A la Galerie 14 bis rue Coëtlogon, Paris VI, onze artistes de moins de 30 ans exposent leurs dernières créations toutes inspirées ou en lien avec les fleurs et le monde végétal. Sélectionnées avec soin par les curatrices Muriel Fagnoni et Julia Gai de Quand les fleurs nous sauvent, les œuvres invitent à découvrir les talents de demain. Entretien avec deux femmes passionnées.
Comment est née l’exposition Jeunes Pousses ?
Muriel Fagnoni et Julia Gai : Jeunes pousses est le nouvel opus de Quand les fleurs nous sauvent qui est une galerie d’art qui crée et met en scène des évènements et des expériences artistiques uniques sur le thème des fleurs et du végétal. Pour cette nouvelle exposition, nous avons eu envie de mettre en avant des jeunes talents (moins de 30 ans) dont le travail fait écho avec notre thème, que ce soit via les sujets traités ou les matériaux employés. Dans le contexte perturbé qui est le nôtre en 2020, il nous a semblé que la jeune création avait particulièrement besoin de soutien et de visibilité.
De plus, parmi les choses essentielles dont les mois écoulés nous ont fait ressentir le besoin, il est certain que la présence du végétal dans nos vies est inscrite sur la liste, d’où ce thème de « la jeune pousse » qui s’est imposé comme motif iconographique à part entière, exploré tant pour l’idée de naissance qu’il porte en lui, que pour la couleur à laquelle on associe tout ce qui croît : le vert.
Comment se fait le choix des artistes exposés ?
Muriel Fagnoni et Julia Gai : D’abord et avant tout, par l’émotion que nous partageons toutes les deux pour le travail des artistes. Nous avons une règle : rien n’est présenté si nous ne sommes pas toutes les deux à fond « pour ». Ensuite, nous avons toujours à cœur, de choisir des artistes de plusieurs continents (cette fois-ci Europe, Amérique, Asie) et qui s’expriment sur tous les médiums ce qui est très manifeste dans Jeunes pousses avec de la peinture, du dessin, de la photographie mais aussi de la sculpture et de la tapisserie par exemple.
Certains artistes, nous les suivons depuis quelques temps, d’autres sont de belles découvertes, récemment diplômées des Beaux-Arts de Paris par exemple. Nos collaborations suivies nous permettent justement de pouvoir présenter de nombreuses œuvres développées spécifiquement pour l’exposition et sa thématique à chaque fois.
La différence avec nos précédents évènements, c’est que nous télescopons toujours des œuvres anciennes avec les pièces contemporaines -majoritaires- pour créer une rythmique et des petits « accidents » dans la visite. Mais cette fois-ci, nous avons estimé qu’il était plus cohérent de rester concentré exclusivement sur la jeunesse. En revanche, on aurait pu s’amuser à trouver des œuvres d’artistes anciens qui auraient été réalisées avant leurs 30 ans, ….on fera ça une autre fois.
Vous êtes curatrices, pouvez-vous nous expliquer en quoi consiste ce rôle ?
Muriel Fagnoni et Julia Gai : Nous aimons définir ce rôle comme de la mise en scène organisée autour d’un concept: en premier lieu bien sûr, choisir les œuvres en cohérence avec la ligne éditoriale donnée à l’expo, par exemple Jeunes pousses ou Pink – dans notre cas nous avons déjà un champ défini par notre thématique générale, les fleurs et le végétal, ce qui est assez atypique dans le marché de l’art – puis les mettre en valeur, les unes en regard des autres, et en écho avec le lieu choisi que nous changeons à chaque fois. L’accrochage est une forme d’exercice intellectuel et sensible où nous cherchons les liens possibles entre chaque œuvre. Le « Dieu » en la matière est pour nous, Jean-Hubert Martin, qui nous a émues et marquées à jamais, avec son Carambolages au Grand Palais en 2016. Nous organisons aussi des accrochages pour des visites privées, très scénographiées, dans des lieux atypiques et cela nous excite énormément, et plaît beaucoup à nos collectionneurs à chaque fois.
En période de covid, comment vous êtes-vous adaptées ?
Muriel Fagnoni et Julia Gai : Avec beaucoup d’énergie positive et de détermination. Nos deux derniers événements étaient programmés chacun pendant un des deux confinements. Il a donc fallu changer de lieu et de dates les deux fois. Repenser les accrochages en rush. Récupérer les œuvres des quatre coins du monde, et en fait, à part une défection, on n’a rien perdu.
Tout ça n’a été possible que parce qu’on est deux, très soudées, et entourées de partenaires très solidaires (encadreuse, transporteur, assureur, attachés de presse …). Il y a aussi une prime à vouloir avancer malgré tout et à tout prix, les gens ont envie de soutenir des femmes de bonne volonté !
Après, on ne dit pas qu’on n’aimerait pas un peu plus de monde dans les rues, quelques touristes, et ne pas voir « la Palette », le restaurant mythique du quartier des galeries, avec le rideau fermé en face de notre galerie.
Les œuvres sont en vente. Quels en sont les prix en moyenne ?
Muriel Fagnoni et Julia Gai : Les prix s’échelonnent entre 170€ et 4500€ pour permettre aux amateurs de nourrir une collection débutante, comme d’en enrichir une déjà plus étoffée, ou d’envisager l’achat d’œuvres dans la perspective de Noël.
Entretien réalisé par Olivier Frégaville-Gratian d’Amore
Jeunes pousses by Quand les fleurs nous sauvent
Galerie Sellem
5 rue Jacques Callot
75006 Paris
Les artistes sélectionnés sont Marcella Barcelò, Amélie Barnatha, Diane Chéry, Valentine Estève, Paul Lemaire, David Schermann, Raf Reyes, Florentine Ruault, Taylor Smith, Zuae, Evalie Wagner