À ceux qui ne vont pas fuir la capitale en juillet, on conseille cette Fugue nuptiale, une comédie de mœurs, fraîche et originale, écrite par Stéphane Hervé et mise en scène par Jean-Philippe Azéma. Si vous voulez savoir pourquoi Simon fait de son mariage un fiasco, rendez-vous au théâtre des Mathurins.
Mais qu’est-ce qu’il lui a pris à Simon ? Cela ne se fait pas ! Alors qu’il avait toujours refusé à Mary de l’épouser, voilà qu’après 10 ans de vie commune, il organise pour sa dulcinée un mariage surprise dans son Irlande natale ! Il avait tout prévu, la famille, les amis, le gâteau, et même la robe ! Et tout ça derrière son dos ! A votre avis, qu’elle a été la réaction de la promise ? Et, oui, elle est partie en courant, plantant les invités et surtout Simon qui n’arrive pas à s’en remettre, le pauvre comme dirait sa mère !
Un ratage en règle
La bonne idée de l’auteur a été d’explorer les raisons de ce grand ratage. Il s’est concentré sur Simon, bien sûr, mais aussi sur la garde rapprochée, qui le connaît bien, sa mère, son père, son meilleur ami et la demoiselle d’honneur de sa petite amie. Avec leur sincérité, leurs petits et gros défauts, leur tendresse et leur agacement, tous vont disséquer le pourquoi du comment. Si chacun apporte son grain de sel, les discussions vont bien évidemment dépasser le sujet et déraper vers des règlements de comptes et des mises au point. Nos existences sont tributaires de celle des autres, ça c’est pour les parents. Quant aux amis, ils contribuent également à notre construction, c’est aussi pour cela qu’on les choisit !
Une comédie dans les règles de l’art
Le sujet principal de la pièce est l’engagement, celui qu’il faut savoir faire à un moment donné et pas seulement le jour de son mariage et qu’il ne faut pas confondre engagement avec petits arrangements que l’on fait avec la vie. Comme son cousin québécois, Simon Labrosse, ce Simon-là a bien du mal à s’aventurer dans le monde et à y trouver sa place. Il n’avait pas compris que l’amour de Mary était l’élément moteur qui lui donnait l’impulsion. Maintenant, qu’elle est partie, il se retrouve tout désarmé comme un enfant, celui qu’il a toujours refusé de laisser grandir en lui. Montrant avec subtilité les failles de son personnage, Fabrice Hertaut est formidable dans ce rôle si attachant !
Une troupe en folie
Dans le rôle des parents terribles qui portent une sacrée responsabilité dans les dysfonctionnements affectifs de leur fils, ont retrouvé deux êtres que tout à toujours opposé. Marie-Hélène Lentini, toujours aussi parfaite avec ses sens de la rupture et du comique, ne force jamais le trait dans cette mère juive qui n’a jamais su y faire. Jean-Yves Chilot, en père absent et fuyant, qui a toujours joué de ses charmes pour cacher ses fragilités, est des plus touchants. Dans le rôle de meilleurs amis, jouant sur les contrastes, le duo Olivier Yéni – Marie-Aline Thomassin fonctionne parfaitement. Elle est volubile, parce que le silence lui fait peur, il est narcoleptique parce que la réalité le dépasse.
Une écriture ciselée
La construction de la pièce est originale, avec ses flashs back, sa rythmiques, ses cassures. La mise en scène judicieuse de Jean-Phillipe Azéma va en ce sens et s’inscrit parfaitement sur la scène du Petit Mathurins. Le dispositif scénique fonctionne très bien. Ici pas de sorties de comédiens ! Comme sur un ring, chacun va s’assoir sur les côtés de la scène lorsqu’il n’est plus de la partie et regarder ce qui se passe au centre. Mais, il n’en demeure pas moins attentif à ce qui se dit et se fait. Cela crée une belle harmonie à cette fugue où chaque note a son importance. On rit, bien sûr, mais on est aussi ému, et cela fait du bien.
Marie-Céline Nivière
Fugue nuptiale de Stéphane Hervé
Petite salle du Théâtre des Mathurins
36 rue des Mathurins
75008 Paris
Du 23 juin au 24 juillet 2021
Du mercredi au samedi 20h, relâche le 14 juillet
Durée 1h30
Mise en scène Jean-Philippe Azéma
Avec Jean-Yves Chilot, Fabrice Herba, Marie-Hélène Lentini, Marie-Aline Thomassin et Olivier Yeni
Crédit photos © Ruth Guillaume
