Quel est votre premier souvenir d’art vivant?
Mon premier souvenir est une opérette que j’ai vue quand j’avais 6/7 ans dans un petit théâtre et qui m’a laissé un profond souvenir. C’était une histoire d’amour qui se déroulait au Moyen-âge je crois et je me suis longtemps rappelée les chansons. Je l’ai beaucoup rejouée seule dans ma chambre et aussi avec des cailloux l’été suivant sur un muret au soleil.
Quel a été le déclencheur qui vous a donné envie d’embrasser une carrière dans le secteur de l’art vivant ?
Peut-être cette opérette… Elle y a sûrement contribué. Le goût des histoires. L’envie de s’en raconter pour de vrai avec d’autres. Alfred de Musset, Paul Claudel, Bernard Marie Koltès, trois écrivains essentiels à l’adolescence, que j’ai découverts en prenant des cours de théâtre.
Plus tard, sont venues les femmes écrivaines Marguerite Duras, Marie NDiaye, Sarah Kane, Anja Hilling, Marion Aubert, Marie Dilasser …
Qu’est-ce qui a fait que vous avez choisi d’être comédienne, dramaturge et metteuse en scène ?
J’ai d’abord eu envie d’être comédienne pour incarner des personnages, pour rentrer à l’intérieur des histoires, du livre, de la pièce de théâtre. Et puis ça n’a pas été suffisant. J’ai repris l’écriture que j’avais commencée très jeune, comme tout le monde, en commençant mille bouts de tout et de n’importe quoi, et j’ai écrit une pièce jusqu’à son terme dans un grand état de joie, presque d’euphorie, que j’ai rarement retrouvé par la suite.
Le premier spectacle auquel vous avez participé et quel souvenir en retenez-vous ?
L’entretien du solitaire, l’adaptation pour la scène de la dernière interview de Bernard-Marie Koltès par Lucien Attoun. C’est un projet que nous avions initié lors de notre dernière année de formation au TNS avec Michel André. Nous avons demandé à Jean-Gabriel Nordmann, qui avait été l’un de nos intervenants, de faire la mise en scène. Au départ, nous voulions jouer Tabataba, mais la pièce devait être interprétée par une actrice et un acteur noirs. Nous avons été confrontés à des problèmes de droits d’auteur. Nous avons dû changer de titre, faire évoluer le projet. Nous étions soutenus par Le TNS, le théâtre de Belfort. Je crois que j’étais un peu inconsciente de ce que ça représentait. Cela a été un projet formateur à plus d’un titre.
Votre plus grand coup de cœur scénique ?
Mademoiselle Julie de Strinberg mise en scène Matthias Langhoff, Hamlet de Shakespeare mise en scène par Chéreau, Tous des indiens d’Arne Sierens et Alain Platel.
Quelles sont vos plus belles rencontres ?
Les rencontres décisives, je dirai plutôt. Philippe Delaigue et Christophe Perton, que j’ai d’abord rencontrés comme comédienne, et qui m’ont proposé de devenir auteure associée à la Comédie de Valence. Vincent Garanger. La troupe de la comédie de Valence, les actrices et les acteurs qui m’ont adoubée et accompagnée dans mes premières mises en scène, Anthony Poupard, Hélène Viviès, puis Gauthier Baillot, Olivia Chatain. L’équipe du Préau à Vire de 2008 à 2018. Les écrivains amis qui m’accompagnent, Fabrice Melquiot, Samuel Gallet. Et celles et ceux que je continue à rencontrer aujourd’hui
En quoi votre métier est essentiel à votre équilibre?
Écrire est nécessaire. Jouer est une discipline et un exercice d’une grande exigence, à la fois très attirant et assez repoussant qui vous indique où vous en êtes. J’envisage la mise en scène comme un travail d’équipe. Les trois contribuent d’une manière ou d’une autre à tenter d’être en éveil.
Qu’est-ce qui vous inspire ?
Tout et n’importe quoi. L’époque, un article,une conversation, un souvenir. En période d’écriture, on est comme une éponge. Après, il faut travailler.
De quel ordre est votre rapport à la scène ?
Il change avec le temps, mais il reste toujours un peu respectueux et magique.
À quel endroit de votre chair, de votre corps situez-vous votre désir de faire votre métier ?
Le ventre.
Avec quels autres artistes aimeriez-vous travailler ?
Avec des artistes talentueux et humains comme aujourd’hui.
À quel projet fou aimeriez-vous participer ?
Nous avons mené une aventure assez folle à Vire au Préau durant dix ans de 2008 à 2018 avec l’ensemble de l’équipe présente ces années-là et les artistes qui ont collaboré à cette histoire. Ce sont les rencontres qui guident et apportent les projets. Espérons d’autres rencontres, d’autres folies d’autres sortes.
Si votre vie était une œuvre, quelle serait-elle ?
Oh la la, comment répondre ? Une vie n’est pas une oeuvre. Même terminée, elle n’est pas close et ne se résume pas.
Olivier Frégaville-Gratian d’Amore
Normalito de Pauline Sales
Commande de Fabrice Melquiot
Théâtre Am Stram Gram
Festival d’Avignon le OFF
11.Avignon
Boulevard Raspail
84000 Avignon
du 7 au 29 juillet à 09h45 – Relâches : 12, 19, 26 juillet
Durée 1h15
Crédit portrait © Juliette Sales
Crédit photos © Ariane Catton