Petit détour à Limoux, pour Duc et Pioche de Jean-Marie Besset, au festival Nava (Nouveau Auteurs dans la Vallée de l’Aude), qui présente sa XXIIe édition du 22 juillet au 1er août.
Souvenir, souvenir
Je n’étais pas revenue depuis 2010, année où j’avais enchaîné avec bonheur, deux pièces dans lesquelles jouaient le regretté et talentueux Michel Aumont : Les heures blanches de Niels Arestrup, mis en espace par Fabian Chappuis, et Aller chercher demain de Denise Chalem. J’y ai aussi découvert Tokyo Bar de Tennessee Williams, adapté par Jean-Marie Besset, mis en espace par Gilbert Desveaux, avec Marthe Keller, Nils Arestrup et Laurent d’Olce.
Maxime d’Abboville en route pour Paris
Cette nouvelle édition a été inaugurée par Maxime d’Aboville avec son spectacle La Révolution, mis en scène par Damien Ricoteau. Ne pouvant, cette année, ne faire qu’un saut de puce, je n’ai pu y assister, mais je me rattraperai à Paris, en octobre, au Poche Montparnasse. Devant les compliments faits par les spectateurs à Maxime d’Aboville, dans la cour du Château de Flandry avant la représentation de Duc et Pioche, il est évident que l’artiste a séduit son auditoire.
Le nouveau Besset
Duc et Pioche nous plonge aux XVIIe siècle, celui où l’on aimait la belle langue, celle qu’aujourd’hui l’on qualifie de Molière. Nous sommes à Paris, dans l’appartement de la Comtesse de La Fayette, née Pioche. Elle y a convié son vieil ami, le Duc de La Rochefoucauld et lui propose de l’accompagner par ses conseils sur le roman qu’elle souhaite écrire. Une œuvre qui ne ressemblera à aucune autre. L’homme des Maximes acceptera l’enjeu et viendra tous les jours travailler avec elle. Vous l’avez compris, il s’agit de La Princesse de Clèves !
Une écriture fine
Dans une écriture brillante, Besset imagine le dialogue entre ces deux êtres d’exception, les plongeant dans leur siècle assez frondeur où les femmes savantes commençaient à pouvoir s’exprimer. Ne se limitant pas à la joute littéraire, Besset trace le portrait de deux personnes de sexes opposés qui ont su maintenir entre elles, une belle et solide amitié. La pièce se clôture par cette phrase : « Monsieur de La Rochefoucauld m’a donné de l’esprit, mais j’ai réformé son cœur. » Dirigés finement par Nicolas Vial, accompagnés par Charles Bonnet au clavecin, Jean-Claude Drouot et Sabine Audepin ont donné beaucoup de corps et de sentiments à ces échanges empreints de tendresse.
Une programmation écléctique
Le festival continue sa route avec Minotaure de Yannis Ezziadis, mis en scène par Sébastien Rajon (le 27), Odette Libre de Jean-Marie Besset, mis en espace par Régis de Martin-Donos, avec Fernanda Barth (le 28), La Traviata de Lisbonne de Terrence McNally, mise en espace de Nicolas Vial, avec Daniel-Jean Colloredo, Jean-Marie Besset, Valentin de Carbonnières, Anthony Devaux (le 29 juillet et 1er août), Vacarmes de François Perrache, mis en scène par Thomas Pouget, avec Sylvain Lecomte, Valentin Clerc, Thomas Pouget (Le 30) et pour finir La passion suspendue d’après Duras, adaptation et mise en scène par Bertrand Marcos, avec Fanny Ardant (le 31).
Marie-Céline Nivière
Festival Nava
11300 Limoux
Du 22 juillet au 1er août
Crédit photos © Blithe Williams