Anne Baquet ©Michel Nguyen

Anne Baquet, son expérience au Fringe Festival d’Edimbourg

De retour d'Édimbourg, la soprano Anne Baquet nous raconte son aventure écossaise au Fringe depuis Paris !

Créé en 1947, le Festival International d’Edimbourg, qui attire chaque année plus de 4 millions de personnes et 25 mille artistes de plus de 70 pays, est un des événements culturels majeurs de l’été. Cette année, Covid oblige, son édition, qui a eu lieu du 6 au 30 août, a dû s’adapter à la pandémie. Anne Baquet nous raconte son aventure écossaise au Fringe depuis Paris !

Qu’est-ce que le Festival International d’Edimbourg ?

Anne Baquet : C’est Le festival international du spectacle vivant au monde. On y trouve de grandes pointures comme le philharmonique de Radio France, le chef d’orchestre Simon Rattel, les grands chanteurs. Ce festival est très basé sur la musique classique. Il y un peu de musique du monde, un peu de théâtre. C’est un peu, comme le In.

Et le Fringe en est le off ?

Anne Baquet : Tout à fait ! C’est énorme ! On y trouve des spectacles venus du monde entier, du cirque, du spectacle de rue, du théâtre, des opéras, du théâtre musical, des concerts, one man show, stand up… On y trouve des vedettes, des troupes institutionnelles, mais aussi des petites compagnies ! Bien sûr, c’est essentiellement des spectacles anglophones, car qui dit international dit anglophone ! Les spectacles francophones sont très rares ! Il y a plus de 3 000 spectacles durant un mois. C’est un peu comme le festival d’Avignon le OFF mais fois deux ! 

Quelles sont les différences entre Edimbourg et Avignon, les deux grands événement de l’été ?

Anne Baquet : Ce n’est pas comparable ! À Edimbourg, il y a aussi bien des énormes structures d’Angleterre comme le Barbican de Londres, du monde entier, comme le théâtre de Sydney, ainsi que des universités mondiales, des pays comme la Chine, Shanghai, qui présentent des spectacles ou viennent faire leur marché aussi bien au Festival International qu’au Fringe. Les spectacles ne sont pas obligés de faire tout le festival, il y a un choix multiple qui va d’un jour à tout le mois ! Le Festival d’Avignon est en majorité français, avec des programmateurs français, et à Edimbourg il n’y a pas de programmateur français ! Je pensais que le Fringe ne se déroulait qu’à Edimbourg, mais, en fait, la manifestation a ouvert son champ d’action et sillonne le monde. Ils ont une édition au Québec, en Australie, et il y en a une qui va se créer à Istanbul ! C’est extrêmement bien organisé. 

C’est un vrai marché ?

Anne Baquet : Oh oui ! À l’intérieur, il y a le Fringe connecte qui met en liaison toutes les compagnies qui s’inscrivent pour des échanges, des colloques, des propositions, des gens qui laissent de CV. Tout est catégorisé ! Si tu cherches un maquilleur, tu sélectionnes make-up et tu tombes sur une liste. J’ai vu une annonce : Je cherche un technicien en urgence ! Cette année, c’est un peu exceptionnel, car tout se passe en ligne, mais normalement, il y a des podiums installés dans toute la ville, sur lesquels les artistes ont un quart d’heure vingt minutes pour présenter leur spectacle. Imaginez la place de l’horloge, la rue de la république à Avignon avec plein de podiums. Cette année, avec les restrictions sanitaires, sur les 3 000 spectacles habituels, il n’y en avait plus que 1 000 !

J’imagine que vous y avez été, racontez-nous cette ambiance ?
Anne Baquet Affiche Fringe ABC d’Air

Anne Baquet : Je suis allée en 2019 pour voir comment c’était. J’y ai vu six spectacles en trois jours. C’est génial, parce que c’est bien organisé. Il n’y a pas de papiers par terre, pas d‘affichages sauvages, contrairement à Avignon. On peut réserver six mois à l’avance ! Il y a tous les prix. Cela joue partout même dans les petits pubs ! Il y a des bars partout. On peut manger n’importe où. Edimbourg étant une ville étudiante, la plupart des étudiants sont monopolisés pour le festival. Il y a donc un service constant. Ils sont là pour répondre aux demandes, aider à trouver le théâtre que tu cherches… Comme à Avignon, il y a le bottin. À vrai dire, Il y en a même plusieurs. Il y a le général et trois ou quatre autres édités par les grosses productions, les gros théâtres qui s’installent à Edimbourg durant le festival. Il y a des grosses structures qui ont cinq ou six lieux avec dans chacun d’entre eux 10 spectacles, ce qui veux dirent qu’ils en présentent une soixantaine. 

Comment vous êtes-vous retrouvée à faire le Fringe ?

Anne Baquet : En 2019, l’institut Français de Londres m’a contacté et demandé si cela m’intéressait de jouer dans le cadre du Festival d’Edimbourg. L’Institut Français venait de restaurer une salle dans le consulat qui se trouve dans le centre-ville d’Edimbourg et il souhaitait se positionner dans le festival chaque année. 2020 devait être la première fois où l’Institut présenterait une véritable programmation. Il était donc prévu un programme de cinq spectacles dont le mien, Soprano en Liberté, que j’avais aménagé pour l’occasion. J’avais concocté, un medley de mes meilleurs moments visuels, avec des chansons en russe, en anglais pour que ce soit vraiment international. Cela durait 1 heure, car on ne pouvait pas dépasser cette durée. Il faut savoir que les spectacles sont plus courts là-bas. Voilà ce qui était prévu. Covid oblige, l’édition de 2020 est annulée. 

Et que se passe-t-il ensuite ?
Anne Baquet ABC d’Air ©Michel Nguyen

EAnne Baquet : En automne 2020, l’Institut Français nous recontacte en nous disant que le festival aura bien lieu en 2021 et nous demande si l’on souhaite se positionner avec notre spectacle. En début d’année, comme le virus est toujours là et complique tout, l’Institut Français nous annonce qu’il ne sait pas si les étrangers vont pouvoir venir. Puis, il a été décidé que les spectacles qui ne viennent pas du territoire britannique se feront en ligne. On a pris le temps de réfléchir. On se demandait ce que l’on allait faire en ligne ? Si cela avait de l’intérêt ? Et puis, je me suis dit que c’était quand même bien d’y être, même si on n’y étaitpas ! Donc on s’est positionné et le spectacle  a été retenu pour le festival 2021. 

Ce n’est pas avec le spectacle Soprano en liberté mais avec ABC d’Air, pourquoi ?

Anne Baquet : Comme nous n’avions pas de vidéo pour Soprano en liberté, qui je le rappelle est une création, nous avons décidé de prendre le spectacle ABC d’Air qui a été filmé au Lucernaire par la production Les films d’un jour. L’institut Français a validé, c’est ainsi que l’on se retrouve avec ABC d’Airs programmé au Fringe. 

Dans la version française ?

Anne Baquet : Le film était fait, on ne pouvait pas faire autrement ! Au Lucernaire, nous avions eu des étrangers, cela n’avait pas eu l’air de les gêner plus que ça. Le spectacle est quand même basé sur la musique et le visuel ! 

Comment cela s’est-il passé ?
Anne Baquet Affiche de Savignac

Anne Baquet : On a été mis en ligne fin juillet sur le site de l’Institut Français (www.ifecosse.uk), sur la page qui s’appelle Vive le Fringe. Il existait plusieurs possibilités de mise en Online, comme ils disent là-bas. La première était un planning dans lequel on décide de l’heure à laquelle le spectacle va être projeté en ligne ; la deuxième, la version On-demand, à la demande, où le spectateur peut choisir le jour et l’heure qu’il veut. C’est cette dernière que nous avons choisie. Les personnes passent par le site, achètent un billet et peuvent visionner la vidéo quand ils veulent entre le 6 et le 30 août. On a eu des places de vendues quand même. Une centaine ! Chose étonnante ! On a eu un bon article sur un blog anglais. Après, est-ce que tu vends du spectacle en ligne ? Ça, je ne le sais pas ! C’est la première fois au monde que cela se fait. On est dans l’inconnu, c’est tout nouveau.

Pensez-vous qu’un spectacle français à ses changes au Fringe ?

Anne Baquet : Beaucoup se sont cassés les dents ! Je pense que si on vient faire le Fringe en live, il nous faut un attaché de presse et un diffuseur sur place, des anglophones évidemment. Ce qui veux dire qu’il faut un budget pour ça. Il ne faut pas venir la fleur au fusil ! En tout cas, cela m’amuserait de faire, Soprano en Liberté, pour voir comment le public anglophone réagirait ! Pour avoir un écho différent. Donc nous avons demandé si l’on pouvait se repositionner pour l’année prochaine. On verra bien ! 

Propos recueillis par Marie-Céline Nivière

Fringe festival

Crédit photos © Michel Nguyen et © DR

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