Les carnets d’Albert Camus, l’admirable spectacle de Stéphane Olivié Bisson a été repris au théâtre du Lucernaire dans le cadre de sa réouverture au public. Plus que jamais, après cette période compliquée dans laquelle la Covid nous a plongés, la pensée de Camus est régénératrice.
Son roman La peste a été certainement l’un des livres le plus lu ou relu durant le confinement. Plus que jamais la pensée de cet Homme révolté a trouvé un écho dans cette société où l’humain s’est retrouvé fragilisé, en danger. Il nous a peut-être appris à nous dire qu’« Au milieu de l’hiver j’ai découvert en moi un invincible été ».
Portrait d’après auteur
En adaptant Les Carnets d’Albert Camus, Stéphane Olivié Bisson trace le portrait d’un homme se confrontant au monde et à lui-même. Partant des notes que l’écrivain inscrivait dans des cahiers, gardant l’ordre chronologique, le comédien a réussi un bel ouvrage biographique. Cela démarre en 1935, le jeune homme à 22 ans et se termine en 1959, quelques jours avant sa mort accidentelle à 46 ans. On voit tout le cheminement qui a fait de Camus l’un de nos plus grands hommes de lettres, mais aussi un homme tout simplement.
Une interprétation vibrante
Tout est juste, sans malentendu, dans le travail que nous propose Stéphane Olivié Bisson. Son interprétation est au cordeau. Il ne cherche jamais à l’imiter, il nous fait voir Camus, le sentir presque. Son incarnation captivante nous montre un homme sur qui le temps passe, qui aime la beauté des choses, se débat avec la maladie, regarde le monde. Lucide et honnête, il ne cesse de se construire, de lutter, de contester, dénoncer.
Un décor aux merveilles
Et puis il y a l’écrin dans lequel évolue le spectacle, une scénographie superbe, un fauteuil, une chaise, des livres et des cahiers jonchent le sol. Sur un écran sont projetées des images. Au centre de la scène, un rectangle de galets blancs rappelle les plages d’Alger. Tout ceci est mis délicatement en lumière par Franck Thévenon. Visuellement c’est très réussi, nous passons par tous les endroits, les plus lumineux comme les plus sombres où Camus a passé sa vie d’homme. C’est magnifique.
Marie Céline Nivière
Les carnets d’Albert Camus
Festival OFF Avignon
Le petit Louvre (Chapelle des Templiers)
3, rue Fêlix Gras
84000 Avignon
Du 29 juin au 21 juillet 2024 à 10h, relâche les 1, 8, 15 juillet
Durée 1h10.
Lucernaire
53, rue Notre Dame des Champs
75006 Paris
Jusqu’au 26 septembre 2020.
Adaptation, mise en scène et interprétation deStéphane Olivié Bisson
Collaboration artistique de Bruno Putzulu
Lumière de Frank Thévenon
Musique d’Eric Capone
Costumes de Nacy Sanchez
Vidéo d’Emma Champy et Emilie Leprêtre
Crédit photos © Elie Bekhazi