Nu de David Gauchard. avec Emmanuelle Hiron et Alexandre Le Cours. © Nan Ramaën

Nu, dans les coulisses des « modèles vivants »

Au théâtre de Saint-Quentin en Yvelines, David Gauchard propose à quelques professionnels d’assister à un filage de Nu, une pièce documentaire en devenir sur le métier de modèles vivants. Avec délicatesse, il met en lumières ces artistes de l’ombre, qui avec pudeur font de leur nudité un habit, une arme, un moyen d’expression. Quitter Paris, prendre l’autoroute direction la Normandie, à un côté bucolique en cette période hivernale bien grise et morose. Le voyage sera de courte durée, mais il donne du baume au cœur, « rebooste » les batteries. Laissant Versailles derrière, son grand canal, c’est à Montigny-le-Bretonneux que s’arrête notre «

Au théâtre de Saint-Quentin en Yvelines, David Gauchard propose à quelques professionnels d’assister à un filage de Nu, une pièce documentaire en devenir sur le métier de modèles vivants. Avec délicatesse, il met en lumières ces artistes de l’ombre, qui avec pudeur font de leur nudité un habit, une arme, un moyen d’expression.

Quitter Paris, prendre l’autoroute direction la Normandie, à un côté bucolique en cette période hivernale bien grise et morose. Le voyage sera de courte durée, mais il donne du baume au cœur, « rebooste » les batteries. Laissant Versailles derrière, son grand canal, c’est à Montigny-le-Bretonneux que s’arrête notre « folle » épopée. Au cœur de la ville nouvelle sortie de terre dans les années 1960, le Théâtre de Saint-Quentin-en-Yvelines, bâtiment de fer et de béton, rayonne par son éclectisme, sa volonté d’offrir aux spectateurs une offre hétéroclite autant que pointue. 

Le Nu dans l’art en question
Nu de David Gauchard, avec Emmanuelle Hiron, Alexandre Le Cours, © Dan Ramaën

Faute de pouvoir accueillir du public, Lionel Massétat, directeur du lieu, a proposé à David Gauchard et à son équipe d’investir les lieux pour peaufiner leur dernière création, à défaut de la présenter. Confronter à la question de la nudité sur scène dans plusieurs de ses spectacles, le metteur en scène à la tête de la Compagnie l’Unijambiste s’est intéressé « au nu dans l’histoire de l’art, de sa signification, de sa valeur, de son importance selon les époques. » Tout naturellement, l’envie d’imaginer une pièce sur l’univers des modèles vivants lui est ensuite apparue comme une évidence. 

Entre anthropologie et sociologie

S’inspirant de son travail sur Maloya, où il avait demandé au conteur Sergio Grondin d’aller à la rencontre des grandes figures de cette pratique artistique propre à La Réunion pour recueillir leurs paroles, David Gauchard a eu le désir de découvrir ce qui se cache derrière ces corps nus, ce qui les motivent pour poser des heures face à des artistes en devenir. Partant d’une série d’entretiens menés avec Léonore Chaix, armée des conseils du docteur en sociologie Arnaud Alessandrin, il construit un spectacle qui libère leurs paroles et donne à ces êtres inanimés et objétisés, corps, chair et pensées. 

Des propos vivants
Nu de David Gauchard, avec Emmanuelle Hiron, Alexandre Le Cours, © Pierre Bellec

Sur une scène rappelant un atelier d’artistes, Emmanuelle Hiron et Alexandre Le Nours redonnent vie avec ingéniosité et délicatesse aux mots de Zoe, de Victor, de cette galeriste de Pont Aven qui, à plus de 70 ans, décide de se dénuder pour l’amour de l’art, de ce fringuant soixantenaire qui pose nu depuis ses vingt ans ou de ce jeune homme qui se réapproprie son corps violé à quatorze ans grâce à cette pratique. Enchaînant les témoignages, les anecdotes, les deux comédiens offrent à chacun de ces personnages un peu de lumière. Certains récits captivent, attrapent, d’autres très imagés invitent à voir l’envers du décor. Entre rires, compassion et vifs intérêts, on se prend à imaginer ces journées immobiles à poser sur une sellette peu confortable.

Du travail documentaire

Loin d’être terminé, Nu de David Gauchard propose une réflexion sur un métier, des choix de vie. Sans jugement, avec bienveillance, le metteur en scène invite à dépasser les préjugés, à percevoir par-delà les corps. Bien sûr, il y a encore un peu de flottement, le dosage entre les différents récits est encore à ciseler, les effets de style à peaufiner. Toutefois, l’épure de la scénographie et le jeu habité des comédiens touchent juste et promettent un spectacle ,en devenir ,passionnant. A découvrir donc, dès que les théâtres rouvriront.

Olivier Frégaville-Gratian d’Amore

Nu, une idée originale de David Gauchard
Sortie de résidence en janvier au Théâtre de Saint-Quentin-en-Yvelines
3 Place Georges Pompidou
78180 Montigny-le-Bretonneux
Durée 1h15

Tournée 
Du 11 au 13 février 2021 au Théâtre de Cornouaille, scène nationale de Quimper
En Avril 2021 au Festival Mythos
Les 11 et 11 juin 2021 au Théâtre de St Quentin en Yvelines
En juillet à La Manufacture – Festival d’Avignon Le OFF

Mise en scène de David Gauchard
Avec Emmanuelle Hiron et Alexandre Le Nours
Collaboration artistique de Léonore Chaix
Docteur en sociologie – Arnaud Alessandrin
Création lumière de Jérémie Cusenier
Création son de Denis Malard
Scénographie de Fabien Teigné
Réalisation décor – Ateliers de l’Opéra de Limoges
Dessin de Virginie Pola Garnier 
Production L’unijambiste / Diffusion La Magnanerie 

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