Ousmane Sy © All4House

Décès brutal du chorégraphe hip-hopeur Ousmane Sy

Co-directeur du CCN de Rennes et de Bretagne, au sein du Collectif FAIR-E, Ousmane Sy est mort d’une crise cardiaque à l’âge de 45 ans.

Co-directeur du Centre chorégraphique national de Rennes et de Bretagne, au sein du Collectif FAIR-E, et figure emblématique du hip-hop français, Ousmane Sy est mort d’une crise cardiaque, dans la nuit du samedi 26 au dimanche 27 décembre 2020, à l’âge de 45 ans.

Colosse au grand cœur, un peu trop fragile, Ousmane Sy, que tout le monde appelait affectueusement « Baba », s’en est allé cette nuit. Fils d’un réfugié politique malien, le chorégraphe, qui a grandi en région parisienne, à Antony, s’est formé au sein du crew de break historique Wanted Posse, qu’il a intégré dans les années 1990. Il s’y est fait un surnom, « Babson », en remportant avec eux en 2001 au théâtre de l’Empire le championnat du monte Battle of the Year. 

Du hip-hop à la house 
Portrait d'Ousmane Sy © CCNRB

En 2007, il s’émancipe et co-fonde avec son compère et acolyte Yugson, le groupe Serial Stepperz. Il se frotte à la house, acquiert au fil du temps une belle réputation, tout en continuant à explorer l’histoire de ce style musical et chorégraphique qui trouve ses racines dans les danses traditionnelles africaines et antillaises. En 2012, Ousmane Sy vole de ses propres ailes et crée sa compagnie Paradox-sal, composée uniquement de jeunes danseuses. En parallèle, il est l’instigateur des soirées All4House, qui met à l’honneur la culture house. S’intéressant aux performances de danseuses hip-hop de styles et de cultures très variées, il se passionne pour les énergies et les gestes féminins. 

Un style unique 

S’attachant à reproduire sur scène sa fascination pour le mouvement concerté d’une équipe de football et se nourrissant de la gestuelle androgyne inspirée des boîtes de nuit new-yorkaises, « Baba » peaufine une écriture chorégraphique qui se compose de passements de jambes, de courses croisées où l’art de la scène se mâtine de ce je-ne-sais-quoi typique du dancefloor. Cherchant le dépassement de soi à travers l’énergie de groupe, il devient au fil du temps un spécialiste de la house dance, ambassadeur de la « French Touch » et de l’afro-house spirit. 

Un dernier pas de danse 
Collectif FAIR-E © Yann Peucat

Nommé en janvier 2019 à la tête du Centre chorégraphique national de Rennes et de Bretagne, avec ses condisciples du collectif FAIR-E – Bouside Ait AtmaneIffra DiaJohanna FayeCéline GalletLinda HayfordSaïdo Lehlouh, et Marion PoupinetOusmane Sy n’a de cesse de métisser les courants, croiser les styles. Après avoir fait sensation l’an passé avec Queen blood, une partition pour huit hip-hopeuses, autour de la question de la féminité, assumée ou subie, il répétait, ses derniers jours, sa dernière créationOne Shot, qui fera, même sans public, comme l’a confirmé Olivier Meyer à notre confrère Stéphane Capron, l’ouverture de la 29e édition du Festival de Suresnes Cité Danse en janvier prochain. 

Olivier Frégaville-Gratian d’Amore

Crédit photos © All4House, © CCNRB et © Yann Peucat

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