Pour son troisième opus, London Grammar prend un nouveau virage. Sous l’impulsion d’Hannah Reid, chanteuse à la voix cosmique devenue naturellement la leader du groupe d’indie pop britannique, tout droit venu de Nottingham, California Soil explore d’autres sons, plus chaleureux, plus dynamiques. Un album parfait pour ces journées printanières et ensoleillées.
Robe blanche, cheveux blonds au vent, Hannah Reid apparait esseulée sur un tout petit bout de nature automnale, un îlot, encerclé par une eau calme et sombre. Elle semble rattrapée par un ciel gris menaçant qui s’éclaircit en sa présence. Magicienne virginale des temps modernes, la toute nouvelle meneuse du groupe London Grammar, a lutté et vaincu la misogynie ancrée profondément dans l’industrie musicale tant esthétiquement, que techniquement. Apaisée, elle regarde l’horizon, l’avenir droit dans les yeux. À l’instar de cette pochette entre obscurité et lumière, les douze morceaux qui composent ce troisième album, invite à un voyage initiatique, une plongée dans un monde en pleine réflexion, cherchant en tout l’étrange beauté par-delà les sombres pensées.
Une œuvre personnelle
Formé en 2009, London Grammar s’est toujours défini comme un trio démocratique mixte, même si la présence lumineuse, la voix stellaire de la chanteuse semblait prédestiner naturellement cette dernière de prendre naturellement l’ascendant sur les deux autres membres du groupe, Dominic « Dot » Major au clavier et aux percussions, Dan Rothman à la guitare. Prenant au fil du temps, confiance en elle, Hannah Reid a su imposer sa sensibilité, son romantisme, sa modernité. Face au sexisme, la timide trentenaire affirme sa féminité, s’inspirant du mouvement #Metoo, d’autres artistes féministes comme Billie Eilish et puisant dans le style novateur, ancré dans le quotidien, de la mystérieuse autrice napolitaine Elena Ferrante. Ainsi, elle nourrit ses compositions de son vécu, de ses propres troubles, de la fibromyalgie qui l’a fait souffrir, de la puissance guérisseuse de son chant, des joies autant que de ses peines. Libérée de tout diktat, elle signe un album profondément lumineux et humain.
Un tournant révélateur
California Soil, qui a été conçu entièrement avant l’arrivée de la pandémie, est une œuvre sensuelle, charnelle, plus incarnée, plus vibrante et un brin moins éthérée que ce que le groupe avait l’habitude de produire. Interrogeant le sens de la vie, le monde qui les entoure, London Grammar soigne comme toujours son écriture et propose de belles envolées lyriques.
Entre enchantement et mélancolie, entre ombre et lumière, ce tout nouvel album, produit en collaboration avec le DJ anglais Georges Fitzgérald, est d’une beauté sidérante rappelant quelques doux rêves américains. Un savoureux recueil de mélodies poétiques !
Olivier Frégaville-Gratian d’Amore
California Soil de London Grammar
Label Because
Crédit photos © Alexandra Waespi