A la tête, depuis avril 2018, de l’Espace Bernard-Marie Koltès – Metz – Scène conventionnée d’intérêt national – Art et Création, Lee Fou Messica, en partenariat avec l’association Quai Est – Biennale Koltès, présidée par M. Richard Bance, lance le Prix Bernard-Marie Koltès – Prolonger le geste. Cette initiative, qui récompensera un.e auteur.trice jamais publié.e, a pour objectif affiché de soutenir les jeunes écritures contemporaines et francophones. La clôture des candidatures est le 15 avril 2021 à minuit.
L’espace Bernard-Marie Koltes est devenu une scène conventionnée Artistique et création « nouvelles écriture dramatiques fictionnelles ». Quelle est donc sa mission ?
Lee Fou Messica : En tant que Scène conventionnée d’intérêt national–art et création, la mission de l’Espace Bernard-Marie Koltès est d’accompagner, d’encourager, de diffuser les « nouvelles écriture dramatiques fictionnelles ». De ce fait, l’établissement que je dirige est un lieu de création, de compagnonnage, de professionnalisation, de développement de l’emploi artistique ;
Un lieu de diffusion qui propose une offre permanente de rencontres publiques avec tous les arts du spectacle qui s’étendent aux arts plastiques avec des expositions, à l’image avec la projection de documentaires dans le cadre d’un ciné-club ;
Un lieu ancré dans son territoire qui s’appuie sur des partenariats, en premier lieu avec des structures implantées sur le territoire de proximité, qui bénéficie d’un maillage et d’une visibilité bien au-delà de ses murs grâce au développement de liens avec d’autres structures de la ville, de la région, d’autres régions et d’autres pays ;
Un lieu de cohésion sociale qui rapproche par des échanges créatifs tous les publics, étudiants, personnels, habitants, artistes, professionnels, enseignants, etc. avec une écoute particulière pour les plus éloignés de la culture.
Quel que soit l’état d’avancement de leurs projets, de la conception à la préparation ou la première présentation au public, l’Espace Bernard-Marie Koltès a pour ambition d’être un lieu-laboratoirefavorisant l’accompagnement des compagnies émergentes, messines, et régionales pour expérimenter et se former, tant au contact des publics qu’avec l’appui de compagnies plus confirmées en résidence sur le site.
Pourquoi, l’écriture théâtrale est mise à mal dans ces temps difficiles que nous connaissons ?
Lee Fou Messica : L’écriture théâtrale est déjà un exercice complexe et comporte davantage de contraintes que le roman ; elle prend sa dimension absolue avec sa représentation sur scène.
Dans cette période de vide absolu en matière de spectacle vivant, dû à la crise sanitaire, l’équation est assez simple pas de spectacle, pas de billetterie, pas de recette auteur.
Nous avons voulu poser un acte symbolique en créant ce prix – l’idée était déjà dans les tiroirs mais le confinement nous a permis d’accélérer sa mise en place – afin de soutenir les jeunes auteurs qui étaient les laissés pour compte notamment du premier confinement. Quand nous parlons de jeunes auteurs, ce n’est pas en termes d’âge mais de publications.
D’où l’idée de cette première édition de ce concours d’écriture, « Prix Bernard-Marie Koltès – Prolonger le geste » ?
Lee Fou Messica : Oui avec l’ambition d’en faire un prix National – la possibilité pour ds jeunes auteurs de rencontrer les artistes – directeurs.trices qui mettront en voix / espace les textes lauréats ce qui représente une belle opportunité peu courante. Nous faisons ainsi, d’une pierre 2 coups : la concrétisation d’un texte sur scène et la visibilité immédiate.
Pourquoi avez-vous décidé d’intégrer le public dans ce prix, accompagnant ainsi? le jury, composé de professionnels ?
Lee Fou Messica : Un prix qui ne reflèterait qu’une seule vision ne nous intéressait pas. Au contraire, mettre en abîme le temps de la biennale Koltès les deux points de vue et leur permettre de cohabiter nous semblait un chalenge plus intéressant.
Pour avoir fait partie de plusieurs jurys, le moment que je préfère c’est celui de la confrontation des points de vue ; c’est tellement enrichissant et c’est ce qui permet souvent de voir des choses que l’on n’avait pas perçu lors de notre lecture.
Un homme et une femme sélectionné.es parmi le public de l’Espace Bernard-Marie Koltès feront partie du jury presque paritaire (4 femmes pour 3 hommes) et il y aura aussi le Prix du public lors du Marathon de lecture du 20 novembre.
Pourquoi Bernard-Marie Koltès, 20 ans après sa mort, reste le symbole de l’écriture nouvelle ?
Lee Fou Messica : Tout d’abord, à mon sens, ce dont il parle nous concerne tous, notre humanité. Il aborde des sujets sans les juger et nous permet de nous mettre à la place des individus appartenant à des minorités. Il sait manier les mots et utiliser leur pouvoir. Son écriture est d’une force incroyable, son langage est d’une grande puissance poétique. On ne peut pas rester indifférent à sa plume. Ces écrits sont « engagés », il a voulu mettre en évidence les opprimés et les laissés pour compte à travers son écriture, leur redonner la parole. Ce qui continu de faire écho de nos jours, c’est son engagement pour lutter contre le communautarisme.
Propos recueillis par Marie-Céline Nivière
Prix d’écriture Bernard-Marie Koltès – Prolonger le geste
Clôture des candidature le 15 avril 2021 à Minuit
l’Espace Bernard-Marie Koltès – Metz – Scène conventionnée d’intérêt national – Art et Création, en partenariat avec l’association Quai Est – Biennale Koltès
Crédit photos © DR, © iFou@UniversitédeLorraine