Au théâtre de la Criée, dans le cadre du Festival de Marseille, après les Célestins – Théâtre de Lyon, Lisaboa Houbrechts présente I Silenti, un spectacle à la frontière des arts vivants imaginé par le saxophoniste Fabrizio Cassol, afin de rendre hommage à l’âme Rom. Auteure et metteuse en scène, elle cisèle l’espace, met en scène les chants et lamentos inspirés de la musique de Monteverdi et mâtinés de chants tziganes. Cofondatrice en 2012 du collectif d’artistes gantois Kuiperskaai, qu’elle quitte en 2019 pour voler de ses propres ailes, elle a l’art précieux de conjuguer sur scène arts plastiques, arts visuels, sons et mouvement.
Quel est votre premier souvenir d’art vivant ?
Dans mon village natal, Carmen danse sur la place du marché.
Quel a été le déclencheur qui vous a donné envie d’embrasser une carrière dans le secteur de l’art vivant ?
La scène elle-même.
Qu’est-ce qui a fait que vous avez choisi d’être écrivaine et metteuse en scène ?
C’était une façon de se détacher de tout ce qui pouvait me détruire en plongeant dans les mots, les images et les histoires qui ouvre vers d’autres fins.
Le premier spectacle auquel vous avez participé et quel souvenir en retenez-vous ?
Pinocchio. J’ai dansé dans le ballet des enfants, mais comme je ne savais pas comment sautiller, j’ai dû jouer le personnage principal en bois. J’avais sept ans et je me souviens comment je me suis emmêlée entre toutes les jambes de filles.
Votre plus grand coup de cœur scénique ?
La Tragedia Endogonidia, Isabella’s Room, Requiem Pour L.
Quelles sont vos plus belles rencontres ?
Il y a des rencontres avec des personnes ou des environnements spécifiques qui te nourrissent et te réconfortent de l’intérieur. Elles te remettent en contact avec la raison de vivre. Ce sont les moments où j’ouvre les yeux et où j’essaie d’absorber chaque partie de l’image et du moment. Je revis ces moments, ces rencontres, et ce sont ces endroits particuliers que je porte en moi et qui augmentent la qualité de ma solitude par la suite. C’est une sorte de sentiment indescriptible qui peut soudainement et uniquement apparaître dans l’intimité et la connexion.
En quoi votre métier est essentiel à votre équilibre ?
Artaud a écrit que le théâtre est comme la peste. Vous injectez un peu de poison dans le sang de la communauté afin de la guérir. Le théâtre peut contribuer à l’équilibre par une confrontation.
Qu’est-ce qui vous inspire ?
Le détail étrange dans des rêves.
De quel ordre est votre rapport à la scène ?
Transformation et transgression.
À quel endroit de votre chair, de votre corps, situez-vous votre désir de faire votre métier ?
Sous mon diaphragme
Avec quels autres artistes aimeriez-vous travailler ?
Je travaille avec une grande équipe d’acteurs, de chanteurs, de musiciens, de plasticiens, de costumiers, de techniciens qui m’inspirent pour construire un spectacle à travers des échanges de pratiques. Pour chaque création les équipes changent. Je suis toujours à la recherche de collaborations de toutes sortes. C’est le contenu du spectacle lui-même qui me dit quelles collaborations sont nécessaires et je suis cette intuition pour rencontrer des artistes divers.
À quel projet fou aimeriez-vous participer ?
Aux villes aériennes flottant sur le souffle et la chaleur du soleil que Tomas Saraceno est en train de construire avec son aéroscénisme écologique.
Si votre vie était une œuvre, quelle serait-elle ?
Dulle Griet (Margot La Folle), peinte par Pieter Bruegel.
Olivier Frégaville-Gratian D’Amore
I Silenti d’après Claudio Monteverdi
Festival de Marseille
Théâtre de la Criée
30 quai de Rive Neuve
13007 Marseille
Jusqu’au 20 juin 2020
Durée 1h30 environ
Composition de Fabrizio Cassol
Voix et violon Tcha Limberger
Mise en scène de Lisaboa Houbrechts
Danse Shantala Shivalingappa
Avec Claron McFadden, Nicola Wemyss, Jonathan Alvarado (voix), Tcha Limberger (voix et violon), Philippe Thuriot (accordéon), Vilmos Csikos (contrebasse), Simon Leleux (percussions), Georgi Dobrev (kaval)
Scénographie d’Oscar Van Der Put
Costumes d’An Breugelmans
Lumière de Carlo Bourguignon
Son de Carlo Thomson, Guillaume Desmet
Conseil à la dramaturgie Christian Longchamp
Crédit photos © Justin Paquay et © Kurt Van Der Elst