant dans les zones sombres de la psyché, dans les ambiguïtés de ses personnages, dont les attitudes, les grands traits de caractères semblent empruntés aux héros en perdition des grandes tragédies élisabéthaines, il entraîne le lecteur dans les coulisses et les ors des théâtres, dans une ville meurtrie où les cratères des bombes sont toujours visibles, ou le fascisme n’a pas encore dit son dernier mot.
De sa plume ciselée, Patrick McGarth signe un roman choral où s’entremêlent différentes voix, une descente aux enfers où se chevauchent passé et présent. Bien que la ligne narrative se perde parfois, on se laisse griser par les mots, les descriptions, l’odeur surannée qui se dégage des pages, la puissance évocatrice d’une autre époque, d’un temps pas si lointain où l’on survivait, plus qu’on ne vivait.
Olivier Frégaville-Gratian d’Amore
La costumière de Patrick McGarth
Traduction de Jocelyn Dupont
Editions Acte Sud
Mars, 2021
11.50 x 21.70 cm
336 pages