Continuer à construire, rêver, se projeter. Ne pas perdre de vue la lumière au bout du tunnel.
Oui, après les annonces du Premier Ministre, tristesse, colère, incompréhension, déception, découragement se sont bousculés dans tous les circuits nerveux des salarié.e.s, des artistes, des technicien.ne.s qui œuvrent au Théâtre National de Strasbourg et qui se réjouissaient tant de pouvoir revenir à l’essentiel, à ce qui compte, à la rencontre, à la circulation, non pas du virus, mais de la parole et de la pensée des poètes.
Vous ne verrez pas le magnifique spectacle de Romain Daroles et François Gremaud autour de la Phèdre de Racine.
Nous ne savons pas encore si nos portes pourront vous accueillir au mois de janvier 2021, nous nous battons en coulisses pour avoir une visibilité, les personnels du théâtre sont parfois épuisés d’avoir à monter et démonter un décor pour rien, d’enregistrer des réservations puis de devoir les annuler. Comme un tonneau des Danaïdes d’un nouveau genre…
Mais nous sommes là. Nous vous attendons. Nous vous espérons. Nous continuons à répéter des spectacles que nous finirons bien par vous montrer. Et votre absence à nos côtés ne fait que raffermir la nécessité absolue de nos engagements de tous les jours. Sans public que deviennent les artistes. Où est le sens ?
Au milieu de cela, je pose et nous pose une question à tous et à toutes sans esprit de polémique : pourquoi les lieux de culture et de pensée sont-ils condamnés à rester fermés quand les commerces sont ouverts ? Qu’est-ce qu’une société qui décide d’ouvrir les lieux de culte avant les lieux de culture et de pensée ?
Qu’est-ce que cela raconte de nous ?
A très vite
Stanislas Nordey, Comédien, metteur en scène et directeur du TNS
Crédit photos © Jean Louis Fernandez