En attendant de repartir sur les routes de France avec Héritiers de Nasser Djemaï, qui se jouera à la rentrée au TQI, et de reprendre des répétitions de Spectre(s), la dernière création d’Elie Triffault, le Comédien, Anthony Audoux, formé au Conservatoire national d’art dramatique, a accepté de répondre aux instantanés.
Quel est votre auteur de théâtre préféré ?
En ce moment, je suis obsédé par Ivan Viripaev. J’ai l’impression qu’il dit absolument tout ce que j’ai envie de dire. Spirituel, profond, plein d’humour. Il dit quelque chose comme ça : « L’essentiel, c’est ce qui nous arrive quand nous percevons une histoire. C’est cela la réalité. Aucune autre réalité à part notre perception n’existe et ne peut exister. » A méditer…
Quel auteur aimeriez-vous jouer ?
J’adorerais jouer Pirandello. Parce qu’il questionne quelque chose de fondamental, à mon sens, pour un acteur : l’identité. Il questionne la frontière entre la fiction et la réalité. Il n’est pas le seul, mais j’aime sa façon particulière de le faire. Six personnages en quête d’auteur… Un jour, je jouerai le rôle du père !
Quel roman rêveriez-vous de voir adapter au théâtre ?
Pourquoi pas Martin Eden de Jack London. Je n’ai jamais lu un livre avec autant de frénésie.
Avec quel metteur en scène voudriez-vous travailler ?
J’adorerais bosser avec Jean-François Sivadier. Nasser Djemaï avec qui j’ai déjà travaillé et j’aimerais bien remettre ça. Et Rémy Barché ! Et puis j’ai hâte de découvrir le travail de Simon Falguières dont on me dit beaucoup de bien. Bref, difficile de n’en citer que quelques-uns…
Si vous deviez jouer dans un Boulevard, quel serait-il ?
Le Dindon de Georges Feydeau.
Si vous deviez jouer dans une tragédie, quelle serait-elle ?
Je vais être original : Hamlet. Parce qu’il m’enseignerait beaucoup de choses. Par exemple : « Ne soyez pas non plus trop apprivoisé ; mais que votre propre discernement soit votre guide ! »
Quel artiste a été pour vous une révélation ?
Y’en a tellement… Présentement, j’ai envie de répondre Philippe Caubère. Son spectacle « La danse du diable » m’a retourné. Quelle liberté ! Quelle poésie !
Dans les musiques que vous écoutez laquelle vous inspire ou vous fait penser à une pièce de théâtre ?
J’écoute principalement du rap… C’est la musique qui m’accompagne au quotidien. Parce que son énergie est un vrai soutien ! J’aime aussi beaucoup Beethoven ! Il est un peu hip-hop dans l’énergie lui aussi… Mais non, écouter de la musique ne me fait penser à aucune pièce de théâtre. Elle me permet de voyager égoïstement autour de mon nombril.
Quel film aimeriez-vous voir adapter au théâtre ?
Un film de Woody Allen peut-être. Je sais pas.
Y-a-t-il un romancier que vous verriez bien écrire une pièce ?
Hermann Hesse. Paix à sa grande âme !
Y-a-t-il un personnage de fiction que vous rêveriez d’incarner ?
Stanley Ipkiss dans The Mask. Mais Jim est passé devant, j’ai aucune chance de faire mieux.
Y-a-t-il un personnage historique que vous rêveriez d’interpréter ?
William Shakespeare. À cause de tous ces mystères autour de son existence. « Parce que nous ne pourrons jamais découvrir si Jésus a marché sur les eaux, ou si la Vierge-Marie a accouché sans avoir eu une liaison avec un homme, mais seulement avec le Saint-Esprit. C’est impossible à prouver, ce qui signifie que nous disposons seulement de ce dont nous entendons parler (…) Parce que l’essentiel dans tous ces événements n’est pas leur véracité historique, mais l’énergie qui surgit quand nous entrons en relation avec telle ou telle histoire… » Viripaev (J’avais prévenu, obsédé ! )
Quelle salle a votre préférence ?
La salle Jean-Louis Barrault du CDN d’Orléans. Ma ville natale. Là où tout a commencé… La salle de bain aussi.
Quel serait votre partenaire idéal ?
J’ai déjà travaillé avec lui et ce n’était pas toujours le même.
Quel personnage de l’autre sexe aimeriez-vous incarner ?
Si ma mère était un personnage, voilà, c’est elle que je voudrais jouer. Parce qu’elle est magnifique !
Y-a-t-il des rôles que vous avez toujours refusé de faire ?
Non. C’est surtout la qualité du texte et la cohérence du projet qui va guider mon choix. Le rôle est important mais pas déterminant.
La pièce que vous auriez aimé voir et avec qui aux commandes et sur scène ?
Axel de Villiers de l’Isle Adam. Mis en scène par Adel Hakim. Après, je lui laisse faire la distribution de là où il est ! Toute ma gratitude à cet homme de théâtre qui m’a tant donné. Et une pensée tendre à Elisabeth Chailloux.
Olivier Frégaville-Gratian d’Amore
Spectre(s) – Texte et mise en scène d’Élie Triffault
Lavoir Moderne Parisien
Héritiers de Nasser Djemaï
Création le 14 novembre 2019 à la MC2 de Grenoble
Crédit photos © Anthony Audoux & © Pascale Cholette