Comédien et chanteur, Grégoire Blanchon répète actuellement Le Music-Hall du Theatrum Mundi, le prochain spectacle de Camille Germser, dont la création, en raison du confinement, a été reportée en mars prochain. En attendant de pouvoir retrouver le chemin des plateaux et mettre en scène l’adaptation de Par les routes, roman de Sylvain Prudhomme qui a obtenu le prix Femina 2020, il s’est prêté au jeu des instantanés.
Quel est votre auteur de théâtre préféré ?
Shakespeare, Tchekhov et Lagarce.
Quel auteur aimeriez-vous jouer ?
Anton Tchekhov.
Quel roman rêveriez-vous de voir adapter au théâtre ?
Par les routes de Sylvain Prudhomme. C’est pour cette raison que je m’y attelle. Pour que les rêves s’incarnent.
Avec quel metteur en scène voudriez-vous travailler ?
Olivier Maurin et Krystian Lupa.
Si vous deviez jouer dans un Boulevard, quel serait-il ?
Oscar, le rôle tenu par Claude Rich. Sa minéralité et sa perversité chaleureuse doivent être délicieuses à explorer. Mais est-ce que la pièce tient sans le génie de Louis de Funès ?
Si vous deviez jouer dans une tragédie, quelle serait-elle ?
Antigone de Sophocle, pour le rôle d’Antigone
Quel artiste a été pour vous une révélation ?
Francis Bacon et Le Caravage
Dans les musiques que vous écoutez laquelle vous inspire ou vous fait penser à une pièce de théâtre ?
Les musiques qui m’inspirent en ce moment sont celles qui permettent de danser et de transformer la mélancolie et l’inquiétude inhérentes à ce deuxième confinement en célébration : le deuxième album de Catastrophe, Gong, ou l’un des derniers titres de Kylie Minogue, Magic. Danser m’obsède depuis quelques mois. J’aimerais ça, prendre part à un spectacle de danse, depuis le corps du comédien.
Quel film aimeriez-vous voir adapter au théâtre ?
Je ne pense jamais à une possible création théâtrale quand je vois un film, même s’il y a de grandes réussites qui sont nées de ce processus : Nos serments de Julie Duclos, par exemple, à partir de La maman et la putain d’Eustache. Cette saison, je suis très curieux du travail que Julien Gosselin va faire avec les élèves du TNS autour du Dekalog de Krzysztof Kieslowski.
Y-a-t-il un romancier que vous verriez bien écrire une pièce ?
Nicolas Mathieu
Y-a-t-il un personnage de fiction que vous rêveriez d’incarner ?
Antoine, dans Juste la fin du monde de Jean-Luc Lagarce, le frère qui n’a pas eu droit à la parole et s’est retrouvé relégué au second plan. L’un des plus beaux rôles du répertoire contemporain.
Y-a-t-il un personnage historique que vous rêveriez d’interpréter ?
Sigmund Freud ou Jésus-Christ, tant qu’à faire.
Quelle salle a votre préférence ?
Le théâtre des Bouffes du Nord.
Quel serait votre partenaire idéal ?
Marina Hands au théâtre, Juliette Binoche au cinéma.
Quel personnage de l’autre sexe aimeriez-vous incarner ?
J’ai un peu répondu plus haut avec l’Antigone de Sophocle. Mais il y a tellement plus de rôles « masculins » que « féminins » dans le répertoire, laissons plus souvent les femmes jouer des rôles apparemment destinés aux hommes. Déconstruisons tout ça.
Y-a-t-il des rôles que vous avez toujours refusé de faire ?
Plutôt des projets que des rôles : quand l’entertainement prend le pas sur le sens, ou quand l’aspect social empiète sur la recherche formelle et artistique.
La pièce que vous auriez aimé voir et avec qui aux commandes et sur scène ?
Orphée et Eurydice de Gluck, mis en scène par Patrice Chéreau. J’aurais aimé le voir s’emparer de cette œuvre où les questions du désir, de la mort, des corps et de l’amour se mêlent. Avec Andreas Scholl dans le rôle d’Orphée et Judith Chemla dans celui d’Eurydice.
Olivier Frégaville-Gratian d’Amore
Crédit photos © Grégoire Blanchon