Hors les murs de la cité des Papes, à Villeneuve-Lez-Avignon, Laetitia Guédon, directrice des Plateaux Sauvages, insuffle la vie aux mots puissamment engagés de Marie Dilasser. Questionnant la place des femmes dans les sociétés d’hier, d’aujourd’hui et de demain, l’autrice et la metteuse en scène réveille de son sommeil éternel, Penthésilée, reine des Amazones tombée mortellement amoureuse d’Achille.
Loin de la pièce d’Heinrich von Kleist, qui a sorti de l’ombre le destin tragique de la fière guerrière, le mythe de Penthésilée est ici diffracté, explosé afin d’esquisser une nouvelle figure féminine, débarrassée du carcan machiste qui lui colle depuis trop longtemps à la peau. Interrogeant le rapport au pouvoir, à la puissance, la plume singulière, complexe, de Marie Dilasser a tout d’un manifeste politique au goût du jour, conjuguant en une seule partition féminisme, écologie, etc.
À trop vouloir dire, le public finit par s’y perdre. Heureusement, la mise en scène poétique et imaginée de Laëtitia Guédon retient l’attention, émerveille et touche à l’âme. Portée par les belles voix d’un chœur de femmes – Sonia Bonny, Juliette Boudet, Mathilde de Carné, Lucile Pouthier – , la danse hypnotique de Seydou Boro et les présences scéniques lumineuses et fortement habitées de Marie-Pascale Dubé et Lorry Hardel, Penthésilé·e·s Amazonomachie gagne à s’évader du texte, pour vagabonder dans un rêve éveillé tout aussi évocateur et engagé.
Olivier Frégaville-Gratian d’Amore
Penthésilé·e·s Amazonomachie de Marie Dilasser
Festival d’Avignon
La chartreuse de Villeneuve-Lez-Avignon
58 rue de la République
Villeneuve-Lez-Avignon
Jusqu’au 13 juillet 2021 à 16h00
Durée 1h40
Conception et mise en scène de Laëtitia Guédon
Avec Seydou Boro, Marie-Pascale Dubé, Lorry Hardel
Et Sonia Bonny, Juliette Boudet, Mathilde de Carné, Lucile Pouthier (chœur)
Musique et son de Jérôme Castel, Grégoire Letouvet, Nikola Takov
Lumière de Léa Maris
Scénographie de Charles Chauvet
Vidéo de Benoît Lahoz
Costumes de Charles Chauvet, Charlotte Coffinet
Assistant à la mise en scène Quentin Amiot
Crédit photos © Christophe Raynaud de Lage