R-A-U-X-A d'Aina Alegre. June Events. Atelier de Paris CDCN © Jean-Gros Abadie

June Events continue les avant-premières créatives

Avant de pouvoir enfin accueillir du public, l’Atelier de Paris – CDCN ouvre, en amont, à quelques pros, son festival June Events, et présente les création de Madeleine Fournier et d'Aina Alegre.

En ce samedi 8 mai, La pelouse devant le théâtre de l’Aquarium est envahie. Assis à bonne distance, les uns des autres, nombreux sont venus assister à la présentation en plein air de Platonov d’Anton Tchekhov, mise en scène d’Annabelle Zoubian, organisée par le Théâtre du Soleil, dans le cadre de leur festival Le Soleil se partage. Un peu plus loin, face à l’Atelier de Paris, quelques professionnels venus assister aux prémices de June Events, profitent du temps, particulièrement clément, avant d’entrer en salle. 

Danse cosmique 
R-A-U-X-A d’Aina Alegre June Events Atelier de Paris CDCN © Jan Fedinger

La pièce commence dans le noir le plus complet. Une musique rappelant les bruits sourds de quelques films de science-fiction, où un vaisseau serait soumis au vide sidéral, aux forces électrostatiques, envahit l’espace. Une lumière ultraviolette vient parfois éclairer discrètement un endroit vide de la scène. Un martèlement rompt la belle mécanique, le ronronnement étrange, régulier. Est-ce un pied qui tape le sol ? ou un battement de bras ? Difficile à dire. Par moment, une silhouette apparait. C’est celle d’Aina Alegre. Tenue blanche, grise, déconstruite, faisant penser à des habits de cosmonaute, elle habite l’espace, le remplit de ses mouvements acérés, de son écriture ciselée. Tout est au cordeau, rien ne dépasse. 

Un battement itératif

Comme ancrée dans le sol, la danseuse et chorégraphe hispanique se laisse porter par le son spatial, par sa dimension hypnotique. Elle joue de la gravité, de sa virtuosité à fendre l’air, à habiter le lieu, à attraper l’attention du public. Tissant une écriture rythmée, saccadée, faite d’une gestuelle totalement maitrisée, métronomée, Aina Alegre invite à une réflexion sur le temps, l’espace, l’intemporalité et l’éphémère. Avec R-A-U-X-A, elle signe une pièce qui s’étire un peu trop faute d’une dramaturgie resserrée, mais qui séduit et envoûte par la qualité de son interprétation, sa présence scénique irradiante. 

Détonante performance 
La Chaleur de Madeleine Fournier
June events, L'Atelier de Paris CDCN © Margaux Vendassi_François Segallou_Parallèle

Un peu plus tard, dans la grande salle de l’Aquarium, Madeleine Fournier invite les professionnels à un étrange ballet, un singulier tour de chant. Commençant par une sorte de rite funéraire, La chaleur entraine le public dans un entre deux fantasmagorique et follement kitsch. Danse minimaliste, voix opératiques parfaitement perchée, les cinq artistes au plateau semblent tout droit sortis d’une comédie anglaise à la sauce Monty Python. Tout est décalé, farfelu et terriblement baroque. Le chant et les gestes se conjuguent en une partition détonante, hors du temps.

Lenteur et folie

Ralentissant le temps, freinant les ardeurs, la synergie des mouvements, la chorégraphe Madeleine Fournier signe un spectacle expérimental qui tutoie la grâce par moment mais se perd aussi en de vains côtés, séduit par ses bizarreries tout en laissant de côté par ses étrangetés, ses fausses envolées, sa rythmique détonante, déroutante. Cocasse autant que Bizarre, ce préambule professionnel de June Events ouvre tous les champs des possibles, et rappelle ô combien l’art, malgré la crise sans précèdent qu’il traverse, reste vivant, inventif et imaginatif.

Olivier Frégaville-Gratian d’Amore

Plateforme professionnelle de June Events
L’atelier de Paris
La Cartoucherie
Route du Champ de Manoeuvre
75012 Paris

R-A-U-X-A d’Aina Alegre
Avec Aina Alegre
Musique live de Josep Tutusaus
Lumières de Jan Fedinger
Conception espace de James Brandily
Costumes d’Andrea Otin

La Chaleur de Madeleine Fournier
Chorégraphie : Madeleine Fournier
Avec Jonas Chéreau, Madeleine Fournier, Catherine Hershey, Corentin Le Flohic, Johann Nöhles
Regards extérieurs / assistant·e·s chorégraphe : David Marques et Anne Lenglet
Lumière de Nicolas Marie
Dispositif et création sonore : Clément Vercelletto
Chef de choeur : Jean-Baptiste Veyret-Logerias
Accoucheuse de voix : Myriam Djemour
Costumes de Valentine Solé
Objets : Andrea Baglione

Crédit photos © Jan Fedinger et © Margaux Vendassi, François Segallo, Parallèle

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