Acteur talentueux, clown à ses heures, trublion à la belle prestance, cerf royal pour les beaux yeux de Véronique Vella, le Belge Elliot Jenicot est un artiste rare, un peu fou, terriblement séduisant et attachant. Après avoir incarné Satie au théâtre de la Contrescarpe, celui qui fut pensionnaire de la Comédie-Française de 2011 à 2019 prépare son prochain spectacle, Les fous ne sont plus ce qu’ils étaient, une revisite tragicomique des textes de Raymond Devos. A découvrir absolument.
Quel est votre premier souvenir d’art vivant ?
C’est le premier spectacle scolaire dans lequel j’interprétais un touriste américain et un cheval fougueux ! Le titre du spectacle destiné à un jeune public était J’en ai marre de ma mare. J’avais 17 ans, c’était une histoire d’animaux de la ferme, mécontents de leur condition de travail, qui partaient à la conquête du village. Un souvenir indélébile ! Grâce à ce professeur qui organisait les ateliers de technique d’expression, j’ai assisté également à mes premiers spectacles, je garde un souvenir mémorable d’un spectacle d’une compagnie anglaise qui présentait une adaptation burlesque et déjantée de Dracula … sans décor, que du corps et de la voix ! Génial !
Quel a été le déclencheur qui vous a donné envie d’embrasser une carrière dans le secteur de l’art vivant ?
Quelques mois plus tard, avec un copain de classe en terminale, on a présenté quelques sketches humoristiques dans des soirées Cabaret du Lycée, on a eu un succès immédiat, à partir de là, tout a commencé !
Qu’est ce qui a fait que vous avez choisi d’être comédien ?
Depuis l’adolescence, je rêvais en secret d’un métier artistique. Dans ma famille, on ne parlait pas de théâtre, de littérature, de musique. Toutes ces choses -là m’étaient inconnues. J’ai appris au biais de rencontres et je me suis laissé faire par mon enthousiasme, et surtout par mon envie d’être sur scène, de jouer, de relever des défis. Il ne faut jamais cesser de se remettre en question, mais dans le bon sens du terme, pour aller voir plus loin, plus haut.
Quel est le premier spectacle auquel vous avez participé et quel souvenir en retenez-vous ?
Je pense avoir répondu à la première question. Mais disons que le premier spectacle professionnel avec lequel j’ai commencé était un numéro de music-hall … Les frères Taquins, il y a plus de 30 ans, l’aventure a duré 4 ans. Après, je suis parti en solo durant plusieurs années. On a vécu de très beaux moments artistiques avec mon partenaire mais cet univers-là ne me convenait plus.
Votre plus grand coup de cœur scénique ?
C’est difficile de ne choisir qu’un seul moment, une seule personne, une seule équipe ! mais je dirais que mon premier gros coup de cœur théâtral, c’est Gilbert sur scène, un spectacle d’un comédien magnifique, Yves Hunstadt. Cela reste un moment magique. Je l’ai vu des dizaines de fois, sans jamais me lasser, comme une révélation religieuse. On s’est rencontré bien des années plus tard et c’était comme si on s’était toujours connu.
Quelles sont vos plus belles rencontres ?
Il suffit, je crois, de relire mes réponses à mes questions précédentes ! La comédie française dont je fus pensionnaire de 2011 à 2019 est bien entendue une rencontre importante dans ma carrière de comédien. Des acteurs, des metteurs en scène, avec lesquels j’ai partagé des belles aventures théâtrales. Un chapitre important mais qui n’était pas le dernier, on est encore loin de l’épilogue. Croyez-moi !
En quoi votre métier est essentiel à votre équilibre ?
Parce qu’il m’est vital ! Il ne faut surtout pas le penser comme un métier mais comme un besoin. Les circonstances actuelles sont violentes en tout point, économiquement, socialement, psychologiquement, mais pour s’en sortir, il faut continuer à jouer dans sa tête, chez soi, aller là où c’est possible !
Les enfants n’arrêtent jamais de jouer quoiqu’il se passe autour d’eux, même sous les bombes ! C’est difficile mais pour garder l’équilibre, il faut trouver le plaisir d’être sur le fil.
Qu’est-ce qui vous inspire ?
Tout … une musique, une photo, un film, un texte, une histoire. Il n’y a pas de règles. L’inspiration est magique car elle est souvent instantanée et inattendue. Il suffit de la laisser entrer.
De quel ordre est votre rapport à la scène ?
Un rapport amoureux. Une scène de théâtre, de salles de spectacle, reste mon plus beau musée.
À quel endroit de votre chair, de votre corps situez-vous votre désir de faire votre métier ?
Mon âme, si elle existe.
Mon cœur, mais je ne serai pas bien original.
Mes jambes … qui me supportent et me donnent l’élan nécessaire.
Mes ailes qui restent bien cachées.
Avec quels autres artistes aimeriez-vous travailler ?Peu importe si l’envie est réciproque !
À quel projet fou aimeriez-vous participé ?
Jouer avec un animal sur scène est la chose la plus difficile je pense. Je kifferais assez de donner la réplique à un chien, un chat, un cochon, pourquoi pas un kangourou.
Si votre vie était une œuvre, qu’elle serait-elle ?
Le Petit Prince de Saint-Exupery.
Olivier Frégaville-Gratian d’Amore
Je m’appelle Erik Satie comme tout le monde de Laetitia Gonzalbes
Théâtre de la Contrescarpe
Le Carnaval des animaux sud-américains de Carl Norac Editions Didier Jeunesse
Paru en Février 2021
36 pages
Prix conseillé 24.90 Euros
Reprise de Les fous ne sont plus ce qu’ils étaient d’après les textes de Raymond Devos
Conception et interprétation Elliot Jenicot
Mise en scène de Laurence Fabre
Crédit photos © OFGDA, © Anaïs Yazit, © DR, © Simon Gosselin, Coll. Comédie-Française