Le cabaret de Reno Sweeney, ça c’était la vie !

Avec l'aimable autorisation de Pierre Maillet, de Charles Bosson et Sugar Deli, L'Œil d'Olivier publie aujourd'hui le 16ème chapitre de l'autobiographie d'Holly Woodlawn.

Chapitre 16 de l’autobiographie d’ Holly Woodlawn.

Reno Sweeney c’était la classe avec un grand K. C’était le premier club gay visant les hétéros. En clair le staff était gay et le public était mixte. Un club dans l’air du temps avec la crème du divertissement. L’idée était d’offrir à Bette Midler une scène si jamais elle voulait monter sur les planches. Ceci dit, Bette n’est jamais apparue sur la scène du Reno car elle s’était perdue sur la route, mais c’était élégant de la part de Lewis d’avoir pensé à elle.

Reno se trouvait au sous-sol d’un immeuble sur la 13ème dans le Village en dessous de la sixième avenue. L’atmosphère était intime et on y trouvait un grand piano demi-queue noir sur une scène et de beaux néons fuchsia avec écrit « Paradise Room ». La pièce était propre et très élégante. Je répétais tous les jours avec Lewis jusqu’à ce qu’il ait suffisamment confiance pour me programmer en première partie de Betty Rhodes, une star du cabaret célèbre pour ses imitations de Jacques Brel.
Mon show était très différent des habituels numéros de « drag » car je ne faisais pas de playback. Je ne portais ni soutien-gorge rembourré ni perruque, je ne portais même pas de chaussures ! Je me pointais sur scène pieds nus (j’étais la seule à qui on autorisait ça) avec sur le dos une robe noire moulante et une coiffure à la Joan Crawford surmontée d’une couronne de fruit. Et j’entonnais « Aye Yi Yi Yi Yi » façon Carmen Miranda, suivi d’une routine comique. Je sortais des trucs d’un sac de courses et j’interprétais différents personnages, je me moquais des pubs télé, et surtout je me marrais. Je m’améliorais à chaque fois et je répétais comme une folle.
Un de mes personnages était la princesse Lucianna Mortadella Balonne, une beauté italienne qui faisait la pub de produits de maquillage avec un fort accent. Ça faisait comme ça :
 « Buongiorno, mon nom é Principessa Lucianna Mortadella Balonne (Un savon à la main). Ché rézemblais à une chien avant d’ézayer ce savone. Il est poure à 99%. Le reste cé dé la merrde. Si vous voulez zêtre bella, épouzé oune chirourgien plastique ! »

Mes premières parties au Reno cartonnaient, et je ressortais sous des tonnerres d’applaudissements. Betty Rhodes devait se démerder avec ça, elle l’a elle-même reconnu. Beaucoup de gens partaient après mon numéro alors Betty demanda à ce qu’on intervertisse notre ordre de passage. Et elle devint ma première partie, on n’avait jamais vu ça ! C’était elle la tête d’affiche et elle aurait très bien pu me faire une crise de jalousie, mais elle a été merveilleuse. Après qu’on eut échangé elle en faisait même des blagues sur scène en disant au public : « Bon, je sais que vous êtes venus voir Holly mais je vous promets que je ne resterai pas longtemps ! »
Lewis se réjouissait de mon succès et m’engagea en tête d’affiche. Dallas supervisa les contrats. On négocia un deal en trois temps, 500 dollars la première semaine, 750 la seconde et 1000 la troisième.
Et ce fut un triomphe. Jusque-là on ne m’avait jamais vraiment prise au sérieux, la presse était mauvaise et comme j’étais en drag, les gens ne s’attendaient pas à être émus. Et soudain ils se retrouvaient face à moi comme un effet de miroir déformant, et ça les touchait. Les barrières s’effondraient. Étais-je un garçon ou une fille ? Est-ce que cela avait la moindre importance ?

Les gens étaient surpris d’apprécier une drag queen même si au fond je ne me considérais jamais comme telle. Pour moi ce sont des créatures complètement déshumanisées. Disons qu’ils se retrouvaient en face d’une femme/homme avec qui ils se sentaient étrangement connectés. Ça les surprenait que le show soit si bon, et pourtant je ne chantais pas particulièrement bien, enfin je me démerdais, mais c’était ma personnalité qui les touchait. J’étais une reine un peu pétasse. Ce que je dégageais sur scène était vrai. Ce n’était pas du toc, j’étais moi-même et ça marchait.
Mon show au Reno Sweeney me fit connaître dans le milieu du cabaret. Selon Variety j’étais « un pur délice, une personne totalement scandaleuse. Au Reno Sweeney, accompagnée au piano par Tom Vogt, Holly Woodlawn enchaîne des numéros d’excellence provoquant des applaudissements chaleureux de la part de son public. »
Enfin je trouvais le respect que je méritais et en quelques jours j’étais engagée pour une semaine dans un autre lieu branché qui s’appelait le Trude Hellers. Trude était une femme de pouvoir, qui fumait comme un pompier et qui savait repérer des talents. D’après Corely la seule façon de traiter avec elle c’était avec un .45 et une bouteille de Gin. Mon passage chez elle fut un succès. J’enchaînais les bonnes critiques et tous ceux qui m’avaient toujours snobée commençaient à changer de ton.
Un soir en plein spectacle, j’étais au milieu d’une chanson dans laquelle je décrivais le petit déjeuner que je préparais à mon homme et j’ai été attirée par une silhouette lumineuse au premier rang. C’était Candy, et tout en faisant de mon mieux pour garder le tempo, je pensais : « Mais qu’est-ce qu’elle fait ici ? »

C’était étrange de la voir là car on ne s’était pas parlé depuis des mois. À vrai dire, on s’était vraiment éloignées les unes des autres, Candy, Jackie et moi. Après Women in Revolt nous n’avions plus rien en commun à part le lien que faisait la presse entre Warhol et nous, son trio de travestis. Ils continuaient de nous comparer à des stars des années 40. Candy était la séductrice, la blonde glamour à la Lana Turner, Jackie était la dure façon Joan Crawford et moi la fille facile, la chiquita aux lèvres pulpeuses à mi-chemin entre Phil Silvers et Marlene Dietrich. Ras le bol des clichés, moi je voulais être la nouvelle Hedy Lamarr, un point c’est tout.
D’un point de vue extérieur on était un peu les Andrews Sisters de l’Underground et croyez-moi, j’aurais aimé que ce soit vrai mais en réalité, une fois la superstaritude atteinte, on est devenues concurrentes et on ne pouvait plus se sacquer. Candy vivait perchée sur une autre planète et elle devenait de plus en plus inatteignable, un peu comme le personnage de Norma Desmond.
Jackie c’était l’inverse, de par ses origines modestes (née John Holden dans le trou du cul de l’enfer dans le Lower East Side) et sa langue acérée, elle était insistante et avait la personnalité d’un bulldozer. Elle sentait aussi que son genre nuisait à sa quête de supercélébrité. Elle n’a jamais voulu vraiment devenir une femme mais elle savait qu’elle ne pouvait pas attirer autant l’attention en homme et qu’Andy était fasciné par les travestis.
C’était une bonne à rien qui passait son temps à se pulvériser du parfum bon marché pour cacher son odeur de mâle alors que Candy schlinguait le Chanel. Candy poussait même le vice jusqu’à toujours avoir des tampons dans son sac.

Bref, Miss Darling était là au premier rang, dans toute sa vulnérabilité glamoureuse, et brillant de tous ses éclats. Son aura était saisissante et après le show elle est venue me saluer chaleureusement.
 « Oh Holly, tu étais merveilleuse » me dit-elle avec une voix empruntée à Kim Novak, « j’ai passé un moment merveilleux ».
C’est ça ouais. Qu’est-ce qu’elle attendait de moi encore, je me suis demandé. Candy était habituellement distante et vache, alors excusez-moi si j’ai douté en la voyant toute mielleuse et charmante. Elle et Jackie pouvait lacérer un être humain avec leurs langues de vipères.
Dans notre jeunesse, à chaque fois que nous nous retrouvions toutes les trois en public, je gueulais « Promo sur la chatte ! » à qui voulait l’entendre et Candy se crispait, ne supportant pas ce genre d’attitude.
 « Holly, une femme ne se comporte pas comme ça ! » m’engueulait-elle « Tu es dans le viseur du public maintenant, il faut apprendre à te tenir. Allez ! On rentre l’estomac, on se tient droite. Tu n’es pas juste une star, tu es une superstar ! »
Ça me donnait envie de gerber. Pour qui elle se prenait à me sortir des pseudos dialogues réchauffées de Lana Turner ?
 « Ça va pas la tête ? » Je lui répondais. « Une jolie fille a bien le droit de s’amuser ! »

Ça ne m’étonnait pas que Candy et Jackie aient fini par me fuir. Elles avaient honte de moi et je me sentais coupable d’être ce que j’étais : une alcolo bruyante. Sans parler du fait que je baisais avec tout ce qui tombait entre mes griffes. Alors quand Candy m’a parlé d’une manière si chaleureuse ça m’a d’abord choqué, puis quand j’ai compris que c’était sincère, j’ai fondu. Peut-être qu’on allait redevenir amies.
Le lendemain le téléphone sonna. C’était Corely.
 « Holly » me dit-il « J’ai quelque chose à te dire ».
Je n’aimais vraiment pas le ton de sa voix, il était beaucoup trop sérieux et j’ai compris que quelque chose n’allait pas.
 « Qu’est qu’il y a ? 
– Candy est en train de mourir. »
Je ne sentais plus ma tête et je m’accrochais à sa voix mais ma bouche était ouverte et les larmes commencèrent à couler.
 « Elle a le cancer » reprit Corely « Il lui reste six mois à vivre. » Il ajouta qu’elle était hospitalisée à Mother Cabrini et qu’elle était venue me voir contre l’avis de son médecin. Je me suis effondrée. Je me sentais tellement mal pour elle. C’était une égoïste snobinarde mais c’était avant tout ma sœur. On avait toujours été là l’une pour l’autre… surtout quand elle avait besoin d’un truc cette pute. Bon d’accord, j’en étais venue à la détester. Et pourtant cela me touchait profondément. Après avoir raccroché j’ai immédiatement appelé Curtis pour lui apprendre la terrible nouvelle.

Candy sortît de l’hôpital peu de temps après et on avait l’impression qu’elle allait mieux. Je la croisais de temps en temps dans des soirées, je la voyais assise et assiégée par ses fans. Je la saluais toujours en souriant mais invariablement elle me regardait de haut avec l’air de dire « mais comment elle est rentrée celle-là ? » Miss Darling me voyait toujours comme une allumée alcoolique et n’arrivait pas bien à se faire à l’idée que j’étais sortie du caniveau et que ma carrière se portait très bien.
Pour Curtis par contre ça n’allait pas fort. Elle cherchait désespérément à faire son comeback en se bourrant de speed et en siphonnant ses allocs.
 « Tu ne peux pas monter sur scène pieds nus ! » me dit un soir Bill Corely.
 « Et pourquoi donc ? Les Païens le faisaient bien !
– Les Païens étaient jetés aux lions !
– Les gens qui viennent me voir se foutent bien de savoir si j’ai des chaussures ou non ! » Répondis-je en tentant de le raisonner.
 « Avec ta robe à 3000 dollars et ton visage de star il te faut des chaussures assorties ! »
Fin de l’argument.

On se serait cru en plein âge d’or d’Hollywood et j’étais la starlette qu’on raisonne pour en faire une star. J’avais beau être drôle, mon numéro partait dans tous les sens. Je buvais toujours énormément avant de monter sur scène et j’adorais ça mais comme on me faisait de plus en plus de propositions il fallait que je me professionnalise. J’étais un diamant brut mais si je voulais vraiment devenir une artiste de cabaret, j’allais devoir me mettre sérieusement au travail.
Et Corely m’encouragea dans cette voie. Il voulait que je sois sans défauts, comme un mannequin dans la vitrine de Bendel. Ces mannequins au maintien parfait, au regard hautain, qui lui avaient inspiré la chanson « I Want To Be Airbrushed ».
Dans mon nouveau numéro je commençais donc en posant comme une mannequin tournant sur une petite table tournante, avec une machine à bulles dans mon dos qui marchait à plein régime pendant l’intro. Je tournais sur moi-même comme un vinyl en prenant la pose et en chantonnant « I Want To Be Airbrushed ». Impossible de faire ça avec un cocktail dans le moteur. J’avais bien changé !

Et c’est Robert Palmer du New York Times qui écrivit : « Holly Woodlawn, qui en est à sa deuxième semaine sur trois chez Reno Sweeney, ajoute une nouvelle dimension à son énigme sexuelle. Il ou elle est absolument merveilleuse et indéniablement talentueuse ».
Womens Wear Daily ajouta : « Holly Woodlawn est un talent unique, son nouveau numéro au Reno Sweeney est stupéfiant. Quand elle chante, sa voix et son sens du rythme sont impeccables et ses sketches entre les morceaux (écrits par Lenny Dean) sont la crème de la crème de l’humour ».
On commença à parler de moi dans le milieu et je fus programmée à Philadelphie, Chicago et Boston. Mais pour être franche, aucun club n’a jamais dépassé Reno Sweeney dans mon cœur, c’était magique.

Des gens de tous les horizons venaient au Reno. L’ambiance était select et le dress code très rigoureux. Qui que vous soyez, il ne fallait pas espérer rentrer si vous n’étiez pas sur votre trente-et-un. On y refusait aussi les paparazzi pour attirer les célébrités et qu’elles se sentent à l’aise. On savait apprécier le luxe et le lieu grouillait de personnalités. Lou Reed avait l’habitude de venir à mes premiers shows quand je finissais mon numéro par « Perfect Day ». Andy, lui, se pointait avec Candy et Bob Colacello ; Jackie avec Rita Redd ; Barry Manilow avec Bette Midler. Un jour David Bowie nous a ramené Mick Jagger. Et j’oublie Jackie Onassis, Faye Dunaway, Lauren Bacall, Ethel Merman, Rock Hudson. Avec des noms comme ceux-là en face de vous, il FALLAIT être bonne.
Il y avait toujours de l’électricité dans l’air au Reno. Je n’oublierai jamais la nuit où il fut dévalisé. C’était après le show du soir et Bill Corely, Robert Richards (le sensationnel illustrateur de mode), Baby Jane Dexter (la divine chanteuse), Peter Allen (le brillant interprète) et moi (toutes ces qualités combinées) venions de terminer nos cocktails. En poussant la porte pour sortir on nous força à rentrer en nous menaçant avec des armes. Les cambrioleurs étaient trois, deux hommes et une naine lesbienne du nom de Stubby.
 « Tous à la cuisine sans discuter ! » annonça Stubby en montrant la direction avec son .45 et en mâchouillant son cigare. C’était clairement le cerveau de l’affaire, et elle ordonna à ses sbires de nous ligoter.
 « Tirez pas ! Tirez pas ! » cria Judith qui continua de manière chevaleresque : « Si vous devez tuer quelqu’un tuez-moi, moi ! Eux, ce sont des artistes ! »
« – Ferme ta gueule Judith » envoya Robert Richards, « Ne leur donne pas l’idée de tirer sur l’un d’entre nous tu seras gentille ! »

On avait affaire à une bande de crétins, ils ne savaient pas que toute la recette était partie dans un camion blindé des heures avant leur arrivée. On essaya de le leur dire mais Stubby ne lâchait rien et elle fouilla pendant presque une heure le moindre recoin du club.
Heureusement pour nous, Eliot Hubbard, le promoteur du club, entendit ce qui se passait depuis la backroom et prit la fuite. Il arriva avec la police peu de temps après le départ de la fine équipe.
C’était généralement vers cette heure-là que chaque soir les serveurs débriefaient sur qui était qui et qui avait fait quoi avec qui. La nuit où Mick Jagger et Bowie vinrent au club ils s’installèrent à une table du fond. Ils étaient trop mignons ensemble, polis et courtois. Ils commandèrent deux bouteilles de Dom Pérignon – ce qui, entre parenthèses, coûtait 110 balles la bouteille – et en offrirent une aux serveurs. Ils étaient adorables !
De temps en temps on voyait aussi Liza Minnelli et Ben Vereen. Un soir, Liza, qui jouait dans The Act à Broadway, passa pour voir le show du soir. Elle était vraiment gracieuse et quand Lewis l’invita à monter sur scène pour chanter un morceau, elle s’exécuta et fit même un set complet ! Elle enchaînait un morceau après l’autre et c’était fabuleux à regarder. Elle se comportait avec nous comme une vieille copine. Et puis il y avait la Merm’, Ethel Merman, qui se pointa un soir avec deux jeunes mecs en costumes blancs, et pendant qu’elle paradait dans le club, son chauffeur s’approcha de mon copain Philip (qui avait quitté Max pour venir bosser au Reno) et lui demanda : « Le vin de Miss Merman est dans mon coffre… Est-ce que vous accepteriez que je le lui apporte ? »

A-t-on jamais apporté son propre vin dans un bar ? Philip se dit qu’il devait s’agir d’une bouteille excessivement rare et chère et demanda l’autorisation à Lewis Friedman. Lewis lui répondit que comme l’endroit devait son nom à son rôle dans Anything Goes, elle avait le droit de faire absolument ce qu’elle voulait.
Ethel était donc assise tranquille à siroter un gaspacho quand son chauffeur lui apporta sa bouteille d’Amalden à 5 dollars et elle commença à se bourrer la gueule. Au milieu d’une conversation elle leva sa cuillère en l’air et la pointa en direction d’un de ses deux mecs, éclaboussant de gaspacho son joli costume blanc. Vous voyez l’effet de la vinasse à 5 dollars sur un être humain ?

Pendant les performances il n’y avait pas un bruit. Si quelqu’un faisait ne serait-ce que murmurer, Philip intervenait. Ça me rappelle la fois où Eartha Kitt a failli se faire foutre dehors. Elle devait probablement siphonner le même carburant qu’Ethel car elle parla si fort que Lewis Friedman fit une annonce au micro : « Mesdames et Messieurs, nous allons faire une courte pause pour laisser le temps à Eartha Kitt de finir sa conversation et de retrouver ses bonnes manières. »
Mais Eartha et Ethel n’ont pas été les seules à faire des scènes. Un soir, Richard Chamberlain fit un esclandre parce qu’il avait dû patienter au bar. Ne tenant plus, il attrapa Philip et lui demanda sèchement quand sa table serait prête, ce à quoi Philip répondit : « Elle sera prête quand elle sera prête.
– Vous savez qui je suis ? lança Chamberlain.
Je sais qui vous étiez, rétorqua calmement Philip. »
Des années plus tard, quand le club fut racheté par Lewis Friedman, Rock Hudson venait le samedi soir avec ses jeunes amants. Et à chaque fois ils cherchaient la merde. Les mecs de Rock allaient toujours taper de la coke à l’étage avant de venir sagement s’asseoir à côté de lui. Et dès qu’ils en trouvaient l’occasion, ils se battaient avec le premier venu.

Vous pouviez être célèbre ou avoir tout l’argent du monde, ça ne changeait rien au Reno si vous n’aviez pas la classe. Et ça, certains sont nés avec, d’autres sans. Ça ne s’achète pas. Un soir un mec et sa copine essayèrent de rentrer en force sans avoir réservé. Philip leur expliqua poliment qu’il n’y avait pas de tables de libre. L’homme imagina qu’il allait s’en sortir à coups de biffetons et agita un billet de vingt sous son nez en lui demandant : « Et avec ça, j’aurais droit à quoi ? ». Philip prit le billet, le glissa dans sa poche et répondit : « Pas grand-chose ».

Traduction française de Charles Bosson, Sugar Deli et Pierre Maillet

Chapitre 16 d’ A Low Life In High Heels
The Holly Woodlawn Story

Autobiographie inédite en France de Holly Woodlawn
 (écrite en collaboration avec Jeffrey Copeland)

Avec l’aimable autorisation de Pierre Maillet, Charles Bosson et Sugar Deli – Ce texte a servi de base au spectacle One Night With Holly Woodlawn ? de Pierre MailletHoward Hughes, Billy Jet Pilot, Luca Fiorello et Thomas Nicolle. En tournée la saison prochaine.

Crédit photo © DR et © Tristan Jeanne-Valès

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