Être solidaires

Le SNMS, par la voix de Guy-Pierre Couleau, son président est solidaire de tous les artistes.

C’est ce maître mot qui guide les actions du SNMS envers les metteur.e.s en scène et les artistes. Dès le début des mesures de distanciation sociale, le conseil d’administration du SNMS a décidé de faire un état des lieux des annulations et empêchements de travail pour les metteur.e.s en scène. La semaine dernière, une enquête a été diffusée par notre syndicat sur les réseaux sociaux. Nous avons reçu spontanément beaucoup de réponses qui nous donnent déjà un aperçu assez clair des préjudices à venir. Ces données chiffrées nous serviront à faire remonter aux tutelles l’ensemble des dommages causés par cette crise sanitaire. Voici le lien pour accéder à notre enquête :

https://framaforms.org/appel-aux-metteurs-en-scene-crise-coronavirus-1584204211

Parallèlement à cette première mesure, nous avons aussi proposé aux metteur.e.s en scène qui pour des raisons d’âge, de santé, ou autre, ont besoin d’une aide spécifique (courses…), de nous le signaler. Nous chercherons alors parmi nos adhérents ceux qui sont les plus proches d’eux géographiquement et ont la possibilité de les aider. Et enfin, nous avons mis à disposition une liste des aides existantes auprès de plusieurs institutions : AUDIENS, SACD, ADAMI. Nous proposons d’aider les personnes à contacter ces organismes. Voici les premières mesures que notre Snms a mis en place et nous diffusons presque tous les jours sur les réseaux sociaux des informations professionnelles qui pourront intéresser nos métiers.

Shakespeare aurait écrit son Roi Lear autour de 1603-1606, durant l’épidémie de peste de Londres. Il est certain que cette période de probable distanciation sociale lui a inspiré non seulement un chef d’œuvre mais encore une réflexion sur le legs, sur la façon dont on peut faire don au futur de ce qui gouverne le présent. Comment transmettre ce que nous avons construit ? Comment nos enfants peuvent-ils continuer de faire vivre notre œuvre ? Cette dimension du partage est passionnante dans la pièce, et ceci par rapport à notre propre situation. Que ferons nous demain, lorsqu’au sortir de cette crise, il nous faudra penser un autre modèle de société ? Comment nos enfants pourront-ils s’approprier un monde établi sur l’exploitation irraisonnée des ressources naturelles et un irrespect de la terre ? Comment les générations qui nous suivent voudront-elles poursuivre cette immense course au profit, aveugle et inconséquente, dans laquelle nous nous sommes lancés? Pourquoi nos suivants souhaiteraient-ils faire perdurer les guerres, les ravages, les esclavages, les spoliations de toutes sortes, tout ceci que nous supportons au quotidien ? Comment ceux qui viendront après nous accepteraient-ils nos atteintes constantes aux droits humains ? Mais plutôt que de donner à nos enfants cette immense responsabilité, ne pouvons-nous pas faire ce travail nous-mêmes ? Ne nous est-il vraiment pas possible, d’ici quelques mois, quelques années seulement, de faire cesser l’inacceptable ? Le moment n’est-il pas venu à présent de construire un monde meilleur pour demain ? Voici les derniers mots de la pièce King Lear :

« EDGAR. – Au fardeau de ces tristes jours nous devons faire allégeance. 
Parlons selon nos cœurs et non la bienséance ! 
Les plus vieux ont le plus souffert. Nous les cadets, 
Jamais n’en verrons tant, ni ne vivrons tant d’années.

Guy-Pierre Couleau
Metteur en scène
Président du Syndicat National des Metteurs en Scène
Mars 2020


Traduction : Yves Bonnefoy

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