Lamenta de Koen Augustijnen et Rosalba Tores Guerrero. Festival d'Avignon © Christophe Raynaud de Lage

Lamenta, une transe danse en noir et blanc

Au Festival d'Avignon, le duo Koen Augustijnen et Rosalba Tores Guerrero invitent à une plongée dans les rites funéraires grecs.

Lamenta de Koen Augustijnen et Rosalba Tores Guerrero. Festival d'Avignon © Christophe Raynaud de Lage

Sur un plateau nu, cour minérale à Avignon, le duo de chorégraphes, Koen Augustijnen et Rosalba Tores Guerrero – magnifique interprète de Philippe Découflé, d’Anne Teresa de Keersmaeker puis d’Alain Platel, dont nous avions pu découvrir la foisonnante créativité dans un duo avec Rocio Molina à Chaillot dans le cadre d’une carte blanche offerte à la chorégraphe espagnole – invite à plonger dans les rites grecs, les danses pour les morts, les disparus, les exilés. 

Portés par les chants traditionnels, les miroloi d’Épire – région située au Nord de la Grèce, sorte de lamentations instrumentales et vocales entonnées à l’occasion de fêtes, de funérailles, neufs danseurs investissent le plateau, le font vibrer de leur coup de reins, de le mouvement tournoyants, de leur gestes envoûtants. Habillés de noir, de blanc, ils entrent lentement, puis accélère la cadence dans une transe effrénée qui les conduit à une félicité, un épuisement salvateur. 

Nuque contre nuque, tours sur les genoux, pirouettes, sauts, les interprètes se donnent entièrement, jusqu’à l’oubli d’eux même, à l’écriture de deux chorégraphes qui puisent leur inspiration dans les us et coutumes grecs. Étonnement, c’est d’autres images, d’autres interprétations qui viennent se surexposer, venant d’autres cultures, celles des tsiganes, des slaves, des Israéliens. Comment lorsqu’ils sont tournés vers la muraille de pierre blanche de la cour minéral, ne pas y voir une prière au mur des lamentations ? Le lieu, la thématique choisie par Koen Augustijnen et Rosalba Tores Guerrero, s’y prêtent en tout. 

Puissamment habitéepar les neufs artistes, tous d’origine hellénique, la scène, puis la salle, se laisse emporter vers un ailleurs, une allégresse, une folie où tout chavire, le noir devient lumière.

Olivier Frégaville-Gratian d’Amore

Lamenta de Koen Augustijnen et Rosalba Tores Guerrero
Bruxelles – Athènes / Création 2021
Festival d’Avignon
Cour minérale
74 rue Pasteur
84000 Avignon
Jusqu’au 15 juillet 2021
Durée 1h00

Chorégraphie de Koen Augustijnen, Rosalba Torres Guerrero
Avec Konstantinos Chairetis, Spyridon Christakis, Petrina Giannakou, Lamprini Gkolia, Christiana Kosiari, Athina Kyrousi, Dafni Stathatou, Alexandros Stavropoulos, Taxiarchis Vasilakos

Direction musicale deXanthoula Dakovanou – Avec Magic Malik (flûte, voix), Nikos Filippidis (clarinette) et quatorze musiciens grecs 
Dramaturgie de Georgina Kakoudaki, Guy Cools 
Environnement sonore de Sam Serruys 
Lumière de Begoña Garcia Navas 
Costumes de Peggy Housset

Crédit photos © Christophe Raynaud de Lage

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