LOVETRAIN2020 d'Emmanuel Gat. La troupe Emmanuel Gat Dance. Montpellier Danse. Opéra-Comédie. © Julia Gat

De grands spectacles pour une année bien singulière

Une épidémie, deux confinements, des théâtres fermés, rien n’aura épargné l’art vivant en 2020. Retour sur une année singulière.

Une épidémie, deux confinements, des théâtres fermés, des jauges réduites, rien n’aura épargné l’art vivant en 2020. Pourtant, de beaux textes, de poétiques spectacles et d’incroyables piéces chorégraphiques ont vu le jour au cours des douze derniers mois. Dans l’espoir d’une année 2021 riche et créative, la rédaction de l’Œil d’Olivier met à l’honneur quelques-unes des pépites qui ont fait vibrer nos cœurs. 

LoveTrain2020 

Dans le cadre de Montpellier Danse 40 bis, festival rescapé d’un été théâtral particulièrement amputé par la Covid, Emmanuel Gat revisite la musique pop rock de Tear for fears et signe un fabuleux feu d’artifice chorégraphique porté par une troupe de danseurs lumineux et extraordinaires. Un spectacle haut en couleurs qui devrait être présenté au printemps 2021 à Chaillot. 

Le jeu des ombres
Le jeu des ombres de Novarina, mis en scène de Jean Bellorini © Christophe Raynaud de Lage

A Avignon, en ouverture de la Semaine d’Art, faute d’avoir pu jouer cet dans la cour d’Honneur du Palais des Papes, Jean Bellorini invite à un voyage onirique au pays des ombres. Entremêlant, avec délicatesse, les mots de Novarina et les notes de Monteverdi, il revisite les amours passionnées et contrariées d’Orphée et Eurydice en une ode théâtrale enchantée. Une œuvre rare et poétique qui nourrit les âmes, réchauffe les cœurs, à voir bientôt au TNP. 

Une histoire d’amour

A la Scala-ParisAlexis Michalik retrouve le chemin des planches et signe une pièce simple et émouvante qui touche au cœur. Moins romanesque et plus réaliste que ses précédentes œuvres, sa dernière création enchante par son écriture joyeuse, son humanisme, sa manière bien à lui d’ancrer de l’extraordinaire dans le quotidien. Abordant avec naturel homosexualité, mort et PMA, le comédien-metteur en scène fait mouche une nouvelle fois.

Bug
Bug de Tracy Letts, mise en scène d'Emmanuel Daumas, Avec Audrey Fleurot © Loll Willems

Créé aux Célestins – théâtre de Lyon, la veille du premier confinement, Bug de Tracy Letts s’intéresse au syndrome post-traumatique des vétérans de guerre. Porté à la scène ingénieusement par Emmanuel Daumas, la pièce prémonitoire donne la part belle à la comédienne Audrey Fleurot, qui brûle littéralement les planches et entraîne un public conquis dans des dérives complotistes à faire froid dans le dos. Le spectacle devrait retrouver le chemin des théâtres, la saison prochaine. On l’espère. 

Yours, Virginia

A Mulhouse puis Strasbourg, le chorégraphe israélien Gil Harush a créé en février dernier, pour le Ballet de l’Opéra du Rhin, une pièce dansée inspirée par la personnalité hors norme de Virginia Woolf. La beauté sensuelle des tableaux, la virtuosité de la troupe, l’engagement passionné de l’artiste, donnent joliment corps à l’écrivaine avant-gardiste. Un spectacle rare et charnel en attente de date de tournée. 

Anne-Marie la Beauté 
Anne-Marie la beauté de Yasmina Reza, André Marcon © Simon Gosselin

A la Colline, Yasmina Reza invite son comédien fétiche, André Marcon – prix de la critique dramatique –  à se glisser dans la peau d’une actrice habituée des seconds rôles, d’une femme de l’ombre somme toute banale. Avec une belle fébrilité, l’artiste donne chair aux mots de l’écrivaine. Un poème terriblement humain, une ode aux oubliées de la vie, dont les représentations furent stoppées en mars dernier par le premier confinement. 

La Carpe et le Lapin, un cadavre exquis 

Au théâtre de la Porte-Saint-Martin, l’improbable couple Catherine Frot et Vincent Dedienne ont eu en mars dernier carte blanche. Entremêlant leurs univers faits de chansons réalistes un brin désuètes, de sketches potaches et d’extraits de pièces de théâtre, ils ont donné naissance à un spectacle savoureux, décalé à la beauté discrète et surannée. Un bijou sensible et poétique, qui n’a malheureusement pas eu le temps de prendre son envol à cause de la covid. 

Le temps de vivre
Le temps de Vivre Camille Chamoux © Christophe Raynaud de Lage

Pour fêter ses quarante ans, Camille Chamoux s’offre la scène du Petit-Saint-Martin. Avec humour et espièglerie, elle signe un seule-en-scène terriblement drôle qui dédramatise le temps qui défile trop vite. Avec, l’artiste on (ré)apprend à vivre au fil des ans à accepter de lâcher prise. Un spectacle à rire et pleurer, à voir dès que les théâtres rouvriront. 

Mademoiselle Julie

Au Cado d’Orléans, qu’il dirige, le metteur en scène Christophe Lidon offre à Sarah Biasini un rôle en or, celui de Mademoiselle Julie. Revisitant l’œuvre de Strindberg, il signe un spectacle brûlant et brillant comme les feux de la Saint-Jean, que l’on espère voir cet été au Festival d’Avignon le OFF

Contes et légendes
Contes et Légendes de Joël Pommerat © Elisabeth Carecchio

Au TNP, au théâtre de Nanterre-Amandiers, puis aux Bouffes du Nord, Joël Pommerat interroge le monde demain en questionnant le genre, le poids du patriarcat et le rapport aux autres. Dans la veine de ses autres spectacles, il signe une tragi-comédie efficace, une fable noire sur fond de construction d’identité qui touche juste. Comme ses autres créations, Contes et Légendes devrait avoir une longue et riche vie. 

Le Côté de Guermantes 

Au théâtre Marigny, Christophe Honoré entraîne avec maestria la troupe de la Comédie-Française dans l’univers de Proust. Menés tambour battant par un metteur en scène très inspiré, les comédiens du Français entrent avec gourmandise dans la folle danse des apparences. Irrévérencieuse décalée, cette adaptation pop rock du Côté de Guermantes, interrompue suite au deuxième confinement, s’est révélée une savoureuse madeleine acidulée. 

Mellizo Doble 
Mellizo Doble d'Israël Galván et Niño de Elche © Christophe Raynaud de Lage

A Avignon, lors de la Semaine d’art, Israël Galván et Niño de Elche, enfants terribles du Flamenco, transcendent, dans un duo corps-voix, les codes de cette danse et du genre musical issus du folklore andalou. Présentée pour la première fois en France, Mellizo Doble – Jumeau double – a réveillé passionnément et ardemment la cité des Papes endormie depuis plus d’un an pour cause de pandémie. Un spectacle qui a fait chavirer les festivaliers. 

Les nuits de Madame Lucienne

Créé pendant l’été culturel et apprenant voulu par le président de la République, cet impromptu théâtral signé Copi et mis en scène par Thomas Jolly déjoue la morosité estivale. Investissant la nuit Le Quai, les comédiens du tout nouveau directeur du CDN Angers Pays de Loire propose un spectacle éblouissant, déjanté et burlesque. A voir dès que les salles rouvriront. 

Lorsque Françoise paraît 
Lorsque Françoise paraît d'Eric Bu © Frédérique Toulet

Dolto vous a toujours intrigué, grâce à Eric Bu nous saurez tout sur la femme, le médecin, la psychanalyste. Portée par des comédiens épatants – Sophie Forte, Christine Gagnepain et Stéphane Giletta, la pièce qui s’est donnée au Théâtre Lepic est un petit bijou d’intelligence, de fantaisie et de tendresse.

La rédaction de l’Œil d’Olivier

Crédit photos © Christophe Raynaud de Lage, ©Elisabeth Carecchio, © Gat, © Frédérique Toulet , © Simon Gosselin, © Loll Willems

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