A 23 ans, le tout nouveau directeur d’un Festival à Villerville, Matéo Cichacki donne le 27 août, le coup d’envoi de la 7e édition de cet événement artistique théâtral. En mettant en lumière de jeunes compagnies et de jeunes artistes acceptant de créer in situ, la manifestation attire chaque année un public de plus en plus curieux.
Vous succédez à Alain Desnot à la tête du festival. Que souhaitiez-vous mettre en avant pour votre première édition ?
Matéo Cichacki : J’avais 22 ans l’an dernier quand le précédent directeur m’a proposé de reprendre les rênes de la manifestation. C’était encourageant et stimulant à la fois. D’autant que les deux spectacles que j’avais montés avaient reçu un bel accueil – que ce soit de la part des professionnels ou des personnes du village n’ayant pas l’habitude de se rendre au théâtre. Cela m’a donné une vision assez claire de ce que je voulais entreprendre. Toucher un public large, le rajeunir si possible tout en créant les possibilités de rapprochement entre les compagnies et les habitants de Villerville.
Le festival est une manifestation théâtrale où la plupart des spectacles présentés sont créés in situ. Comment cela s’est-il passé en cette période de Covid ?
Matéo Cichacki : C’était très compliqué pendant la période de confinement, comme tout le monde j’ai navigué à vue. Les résidences prévues en mai juin ont dû être reportées. Finalement toutes les compagnies ont pu venir en juillet et en août pour répéter et s’acclimater aux différents lieux avant le Festival. J’ai compris pendant cette crise sanitaire qu’il était important de maintenir le festival envers et contre tout, quitte à bricoler ou à s’adapter. Je sais aujourd’hui qu’une annulation facile aurait fait passer la manifestation pour inutile. On doit pouvoir continuer à se rassembler pour créer et pour partager des spectacles. Avec ou sans masque.
Comment s’est fait la sélection des spectacles présentés ?
Matéo Cichacki : Cette édition est particulière et la voilure un peu réduite. Pour le programme de cette année, j’ai privilégié les compagnies professionnelles dont j’appréciais le travail bien sûr, mais j’ai retenu celles dont je connaissais les qualités humaines. Sylvie Orcier, Tigran Mekhitarian, Théo Askolovitch et Sacha Ribeiro, les chefs de projet, ont tous un vrai talent pour la bonne humeur, la débrouille et la cohésion de groupe. Cela m’a semblé primordial car, après tout, le festival est une résidence où l’on vit ensemble pendant plusieurs semaines.
Vous montez Le Monte-plat de Pinter. Qu’est-ce qui vous a donné envie de vous emparer de ce texte ?
Matéo Cichacki : Le texte de Pinter manie l’humour british et le suspense avec une efficacité redoutable, ça a été la première raison du choix de ce texte. On est captivé, on est happé par l’écriture et par les deux personnages de tueurs à gage. Mais le Monte-plats est aussi une pièce qui s’adapte parfaitement au lieu – le Chalet au bout du parc des Graves à Villerville – c’est l’écrin parfait pour une immersion dans ce huis-clos inquiétant. Dernière chose : deux acteurs confinés qui se demandent s’ils doivent obéir aveuglement aux consignes qui leur sont données, cela rappellera certainement au public le contexte sanitaire dans lequel nous vivons actuellement. Le théâtre de Pinter parle de notre société avec une résonance toute particulière.
Entretien réalisé par Olivier Frégaville-Gratian d’Amore
Un festival à Villerville
du 27 au 30 août 2020
Crédit photos © DR